Quoi sacrifier pour le mouton du sacrifice ? Tel est le dilemme des fonctionnaires en particulier et de tous les pauvres. Pour en savoir plus, il faut connaître toutes les étapes de l'évolution de la bête à sacrifier les fluctuations des marchés et comment se font les transactions. Il y a d'abord trois grands marchés à bestiaux : Hassi Bahbah, Birine et Djelfa qui sont considérés à juste titre comme la bourse de référence du mouton. C'est de ces endroits que nous nous informons sur les prix et la santé du marché dit «de la brebis» (soug en-naâdja). C'est à partir des cotations hebdomadaires moyennes que l'on peut donner une appréciation relative de la santé du marché, des élevages et des éleveurs et surtout des tendances spéculatives conjoncturelles (Aïd, Ramadhan et perméabilité des frontières). L'aliment du bétail est aussi une donne influente sur les analyses de la situation du cheptel et des parcours de pâturage, d'une part, et de la situation économique des éleveurs, d'autre part. Généralement la règle économique de l'offre et de la demande est strictement appliquée dans les transactions. Lors de la saison agricole 2006/2007 où la sécheresse avait sévi, venant à bout d'une bonne partie du cheptel qui n'avait pas trouvé preneur dans les différents souks d'Algérie à ces moments-là et pour préserver une partie du cheptel les éleveurs étaient contraints de céder une partie de leurs troupeaux pour acheter l'orge, le son ou le maïs pour subvenir aux besoins nutritifs de leurs cheptels car la nature agressée n'offrait plus à manger aux bêtes. Ainsi durant presque une année nous avions enregistré des prix jamais atteints par les aliments du bétail défiant toutes les prévisions, atteignant parfois deux fois le prix d'un mouton (le quintal d'orge s'échangeait à plus de 4 000 DA et celui de l'agneau à 2 000 DA). Cette année avec les pluies providentielles qu'ont connues les régions pastorales, les éleveurs, qui remercient le Tout-Puissant de cette offrande, n'ont plus de soucis quand à l'alimentation de leurs bêtes et ils ne proposent plus d'agneaux à l'échange ou à la vente, donc ils ne fréquentent plus les souks. Ce qui fait que l'offre est en deçà de la demande. Les éleveurs sécurisés sur le plan de l'aliment du bétail et se contentant des pâturages naturels qui sont pour l'heure gras et plein d'eau en plus des flaques, des djoub, des retenues et des forages réalisés par le haut Commissariat au développement de la steppe d'une part et surtout ils veulent démultiplier leur «k'siba». Les souks ne font plus le plein les seuls moutons qui sont proposés à la vente sont de suite acheté par les chevillards ou les maquignons donc ce qui reste à la disposition des acheteurs est échangé à de fortes sommes. Pour rappel du mois de janvier à août la brebis suitée ou le f'hel étaient échangé à moins de 3000 DA en deçà du prix d'un quintal d'orge actuellement un mouton passible du sacrifice dépasse la modique somme de 19 000 DA. Les jours à venir avec l'intrusion des maquignons au col blanc, il atteindra certainement les 30 000 DA.