Suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région de Naâma et plus particulièrement sur la daïra d'Aïn Sefra d'importants dégâts ont été enregistrés sur la route nationale n°6 causant ainsi la destruction totale du seul pont qui relie la ville d'Aïn Sefra soit en venant du nord du pays soit de Béchar et des autres wilayas de l'extrême Sud. Ce lundi, nous avons pu constater sur place les automobilistes et les voyageurs totalement affolés par la lenteur des secours mais surtout l'absence des autorités locales qui n'ont pas porté aide et assistance à des centaines de familles prises en étau entre l'oued en crue. Des centaines de véhicules de tout tonnage et de voitures ont formé une file de plusieurs kilomètres de part et d'autre du pont qui a cédé à la violence de la tempête. Des dizaines de citoyens nous on interpellés sur leur situation dramatique qu'ils ont vécue durant plus de deux jours sans manger ni boire. Par ailleurs, beaucoup de malades, de vieillards, de femmes et d'enfants étaient perdus devant l'absence des responsables locaux. Selon des témoignages, le chef de daïra d'Aïn Sefra, accompagné du vice-président de l'agglomération de Tiout, est venus et promis une aide. Mais ces derniers ne sont plus revenus laissant ainsi plus d'un millier de personnes sans ravitaillement ni couverture, et sans soins. Mohamed, la quarantaine, chauffeur de bus assurant la liaison Béchar-Oran, ne pouvait pas contenir sa colère à l'encontre des autorités locales :«Personne ne s'est soucié de notre situation, ni le wali ni les autres responsables ne sont venus à notre secours hormis le chef de daïra qui s'est déplacé en touriste.». Brisé de fatigue, Ali qui fait le voyage dans le bus, nous prend par la main : «Venez regarder ma femme et mes enfants ; ils sont malades ; ils n'ont rien mangé depuis plus de 24 heures. Où est la doulaa (l'Etat) ? Une personne d'un certain âge visiblement hors d'elle nous conduit dans un véhicule pas très loin du bus : «Voyez ce vieil homme ; il est là depuis trois jours alors qu'il devait être dirigé vers Alger pour des soins d'urgence. Pourquoi les autorités n'ont-elles pas réagi à notre appel au secours. Pourquoi ce silence ? ». Plus loin, d'autres automobilistes sous les nerfs ne comprennent pas pourquoi les autorités sont absentes : «Regardez, lance Fethi. Est-ce une façon de la part de l'Etat de nous laisser choir dans de pareilles situations ? Seule l'armée et la gendarmerie nous ont porté secours ainsi qu'une association de bienfaisance dépendant du MSP et la population d'Aïn Sefra.». A une dizaine de mètres un vieux et son épouse allongée à même le sol, le regard hagard, scrutent l'horizon incertain. Des files de voitures et de camions remplis de marchandises en direction de l'extrême Sud dans les deux sens se comptent par centaines. En outre, même la route menant à la wilaya d'El Bayadh est elle aussi fermée à la circulation, mais le fait le plus grave est que la gendarmerie de Béchar et celle de Beni-Ounif nous ont dit que la route nationale était ouverte à la circulation. C'est ce qui a créé un véritable goulot d'étranglement à Aïn Sefra. Le manque d'informations fiables et la rupture des communications téléphoniques y sont pour beaucoup dans cette malheureuse situation. Aussi, les autorités de la wilaya de Béchar et de Naâma n'ont pas réagi instantanément à cette crise en prenant les dispositions nécessaire (plan ORSEC) pour porter secours à la population. Après plus de trois heures d'attente après notre arrivée sur les lieux, la circulation fut enfin ouverte, mais d'autres surprises nous attendaient durant notre trajet en direction d'Alger. En effet, sur le parcours à partir d'Aïn Sefra jusqu'à Bougtob, la route a été coupée à la circulation sur plus de dix endroits. En plus de cela, beaucoup de passages à gué n'ont pas été signalés par la direction des travaux publics, ce qui a causé beaucoup de désagréments aux automobilistes en plus du danger que cela comporte.