Le président de la Commission consultative nationale de promotion et de protection des droits de l'homme en Algérie, Me Farouk Ksentini, est satisfait de l'évolution du secteur de la justice. C'est un chantier qui progresse de manière substantielle, a-t-il affirmé dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. Toutefois, ajoute-t-il, c'est une question de terrain. Les idées sont très généreuses, dit-il, mais il faut voir à l'épreuve du temps. Je suis optimiste, insiste-t-il, il y a une volonté politique de bien faire dans ce domaine. Me Ksentini est revenu sur le problème de la détention préventive dont il est fait, dit-il, un usage abusif en dépit des dispositions des textes qui la régissent. Elle est à l'origine de la surpopulation carcérale qui est une des insuffisances constatées par la commission qui a visité les prisons. Il note que la mise sous contrôle judiciaire se substitue de plus en plus à la détention préventive, mais il trouve que ça reste insuffisant. Il faut que le recours à la détention préventive diminue parce qu'elle a des conséquences très désastreuses sur les concernés quand elle n'est pas opportune. Mais, précise-t-il, il y des situations où elle s'impose. Me Ksentini a donné l'idée générale du rapport sur les droits de l'homme que sa commission doit présenter au président de la République dans les prochains mois. Elle se résume en une phrase imagée : les droits de l'homme en Algérie doivent prendre du poids. A propos des accusations, jugées très graves par Me Ksentini, lancées par certaines ONG sur les pratiques de tortures de détenus en Algérie, il réaffirme que c'est faux et fait remarquer, au contraire, que les conditions matérielles et psychologiques de la détention s'améliorent. Il confirme que sa Commission dénonce les dépassements quand ils existent. Nous observons, nous analysons et nous faisons des rapports pacifiques, insiste-t-il, mais nous soulignons aussi, ajoute-t-il, les aspects positifs. Il y a, souligne-t-il, le problème de la surpopulation carcérale qui sera réduite avec la construction de 13 prisons en chantier actuellement. Sur la question de la peine de mort, Me Ksentini rappelle qu'il milite pour son abrogation. Il note que depuis 1993, elle n'est pas mise à exécution. Sur l'état d'urgence, il réitère là aussi son point de vue maintes fois exprimé : l'état d'urgence est justifié par le terrorisme, mais il ne prive pas les Algériens de leurs droits. Inévitablement, la question de la censure s'est trouvée posée. Me Ksentini rappelle qu'il est contre la censure. Les journalistes et les écrivains doivent être responsables devant la justice le cas échéant. C'est le travail de l'appareil judiciaire. Concernant les concitoyens détenus à l'étranger, en Libye et dans l'enclave américaine de Guantanamo, sur l'île de Cuba, il rappelle que la commission qu'il préside est consultative et qu'elle n'a pas le droit d'intervenir auprès des Etats. Tout juste, peut-elle émettre des protestations si des cas de mauvais traitement sont prouvés. Il fait savoir qu'un accord a été conclu entre les autorités des deux pays, la Libye et l'Algérie, pour le transfert des détenus algériens qui purgeront leur peine en Algérie et réciproquement. Pour Guantanamo, il rappelle que la commission qu'il préside a dénoncé l'incarcération illégale d'Algériens dans cette zone de non-droit.