La crise de l'eau et le «stress hydrique» qui seront les principaux enjeux internationaux du 21e siècle avec une consommation mondiale de près de 6 000 km3 par an, soit 54% des ressources accessibles pour atteindre 70% à l'horizon 2025, toucheront plus de 300 millions de personnes en Afrique dans les deux décennies à venir, selon une étude présentée sous forme de contribution de la Libye lors de la conférence ministérielle sur l'eau pour l'agriculture et l'énergie en Afrique tenue du 15 au 17 décembre 2008 dans la ville libyenne de Syrte. Avec un très fort taux de croissance démographique qui est passé de 330 millions d'habitants en 1970 à 757 millions en 2000 et à 1,3 milliard en 2020, selon les projections, l'Afrique se trouvera face à d'énormes défis en raison de cette démographie et à la lumière de l'augmentation fulgurante de la population urbaine, indique l'étude, intitulée «L'eau, véritable catalyseur de l'Union africaine». Faisant l'inventaire des ressources hydrauliques de l'Afrique, l'étude révèle qu'au niveau des ressources renouvelables le potentiel africain atteint en moyenne 4 050 km3 par an alors que sur un total pluviométrique de 20 210 km3 par an tombant sur le continent, l'Afrique ne bénéficie que de 19,7% comme ressources potentiellement mobilisables, le reste s'évapore et une partie s'infiltre dans le sous-sol. Au niveau de l'infrastructure hydraulique, le document indique que l'Afrique possède 1 100 barrages de stockage d'une capacité globale de 709 km3 ce qui représente un taux de 13 à 15% des ressources en eau de surface du continent, un taux considéré comme relativement faible. Ces eaux se localisent pour une grande partie, selon l'étude, dans des fleuves trans-frontaliers. Selon cette étude, l'eau pourra servir de ciment à la promotion de l'union africaine au cours des décennies à venir, comme l'a été le charbon et l'acier pour l'Union européenne lors de la 2e moitié du 20e siècle, fondé sur une stratégie, des priorités et des solutions liées à la demande en eau en Afrique. Le document cite parmi les axes de cette stratégie : l'intensification des aménagements de maîtrise des eaux et le développement des techniques nouvelles, le transfert d'eau interrégional au niveau national et entre régions et pays différents, l'exploitation des ressources non renouvelées, la production de l'eau douce à travers le dessalement, la réutilisation des eaux usées et le développement des économies d'eau, de recyclage et des usages plus efficients des ressources hydrauliques. Le partage des ressources en eau est, selon l'étude plus qu'un rêve, une réalité possible qui constitue un projet de génération et pour les générations montantes et compte tous les facteurs pour renverser le cours de l'histoire de l'Afrique à travers la concrétisation d'un dessin partagé. C'est dans ce cadre que l'étude propose la création d'une rivière transafricaine à partir de l'Oubangui dont l'apport avoisine 100 milliards de m3 par an et qui consiste à assurer l'adduction d'une partie en eau de surface du bassin du fleuve Zaïre vers le bassin du lac Tchad en vue de satisfaire les besoins en eau de la région des pays du Sahel et du Sahara (zone sahélo-soudanaise et le Maghreb). Ce projet déjà inscrit dans les plans et programmes de la Commission du lac Tchad (CBLT), vise à sauver les 20 millions de personnes présentes dans la région et permettre à travers son infrastructure hydraulique et de communications de désenclaver plusieurs régions et pays favorisant l'établissement de liaisons de communications terrestres entre les pays situés au nord du Sahara et ceux qui sont au sud.