L'industrie agroalimentaire et l'agriculture devraient travailler ensemble pour réduire la facture alimentaire. Cette recommandation a souvent été évoquée, mais elle est restée au stade de vœu pieux. Peu d'opérateurs de l'industrie de la transformation des produits agricoles sollicitent les agriculteurs locaux pour s'approvisionner en matières premières ; ils choisissent la solution de facilité qui consiste à importer. Les participants au séminaire organisé hier par le groupe de réflexion Filaha Innove, en collaboration avec le Forum des chefs d'entreprises (FCE), étaient unanimes à considérer que cette situation ne peut plus durer. La facture alimentaire prend des proportions telles qu'elle devrait donner à réfléchir à l'ensemble des acteurs qui interviennent dans les secteurs concernés, à savoir l'agriculture et la filière agroalimentaire. « On s'est rendu compte que l'agro-industrie était dans de grandes proportions déconnectée du monde agricole. Il faut que la transformation des produits se fasse à partir des productions locales et non importées. On peut faire de la purée avec de la pomme de terre produite ici. Il en est de même pour le concentré de tomates, le lait », affirme Réda Hamiani, président du FCE. Cet homme d'affaires aguerri estime que le potentiel existe et que plusieurs opportunités s'offrent aux agriculteurs et aux industriels spécialisés dans la transformation de produits agricoles. « Nous avons des usines fermées dans l'Est, notamment à Annaba et Constantine, alors qu'on importe du concentré de tomates de Chine, de Turquie et de Tunisie. Les agriculteurs et les industriels doivent apprendre à travailler ensemble. Il faut qu'il y ait une complémentarité entre eux. Il faut que les industriels fassent l'effort de chercher au niveau local les matières premières », a-t-il souligné. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a pour sa part indiqué que les pouvoirs publics encouragent, à travers la politique du renouveau de l'économie agricole, ce genre d'initiative. Des mécanismes sont mis en place pour accompagner les investissements dans ce domaine, a-t-il ajouté. Les acteurs concernés ont soulevé de leur côté les difficultés qu'ils rencontrent dans leurs activités respectives. Ainsi, le président du directoire de la Société de gestion des participations Productions animales (SGP Proda), Kamel Chadi, a relevé qu'il existe un déficit important en matière de capacités de stockage, qui est un élément de logistique nécessaire pour faire la jonction entre l'agriculture et l'industrie agroalimentaire. Ce déficit s'est fait sentir au moment de la crise de la pomme de terre, a-t-il mentionné. « Il y a des régions où la production agricole est importante, mais où il y a une absence totale d'infrastructures du froid », a-t-il indiqué. Les capacités de stockage de l'Algérie sont de moins de 2 millions de mètres cubes, dont 30% sont à réhabiliter, alors que la norme recommandée par l'organisation onusienne est de 5 millions de mètres cubes. Dans ce contexte, l'orateur a plaidé pour la mise en place de pôles d'activités intégrées. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Sid Ahmed Ferroukhi, a abondé dans le même sens en faisant savoir que la nouvelle approche de son département repose sur le développement d'activités territoriales. Pour ce faire, il estime que « l'acteur doit être formé, pas au sens académique, mais au sens professionnel ». « L'agriculteur doit aller vers le financement moderne. C'est pour cela que nous avons lancé le crédit Rfig », a-t-il souligné.