Des pourparlers étaient prévus tout le week-end au Congrès américain sur le plan de sauvetage des banques, tandis qu'en Europe les autorités belges et néerlandaises se mobilisaient pour le groupe de banque-assurance Fortis, malmené par des rumeurs d'insolvabilité. Evènement La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a assuré que le Congrès américain -- qui aurait dû interrompre ses sessions vendredi jusqu'à la présidentielle du 4 novembre -- travaillerait «tout le week-end» pour parvenir à un accord sur le plan bancaire. «Il n'y pas de raisons» de ne pas réussir avant la réouverture des marchés, lundi, a estimé le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid. Wall Street a paru reprendre espoir, le Dow Jones ayant clôturé en hausse de 1,10% vendredi. Des démocrates ont accusé les républicains d'être responsables de l'impasse pour avoir déposé un contre-projet, appelant à économiser l'argent du contribuable. Lors de leur premier débat télévisé, vendredi, les candidats à la présidentielle John McCain et Barack Obama ont dit soutenir le plan gouvernemental prévoyant le déblocage de 700 milliards de dollars pour éponger les créances douteuses des banques dans l'immobilier. Mais le démocrate Obama a été très offensif, estimant que la crise actuelle résultait de «huit ans de politiques ratées de George W. Bush», notamment d'une déréglementation effrénée ayant bénéficié aux couches favorisées. Le candidat républicain a dénoncé, lui, la «cupidité» sévissant à Wall Street, demandant la tête du patron de la SEC, l'organe de surveillance des marchés, en estimant que les organismes de régulation «n'ont pas fait leur travail». Dans ce contexte tendu, le président Bush est intervenu vendredi lors d'une allocution retransmise par les télévisions. «Nous devons agir rapidement», a-t-il plaidé. La banque de dépôts Washington Mutual, fermée jeudi soir et dont les activités viables ont été reprises par JPMorgan Chase, a été le plus récent des grands noms de la finance américaine à succomber à la crise en moins de deux semaines, après les banques Lehman Brothers et Merrill Lynch et l'assureur AIG. Et les experts se demandent quel sera le prochain domino financier à tomber. Le titre du grand groupe bancaire et d'assurance belgo-néerlandais Fortis a plongé de 21% vendredi à Amsterdam, à la suite de rumeurs, démenties par sa direction, de problèmes de solvabilité. L'annonce d'une vente d'actifs pour 5 à 10 milliards d'euros n'a pas convaincu les marchés. Signe de l'inquiétude régnant en Europe, les gouvernements des deux pays et les autorités de supervision financière menaient, samedi, d'intenses consultations sur ce dossier. Le ministre des Finances néerlandais, Wouter Bos, est «en contact régulier» avec son homologue belge, Didier Reynders, et les autorités bancaires néerlandaises sont «en relation étroite» avec leurs homologues belges au sujet de Fortis, selon un porte-parole néerlandais. Le porte-parole n'a «ni confirmé ni démenti» des rumeurs sur la tenue d'une réunion de crise entre les deux ministres et le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Vendredi, M. Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, avait souhaité un accord aux Etats-Unis «le plus vite possible», soulignant que les «banques européennes souffrent de cette incertitude». Un scénario envisagé serait le rachat de Fortis par un autre groupe européen, a affirmé samedi le journal belge De Tijd en citant la française BNP Paribas, la néerlandaise ING, l'espagnole Santander (déjà actionnaire de Fortis), l'allemande Deutsche Bank ou la britannique HSBC. La crise a déjà un impact, aussi, sur la croissance mondiale: Les Etats-Unis ont réduit leurs chiffres pour le deuxième trimestre à 2,8% sur un an et l'Allemagne va devoir «nettement réviser à la baisse» ses prévisions pour 2009, a indiqué samedi le ministre de l'Economie Michael Glos.