Nombre de personnes ont pris cette habitude complètement erronée de penser que Lounis Aït-Menguellet ne s'occupe que da la chanson et que son monde aussi vaste soit-il ne peut être que celui des mélodies et de la poésie. Pardi ! Ne s'agit-il pas d'une grande offense pour la culture et la pensée contemporaine que de penser qu'un grand homme de culture comme lui se résume uniquement à la composition musicale et textuelle ? Si ce n'est pas le cas, c'est que nous sommes incapables de saisir la dimension menguelletienne dans toute sa grandeur. La preuve ? C'est que le maître de la chanson algérienne n'a jamais été considéré comme une star ou une célébrité, dès lors qu'il a été toujours appréhendé comme étant un courant philosophique et de pensée contemporain. C'est cet amalgame de sciences qui a fait de Lounis Aït-Menguellet un repère culturel et civilisationnel incontournable de l'Algérie, n'en déplaise à ceux atteints d'une myopie culturelle aiguë ou d'une allergie chronique à la vérité. Mais ces tenants de la médiocrité peuvent-ils en être autrement. A vrai dire, il ne ne leur reste qu'à se morfondre dans leur seul et unique trouvaille : le bruitage. C'est, ainsi, que Lounis Aït-Menguellet a été, naturellement, amené à ciseler encore plus son verbe, lui donnant une forme original et moins fantasmagorique en enjambant le ruisseau de l'oralité afin d'atteindre le champ de l'écriture où il a semé des mots qui ont donné comme fruits des textes sublimes qui, au lieu, d'étancher notre soif, ne fait que l'accentuer pour en avoir encore plus. Oui bien sûr. Car, c'est un fait avéré que celui qui goûte au nectar menguelletien ne peut s'en passer. Cette passerelle jetée entre le champ de l'oralité et celui de l'écriture a été concrétisée par un mensuel culturel intitulé… Passerelles. Il s'agit d'une revue de haute facture riche en informations, en reportages et autres entretiens de haute de facture qui est proposée pendant trois ans. Une revue fondée par Lounis Aït-Menguellet et un groupe de personnes férues de la chose culturelle. Si certains la décrivent comme un bouillon de culture, d'autres la voient comme étant un velouté de culture. En tout cas les deux ont un dénominateur commun : il s'agit d'un produit très riche et consistant pour «l'alimentation cervicale». En effet, la revue Passerelles est un enclos où la culture algérienne est jalousement protégée contre les braconniers des temps modernes. Les lecteurs peuvent se délecter en suivant Lounis Aït-Menguellet dans ses textes tout en découvrant une de ses facettes qu'est le journaliste. Lire ses articles est une merveilleuse aventure, dès lors que le sens – ou les sens – de ses mots vogue librement ne connaissant ni contrainte ni restriction. C'est un monde infini qu'a réussi à dompter Lounis Aït-Menguellet en quelques lignes. Aussi, éditée par MKP, la revue Passerelles est - sans jeu de mots aucun -une véritable passerelle entre un monde qu'on essaie de nous imposer à coup de violence et d'idéologies rébarbatives que nous vivons quotidiennement et un monde sublime et naturel dans lequel foisonnent et cohabitent différentes cultures : l'Algérie profonde. En outre, ce monde-là a été de tout temps véhiculé dans les poèmes de notre ciseleur du verbe. Et pour ceux qui voulaient que ces œuvres soient traduites à l'arabe, Saâdouni Belkacem s'en est chargé de le faire. En effet, la maison d'édition MKP a édité et mis sur le marché un livre intitulé Poésie et Pensée, de 1967 à 2007, un livre regroupant tous les poèmes de Lounis Aït-Menguellet, depuis ses débuts dans la chanson jusqu'à sa dernière production, et ce, en kabyle et en arabe. En somme, c'est le début consacré de l'universalisme de l'œuvre de Lounis Aït-Menguellet, dans la mesure où la magie du verbe menguellatien garde toujours de sa verve même en étant traduit.