L'Algérie est-elle en mesure d'assurer de l'eau potable à tous ses citoyens dans les 20 prochaines années? On peut se passer de plusieurs choses nécessaires à la vie comme un emploi, un logement, le transport et tout le reste, sauf l'eau. Et l'eau c'est lui, Abdelmalek Sellal, ce ministre chez qui des anecdotes coulent à flots mais qui ne raconte pas de blagues dans son secteur. C'est parce qu'il a la lourde tâche d'étancher la soif des Algériens qu'il passe pour être particulièrement difficile avec ses collaborateurs les plus proches qui témoignent qu'il ignore ou méprise les vertus lénifiantes de la souplesse. C'est parce qu'il a voulu en finir avec le stress hydrique en Algérie qu'il est toujours rongé par l'inquiétude, incertain et insatisfait de son travail. Pour commencer, il a ressuscité chez les Algérois le plaisir de prendre une douche deux fois par jour en été et ce n'est pas une blague. Source de vie mais aussi de conflit, l'eau est aujourd'hui au centre de toutes les géostratégies de la planète. Avec l'explosion démographique, l'excessive urbanisation et le développement de l'agriculture intensive, les deux tiers de la planète manqueront de la ressource la plus précieuse qui soit à l'horizon 2025. L'Algérie fait-elle exception à cette règle? La construction de nouveaux barrages et toutes les autres mesures prises par l'Etat algérien sont-elles suffisantes pour éloigner le pays du stress hydrique? L'Algérie est-elle en mesure d'assurer de l'eau potable à tous ses citoyens dans les 20 prochaines années quand la crise de l'eau atteindra son summum? Sera-t-on capable de fournir de l'eau nécessaire à l'agriculture et à l'industrie? A lire les chiffres, on répondra par l'affirmative. Avec 600 m3 par habitant et par an, notre pays se trouve en dessous du seuil des 1000 m3 qui séparent les pays en carence d'eau et les mieux lotis. Cependant, les projets qui se réalisent actuellement en Algérie contredisent ces données qui semblent déjà dépassées. Un budget de 19 milliards de dollars est réservé durant le prochain programme quinquennal pour le secteur de l'eau. A la fin de l'année 2009, l'Algérie disposera de 72 barrages d'une capacité globale de 7,4 milliards de mètres cubes. Durant la même période, la capacité d'épuration sera de 600 millions de mètres cubes avec la réalisation de 40 nouvelles stations d'épuration. Ces barrages et ces stations seront appuyés par le lancement de la réalisation de 13 stations de dessalement de l'eau de mer à travers le littoral algérien. Il faut dire que le gouvernement algérien a pris à bras-le-corps la problématique de l'eau à travers la réalisation de grands ouvrages. Le complexe hydraulique de Beni Haroun, dans la wilaya de Mila, est l'une des réalisations les plus stratégiques dans le programme de développement du secteur des ressources en eau. Cet énorme édifice d'une capacité de 960 millions de mètres cubes d'eau alimentera en eau potable près de quatre millions de personnes à l'est du pays. Le complexe de Taksebt à Tizi Ouzou n'est pas des moindres avec ses 170 millions de mètres cubes puisqu'il alimentera pas moins de trois wilayas dont une grande partie de la capitale. Dans la wilaya de Bouira, c'est le barrage de Koudiat Acerdoune, un véritable bijou d'une capacité de 640 millions de mètres cubes. A ces réalisations il faut ajouter le projet de transfert Mostaganem-Arzew-Oran (MAO) et le projet du siècle, à savoir le transfert In Salah-Tamanrasset sur une distance de 750 km. C'est dire que le defi est grand dans le domaine de l'eau. En témoigne la situation au Proche-Orient où la problématique de l'eau dépassera à terme celle du pétrole. Israël s'est approprié cette ressource dans la région assoiffant du coup la Palestine et une partie de la Syrie. La Jordanie et le Liban vivent le même stress. L'Irak dépend toujours de la Turquie. Sur ce plan, l'Algérie s'autosuffit, mais encore faut-il savoir gérer cette ressource.