Le secteur de l'agro-industrie en Algérie est pratiquement déconnecté de l'amont agricole. De plus, sa contribution dans le développement agricole reste très maigre avec seulement 30%, se basant essentiellement sur l'importation de matières premières. C'est ce qu'a laissé entendre, hier, Réda Hamiani président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), en marge d'une rencontre organisé à l'occasion de la tenue du Salon international de l'agriculture «Filaha», qui aura lieu du 27 au 30 octobre courant, une rencontre qui vise à coordonner le secteur de l'agriculture avec celui de l'industrie. Pour M. Hamiani, le secteur de l'agro-alimentaire se dirige de plus en plus vers l'extérieur. En effet, les industriels de l'agro-alimentaire, au lieu de transformer les produits locaux, versent dans l'importation, a-t-il noté, tout en insistant pour que «les agriculteurs, les responsables et les chefs des entreprises de l'agro-industrie apprennent à travailler ensemble». Dans ce registre, le président du FCE a affirmé que son organisation ambitionne d'«organiser des rencontres professionnelles pour asseoir une collaboration fructueuse entre le secteur agricole et celui de l'agro-industrie. Car, il est nécessaire que les deux secteurs soient intégrés». Dans le même sillage, l'intervenant a regretté l'augmentation du volume total des importations qui ont atteint les 30% pour les 9 mois de l'année 2008 par rapport à l'année dernière. Il dit, à ce sujet, que c'est un fait préoccupant que «notre économie fonctionne de cette façon», tout en établissant un constat amer : «notre industrie locale est malade». Pour remédier à cette situation, il est nécessaire, selon lui, de prendre les initiatives et dégager une stratégie nationale pour alléger la facture alimentaire et les besoins de ce pays. Toujours dans le même ordre d'idées, il a ajouté que «notre pays fonctionne par le biais de l'importation. Nous avons pris l'habitude de ne se consacrer qu'à l'importation ; ce qui est grave pour notre économie. Nous devons assurer un minimum de production. Le libéralisme ne signifie pas la porte ouverte à toutes les importations». De son côté, Amine Bensemmane, président du Salon Filaha, a déclaré que cette manifestation économique est organisée avec le groupe professionnel «Filaha Innove». Créé en 2007, ce groupe de réflexion a travaillé sur plusieurs questions, entre autres, la production et sa relation avec le secteur de l'agro-industriel. Il ressort, selon le même responsable, que le secteur contribue entre 20 et 25% au PIB, dont 12% est la contribution de l'agriculture et 3 à 5% celle de l'industrie. Aussi, le secteur assure plus de 30% de l'occupation totale dont 25% dans l'agriculture. Selon le même responsable, le secteur de l'agro-industriel est pénalisé par une absence de stratégie globale et de cohérence, comme il est, également, pénalisé par l'absence de régulation du marché. S'agissant du Salon, il est prévu de regrouper, à cette occasion, 150 sociétés et plus de 10 000 visiteurs professionnels et spécialistes du secteur agricole et de l'agro-industriel. Placé sous le patronage du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, cette 3e édition de Filaha, qui se tiendra à la Safex, sera une nouvelle occasion de promouvoir le secteur de l'agriculture et celui de l'agro-industriel et d'encourager les promoteurs des filières agricoles à l'investissement dans ce secteur, ce qui permettra aux entreprises de gagner des parts de marché et de s'ouvrir aux nouvelles technologies.