Après Fortis et Dexia, l'Etat belge va renflouer, à hauteur de 3,5 milliards d'euros, la KBC, seule grande banque du pays à n'avoir pas encore eu besoin d'aide, avec la volonté claire de limiter les conséquences de la crise financière sur l'économie réelle. «C'est, plutôt, une mesure préventive» a commenté, lundi, le ministre belge des Finances, Didier Reynders, assurant qu'il n'y a «pas de problème de liquidité chez KBC», ce que l'intéressée martèle, d'ailleurs, depuis plusieurs jours. Mais l'action de la banque est malmenée en bourse depuis quelques semaines : le titre perdait, encore, plus de 8%, à 24,51 euros lundi, à la mi-journée, soit environ le quart de sa valeur d'il y a un an. KBC a annoncé, lundi, qu'elle émettrait «3,5 milliards d'euros de titres à l'intention de l'Etat belge», dans un communiqué : 2,25 milliards d'euros renforceront l'activité bancaire, 1,25 milliard d'euros seront affectés à l'assurance. Les titres émis seront sans droit de vote, mais assortis d'un intérêt annuel élevé (8,5%). L'Etat belge obtient, aussi, deux représentants au conseil d'administration de KBC, un droit de veto sur certaines décisions et des garanties sur les rémunérations et les bonus des dirigeants. «Après la KBC, je pense que nous avons fait le tour des institutions financières en Belgique», même si «nous restons vigilants», a noté Didier Reynders. Ces dernières semaines, l'Etat belge a renfloué les banques belgo-néerlandaise Fortis et franco-belge Dexia, en association avec les autres gouvernements concernés, ainsi que l'assureur belge Ethias, mobilisant au total - KBC compris - 19,7 milliards d'euros. KBC semblait, jusqu'ici, mieux résister que ses concurrentes à la crise financière car, outre sa forte présence en Flandre (nord de la Belgique), elle s'est concentrée sur les marchés d'Europe centrale. Mais ceux-ci sont rattrapés, brutalement, par la crise financière, à l'image de la Hongrie à qui le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne viennent de promettre des aides substantielles. Cette situation «a sûrement eu un impact» pour KBC, selon Ton Gietman, analyste auprès de la banque d'affaires Petercam. «Mais la première, deuxième et troisième raison pour laquelle la société a besoin d'une injection de capital, c'est que tous les autres ont déjà eu une injection de capital. Et on a relevé,ces dernières semaines, les normes de capitalisation» pour les banques, a-t-il jugé. Pour l'Etat belge, «la volonté c'est de protéger l'épargne et, à travers l'épargne, le financement des entreprises et des particuliers», a expliqué, de son côté, Didier Reynders, estimant que maintenir les crédits risquait d'être «le principal problème dans les prochaines semaines». «Les conditions attachées aux crédits sont devenues plus fermes», a reconnu le patron de KBC, André Bergen, en faisant néanmoins valoir que les banques étaient accusées de s'être montrées trop «laxistes» dans le passé et d'avoir, ainsi, provoqué la crise. La question sera abordée lors d'un «mini-sommet» des responsables belges, prévu le 5 novembre, pour prendre des mesures de soutien économique. «On est à un fil d'une crise économique grave» avait prévenu, récemment, le Premier ministre Yves Leterme. «Les problèmes de liquidités pour les banques vont se transformer en difficultés pour les entreprises, les PME, les indépendants, l'activité économique en général...» Le mini-sommet belge interviendra deux jours avant un sommet de l'UE, le 7 novembre à Bruxelles, pour discuter des conséquences de la crise financière, lui-même destiné à préparer le sommet des dirigeants des pays industrialisés et des grandes économies émergentes (G20) prévu le 15 aux Etats-Unis.