Synthèse de Badiaa Amarni La crise financière fait encore parler d'elle. Les regards du monde entier, surtout ceux des banquiers et des experts du domaine, sont braqués sur elle et suivent ses moindres détails et évolutions. Hier encore, après l'aide apportée à l'assureur AIG par la Fed et le rachat par Barclay d'une partie des actifs de Lehman Brothers, c'était au tour de la banque britannique HBOS d'être la nouvelle victime de cette crise ; elle pourrait être rachetée par Lloyds TSB, sa rivale. HBOS, dont le cours de Bourse a connu un effondrement depuis le début de la semaine, a donné la confirmation selon laquelle des discussions sont menées pour un éventuel rapprochement avec Lloyds TSB. Selon la radiotélévision publique britannique, une fusion des deux groupes pourrait soulever des problèmes en matière de concurrence, mais les autorités seraient prêtes à faire une exception aux règles pour sauver HBOS. Pourtant, HBOS (Groupe bancaire Halifax-Bank of Scotland) était considéré comme l'exemple de sérieux, de solidité et l'une des premières banques du Royaume-Uni. Mais voilà que la crise du crédit a changé le cours des choses. HBOS, devant ses besoins pressants en liquidités et faisant face à un marché immobilier britannique en plein marasme, s'est retrouvée prisonnière d'une effroyable tourmente boursière. La dernière attaque qu'a eu à subir cette banque date du mois de mars lorsque son cours en Bourse a dégringolé de 17% à cause de rumeurs selon lesquelles elle était au bord de la faillite. Malgré les assurances du régulateur du secteur financier britannique, les spéculations ont repris de plus belle suite au dépôt du bilan de Lehman Brothers, lundi dernier. Hier, le cours de cette banque a chuté encore de 52% en début de séance, lui faisant perdre les deux tiers de sa valeur depuis le début de la semaine. HBOS, portée par des espoirs d'être sauvée, regagnait 3,90% à 189,10 pence en milieu de matinée. Pour information, Barclays a annoncé, dans la nuit, l'acquisition de la majeure partie des activités de Lehman Brothers aux Etats-Unis. Il s'agit là, selon les spécialistes, d'«un coup stratégique incroyable». Pour un prix de 250 millions de dollars qui aurait été jugé ridicule il y a à peine quelques mois, Barclays va faire de sa filiale BarCap la troisième banque d'affaires de Wall Street, payant de surcroît 1,5 milliard de dollars pour le siège new-yorkais et deux centres de traitement de données dans le New Jersey. Trois banques belges perdent plus de 8 milliards d'euros en deux jours La Banque centrale américaine, la Fed, qui était restée inflexible dimanche dernier devant les difficultés de Lehman Brothers, a consenti mardi à apporter une aide sans précédent de 85 milliards de dollars à l'assureur AIG pour éviter une crise financière planétaire. En échange de son soutien, l'Etat américain recevra 79,9% du capital d'AIG. L'ensemble des actifs d'AIG, qui se montaient à 1 050 milliards de dollars à la fin juin, seront apportés comme garantie à la banque centrale. Avec cet argent, l'assureur pourra faire face à ses obligations qui avaient gonflé depuis que les grandes agences de notation avaient dégradé sa note lundi. Les premières informations sur l'aide des pouvoirs publics américains à AIG ont fortement contribué à soutenir la Bourse de New York et, par ricochet, d'autres places financières. Devant la crise que traverse AIG, des centaines de ses clients se sont rués vers les bureaux de la société à Singapour, voulant, pour certains, résilier leurs contrats. Beaucoup d'entres eux se disaient non convaincus par le plan d'aide au groupe annoncé par la Banque centrale américaine. Malgré toutes les assurances des autorités singapouriennes, les clients se sont entêtés à faire la résiliation. La crise financière n'épargne apparemment pas beaucoup de monde, puisque les deux derniers jours, les trois grands groupes bancaires belges Fortis, Dexia et KBC ont subi les effets de la crise financière internationale, après avoir enregistré des pertes de l'ordre de 8,3 milliards d'euros de leur valeur boursière. Fortis a subi les coups les plus durs avec 4 milliards d'euros, alors que Dexia et KBC ont perdu respectivement 2,2 milliards et 2,1 milliards d'euros, selon les médias belges. Le trio de banques belges valait encore 94 milliards d'euros au début de l'année. Depuis, cette valeur a diminué de moitié, à 48 milliards d'euros. Société Générale et BNP exposées à 479 et 400 millions d'euros La Société générale et BNP Paribas, Deux grandes banques françaises, ont estimé hier à respectivement 479 et 400 millions d'euros environ le montant des créances qu'elles détiennent vis-à-vis de la banque d'affaires américaine en quasi-faillite Lehman Brothers. BNP Paribas a estimé son montant négligeable et gérable. De son côté, la Société générale a évalué à environ 479 millions d'euros le montant de ses créances vis-à-vis de Lehman, dont la dette atteint 613 milliards de dollars. Une autre banque, le Crédit agricole, avait déjà estimé mardi que la quasi-faillite de la banque d'affaires américaine pourrait lui coûter jusqu'à 270 millions d'euros. Le groupe Caisse d'épargne avait évalué ses créances à 50 à 60 millions d'euros. La ministre française des Finances, Christine Lagarde, a assuré, de son côté, que le dépôt de bilan de Lehman Brothers devrait avoir des conséquences limitées sur les banques françaises. Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a assuré, hier, que le système bancaire français était «sain» et en mesure d'éviter les «défaillances en chaîne» qui ont ébranlé ces derniers jours le système financier américain.