PAR Lyès Bensid Regards perplexes, figures blafardes et visages hagards, dans tous les recoins de la planète on appréhende la crise avec inquiétude. Une crise multidimensionnelle et multiforme qui semble s'être installée et qui n'est pas prête à être évacuée de sitôt.Les tenants du capitalisme financier semblent s'être embourbés dans un gouffre sans issue. Des pourparlers étaient prévus tout le week-end au Congrès américain sur le plan de sauvetage des banques, tandis qu'en Europe, les autorités belges et néerlandaises se mobilisaient pour le groupe de banque-assurance Fortis, malmené par des rumeurs d'insolvabilité.La crise des crédits hypothécaires américains n'aura pas eu des effets néfastes sur le seul secteur bancaire. Les subprimes auront entraîné dans leur sillage une hausse sans précédent des produits de base enfonçant encore plus le clou de la pauvreté. La crise aura d'ailleurs figuré en bonne place des pourparlers à l'Assemblée générale de l'ONU. Aussi, gouvernements, fondations, entreprises et société civile ont promis collectivement près de 16 milliards de dollars supplémentaires de contributions aux divers aspects de la lutte contre la pauvreté dans le monde, lors d'un sommet à l'ONU.En Algérie, ce n'est que maintenant que l'on s'inquiète des possibles implications de la crise. Même si les autorités monétaires se veulent rassurantes, il n'en demeure pas moins que l'ampleur que prennent les subprimes donne de bonnes raisons de s'inquiéter. Certes, notre système n'est pour le moment pas exposé aux risques induits par la crise. Je consens également à dire que la gestion prudente des changes aura permis d'éviter le pire. Il en reste, néanmoins, que le spectre d'une récession spectaculaire plane et avec une baisse drastique des cours du baril et une dévaluation sans précédent du dollar nous menacent. N'oublions pas que l'Algérie pâtit des tares d'une économie monexportatrice. Mais passons. Pour l'heure, le simple citoyen vit sa propre crise. L'arrivée en grandes pompes du Ramadhan ayant entamé son modeste budget et la rentrée scolaire l'ayant bien amaigri, c'est maintenant au tour des fêtes de l'Aïd el-Fitr de lui porter le coup de grâce et de finir par l'achever. Regards perplexes, figures blafardes et visages hagards, on les voit bien, ces pères de famille déambuler dans les marchés et autres magasins comme des badauds ne sachant que faire.