En juin dernier, la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement (CMAE), réunie à Johannesburg, a demandé à l'Union Africaine (UA) d'adopter une stratégie commune dans le domaine du changement climatique, une sorte de «feuille de route africaine», à présenter à Copenhague après avoir été exposée au sommet prochain de l'UA, en juillet 2009. C'est dans ce but que les ministres africains de l'Environnement se réunissent à Alger, à l'invitation de l'Algérie, en sa qualité de présidente du Groupe Afrique pour les changements climatiques. La prochaine étape sera Poznan, où se trouvera Wangari Maathaï - qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2004, notamment pour son action en faveur de l'environnement et de la reforestation dans son pays, le Kenya - pour plaider la cause des forêts. «Le prochain accord international contre le changement climatique devra protéger les forêts» a-t-elle déclaré, à Paris, en marge d'un colloque organisé par l'Agence française de développement (AFD) et le Réseau européen pour le Développement (EUDN). Dans ces négociations, Greenpeace Afrique compte sur l'Afrique du Sud, qui est le 14e émetteur de CO2 au monde, pour qu'elle joue un rôle actif afin que soit mis à disposition des pays en développement un financement conséquent, provenant des pays industrialisés, et leur permettant de s'adapter et d'atténuer les effets dévastateurs des changements climatiques.» L'Afrique du Sud (à cause de sa pollution industrielle) et le Nigeria (à cause du gaz brûlé dans les torchères des gisements pétroliers) sont, à parts égales, les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre en Afrique, avec presque 90% des émissions du continent. Et c'est en Afrique du sud que Greenpeace vient de lancer son premier bureau en Afrique. Il sera suivi, le 24 novembre, par l'ouverture d'un bureau à Kinshasa (République Démocratique du Congo - RDC) et d'un troisième bureau, début 2009, à Dakar (Sénégal). Les experts du Programme des nations unies pour l'environnement (PNUE) ont souligné que «bien que l'Afrique ne soit responsable que de 4 % du total mondial des émissions de dioxyde de carbone, ses habitants souffrent des conséquences du changement climatique de manière disproportionnée». L'Afrique compte parmi les régions du monde les plus vulnérables au phénomène du changement climatique. Les saisons sèches deviennent plus longues et plus rudes, les pluies irrégulières et diluviennes. Ces effets pourraient être catastrophiques et constituer un obstacle sérieux à la croissance économique indispensable au recul de la pauvreté. Les menaces sur les ressources en eau, devenues plus rares, sur la santé, à travers les maladies d'origine hydrique, et sur la sécurité alimentaire, du fait de la détérioration de la productivité agricole, planent sur ce continent. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a suggéré une réduction des émissions de 25 à 40 %, en 2020, pour éviter une augmentation de la température mondiale de deux degrés Celsius. Une telle augmentation, soulignent les experts, aurait des conséquences désastreuses pour l'Afrique : la production vivrière devrait diminuer de moitié, d'ici à l'an 2020, et 250 millions de personnes (plus de 25 % de la population africaine) n'auront pas facilement accès à l'eau. Un document de la FAO, publié en mai 2008, fait état d'un rapport du GIEC qui confirme qu'au cours du XXIe siècle, le réchauffement climatique en Afrique sera plus important qu'au niveau mondial. Selon ce rapport, la hausse de la température moyenne, entre 1980/99 et 2080/99, s'échelonnera entre 3 et 4°C sur l'ensemble du continent, 1,5 fois plus qu'au niveau mondial. Le rapport du GIEC prévoit que la côte méditerranéenne de l'Afrique, comme le pourtour méditerranéen, dans son ensemble, connaîtront une diminution des précipitations (-15 à -20 %) au cours de ce siècle. D'après Greenpeace, plus de 180 millions de personnes pourraient mourir des suites des changements climatiques en Afrique sub-saharienne, d'ici la fin du siècle. Un autre rapport, émanant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a évoqué la «responsabilité morale» des plus riches, vis-à-vis des plus pauvres, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. C'est aux pays développés, en très grande partie responsables des émissions de gaz à effet de serre accumulés depuis bien plus d'un siècle, à assumer les actions de limitation des émissions et donner, ainsi, l'exemple aux autres pays. Au lieu d'assumer les actions de limitation des émissions de gaz à effet de serre (les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 2,3% dans les 40 nations les plus industrialisées du monde, entre 2000 et 2006 a annoncé, lundi, le Secrétariat des Nations-unies en charge du réchauffement climatique) et, au lieu d'aider l'Afrique à s'adapter et à bénéficier de technologies énergétiques plus propres, les pays riches s'entêtent à vouloir lui imposer, par la pression et le chantage, des formes d'économie de marché inspirées de politiques néolibérales ravageuses. Ce qui est demandé aux pays riches : moins piller les richesses de l'Afrique et lui offrir plus de technologies, pour l'aider à mettre en œuvre des mesures d'adaptation au changement climatique, dans le cadre d'un partenariat fondé sur le principe du «pollueur payeur» appliqué au phénomène du changement climatique, dont la responsabilité incombe aux pays riches. Le PNUD et le gouvernement japonais ont, sans doute, voulu donner l'exemple, en décidant de mettre en œuvre un programme pour promouvoir l'adaptation aux changements climatiques en Afrique, financé à hauteur de 92,1 millions de dollars.