Décidément notre future matière grise n'a pas fini d'en voir et d'en encaisser après de dures années de labeur intellectuel. Combien de souffrances pour enfin décrocher le fameux «papier» qui prouve qu'on est apte à servir la société, et par la même occasion réaliser ses différents projets vitaux. Donc avant d'entrer dans le vif du sujet, et par souci de placer le lecteur dans l'œil du cyclone, il serait quand même important de définir les nouveaux concepts employés dans ce délire «lexico-maniaque». Les «chaud-meurs» sont ces gens misérables qu'on considère bien souvent comme des parasites, alors que les pauvres sont déjà à la limite de l'anémie à force d'être pompés à longueur d'année. Combiné aux vaines démarches qu'ils mènent et aux souffrances qu'ils endurent par période, on pourrait finir par croire que leur sang n'est plus rouge et fluide mais blanc et visqueux. Mais on parvient malgré tout facilement à les culpabiliser, parce que ces chanceux ont une chaumière (à laquelle ils doivent leur nom) quand d'autres n'en ont pas (enfin il parait, mais on n'a pas de preuve).Quant aux agents refoulants, ils doivent à leur rôle qui est d'éliminer la racaille qui, suspendue aux mamelles de l'état, s'endort convenablement dans un lit convenable sous un toit convenable, sans avoir la peur au ventre de ne plus pouvoir le faire le lendemain. On les aurait sans doute appelés les épouvantails si leur rôle dans le tri des «chaud-meurs» n'avait pas été aussi actif et décisif. Enfin, pour ce qui est des comptants-pour-rien, il s'agit de tout le monde et n'importe qui vivant à la même époque que la vôtre, et dont on se fout donc éperdument puisqu'ils ne sont pas encore morts. En effet, aider un vivant demande beaucoup d'investissement, tandis que prétendre vouloir aider un défunt en demande déjà beaucoup moins. Cela dit, la vie de ces universitaires prêts à se «sacrifier» doit, par la force du constat, débuter par ce fameux dispositif du «prêt-emploi», comme s'il s'agissait d'un privilège. Aussi, «encourageant» qu'il puisse paraître, n'entraverait-il pas un peu plus la vie des personnes à mobilité réduite dont la cause n'est pas physiologique mais financière. En effet, alors qu'à l'origine, il s'agissait de leur venir en aide simplement, sous la forme d'une «assurance»étatique, il s'agit désormais pour ce dispositif de concevoir les parcours les plus complexes et décourageants possibles, jusqu'à ce que les braves «chaud-meurs» se résignent à un doux esclavage. Et lorsqu'on parle des douze travaux d'Hercule pour composer avec ce merveilleux outil, on ne se trompe finalement que dans le nombre. Néanmoins, il est important de souligner que l'inscription et la soumission aux quatre volontés de cette institution est nécessaire à toute perception de ce qui, pourtant, constitue votre droit le plus strict : avoir un travail mérité à hauteur de ses efforts. Mais voyons sans plus tarder comment s'articule cet impressionnant labyrinthe qui croque du «chaud-meurs» au petit déjeuner. C. A.