La gestion des catastrophes naturelles a été au centre d'un débat ,hier, au Centre de presse d'El-Moudjahid, regroupant des experts, des spécialistes et des responsables de ministères au vu de la catastrophe qui a secoué Ghardaïa. Le chef du gouvernement, animant une conférence de presse avant- hier à Alger, a reconnu que les plans stratégiques et les programmes d'équipements connaissent un retard, et de souligner que la bande littorale, supportant la majorité de la population est située dans une zone sismique de catégorie 2 et que des études du sol sont régulièrement faites. De leur côté, les experts et spécialistes ont souligné la minimisation de l'importance de leurs études en plus de l'absence d'un mécanisme de prise en compte effective de ces études, et leurs conclusions en vue de se prémunir de ce type de catastrophes naturelles. Pour sa part, l'experte du laboratoire des études maritimes (LEM) concluant son exposé soutenu par une projection visuelle pertinente sur les risques de crues des oueds à Ghardaia, a déclaré que «je savais qu'un jour, cela arriverait». Des propos qui renseignent sur la nécessité et l'urgence de l'implication plus effective des experts dans la gestion locale touchant à l'urbanisme, l'aménagement et de surcroît l'assainissement en vue de minimiser aux maximum les pertes en vies humaines et les degâts matériels. «De Guelma à Oran, nous sommes assis sur une bombe, et les inondations et séismes guettent plusieurs régions du pays», avait soutenu le chef du gouvernement. Indiquant qu'au niveau local «quand bien même, il y a des incompétences en charge de ces questions du fait des liens familiers ou autres», selon les dires de l'expert de LEM, celui-ci lance un appel à la «la promotion des compétences et à l'esprit de responsabilité» au niveau local. Ce qui n'a pas manqué, par ailleurs, à M. Ait Amara, du département de M. Sellal, de mettre en lumière la digue N°1 réalisée à Ghardaïa qui «a retenu 20 millions de m3 d'eau», ajoutant que «je vous assure que la catastrophe aurait été plus grande». Il est à noter que les experts présents des différents centres de recherche dont celui du CRAG ont rappelé les précipitations qu'a connu Ghardaïa en novembre 1980, où durant quatre jours, 100 mm d'eau sont tombés, et celles du 29 septembre au 2 octobre de l'année 1994, causant d'importants dégâts… Autres éléments évoqués par le représentant du département de M. Sellal, ce sont les retards accumulés dans la traduction de bon nombre de plans, selon les études élaborées sur certaines zones à risques, et la décennie noire que l'Algérie a traversé. L'autre registre, qui n'a pas manqué d'être au cœur des interventions des experts, a trait aux lois en vigueur liées à ces questions , de prévention et de gestion des risques naturels majeurs. Même si les différents intervenants ont reconnu que des progrès ont été réalisés au lendemain du séisme de Chlef en passant par les inondations de Bab El-Oued et le séisme de Boumerdès, il n'en demeure pas moins que le non-respect et la non-application de ces lois ouvrent la voie «à une urbanisation anarchique et le laisser-aller». A cela vient s'ajouter qu'au vu des études et des leçons à retenir des précédentes catastrophes naturelles dont celle de Ghardaïa, et de surcroît les risques futurs, il a été toutefois question de «consolider» la législation dans ce domaine. Et aux experts de conclure, dont le responsable du CRAG, qu'il faut aller vers la mise en place d'un organisme national de prévention des risques naturels majeurs, et aux pouvoirs publics d'y répondre…