Onzième jour de la guerre : l'armée israélienne poursuit son incursion dans le territoire de Ghaza, en continuant de pilonner sans discernement tous les centres d'agglomérations, alors que les troupes au sol se rapprochaient des bassins de population les plus importants, faisant de nouvelles victimes civiles : au moins 21 personnes ont été tuées, selon des sources hospitalières et de l'ONU. Hier, dans l'après-midi, des chars se sont rapprochés de Khan Younès et Dir el-Balah, dans le sud et le centre de Ghaza, mais ils étaient encore à plusieurs kilomètres de ces villes, selon des témoins. Les troupes israéliennes avaient déjà encerclé la ville de Ghaza, où les combats faisaient rage depuis deux jours. Au même moment, un porte-parole de la résistance a déclaré que les combats ont fait neuf morts dans les rangs de l'ennemi et une quarantaine de blessés depuis le début de l'opération. Hier, quatre soldats ont été tués, dont un officier, victimes de tirs provenant de leur propre camp, dans deux incidents distincts, selon Tsahal. Les Brigades palestiniennes d'Al-Qassam poursuivent ainsi les tirs de roquettes sur le territoire israélien. Une roquette s'abat pour la première fois à plus de 45 km au nord-est de la Bande de Ghaza. Elle est tombée sur la ville israélienne de Gedera. Selon un porte-parole militaire, une dizaine de roquettes au total sont tombées hier matin sur le territoire israélien. La population assiégée à Ghaza attend des jours décisifs, où le rapport des forces sur le terrain demeure invérifiable, à cause du black-out médiatique imposé par Tel-Aviv sur le déroulement des combats. Propagande et contrepropagande, les médias internationaux ne peuvent, à l'évidence, rendre compte de la réalité des affrontements entre les deux parties. Et dans cette bataille décisive et sensible de la guerre, les deux camps s'investissent aussi à fond, avec un net avantage pour le Hamas qui, à travers notamment sa chaîne satellitaire Al-Aqsa, reprise simultanément par certaines stations de grande audience comme Al- Jazeera, tente de maintenir le moral des troupes en promettant la victoire. Discrédité par les images poignantes des enfants palestiniens tués et affreusement mutilées par les déflagrations des bombardements (87 au total), le gouvernement israélien s'enfonce dans sa logique jusqu'au-boutiste. L'augmentation du nombre de victimes civiles continue ainsi à susciter des condamnations de la communauté internationale, qui craint également une catastrophe humanitaire. L'Etat sioniste ne peut plus cacher les atrocités dont il est coupable. Tous les rapports des organisations humanitaires tirent la sonnette d'alarme. «Il n'y a plus d'endroit sûr à Ghaza. Ici, tout le monde est terrorisé et traumatisé», a déclaré John Ging, patron de l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens à Ghaza, en accusant la communauté internationale de laisser les violences se poursuivre. «J'appelle les dirigeants politiques ici, dans la région et dans le monde à agir ensemble et à arrêter ça», a lancé John Ging, qui s'exprimait depuis le plus grand hôpital de Ghaza. «C'est le résultat d'un échec politique. Ils sont responsables de ces morts», a-t-il ajouté. L'initiative boiteuse de Nicolas Srakozy Face à l'escalade barbare de l'armée sioniste, la communauté internationale se trouve toujours impuissante d'obtenir la moindre promesse d'un cessez-le-feu. Preuve que le Premier ministre israélien a encore rejeté la demande française : «Nous ne pouvons pas accepter un compromis qui permettra au Hamas de tirer des roquettes dans deux mois contre les villes israéliennes», souligne-t-il lors d'une rencontre à Jérusalem avec le président français Nicolas Sarkozy. «Non seulement le Hamas doit arrêter de tirer des roquettes, mais il ne doit plus être en mesure de tirer.» C'est pourtant l'objet même de l'initiative européenne conduite par Nicolas Sarkozy. Le président français, qui a appelé lundi à un arrêt des violences, poursuit sa tournée de deux jours au Proche-Orient, mais sans grand espoir apparemment. Il est arrivé hier matin à Damas, où il a rencontré rencontrer le président syrien Bachar el-Assad, avec le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune, Javier Solana. A Damas, le président français a demandé à son homologue syrien de «peser» sur son allié du Hamas pour un retour de la paix à Ghaza. «Je suis convaincu que la Syrie peut apporter une contribution importante dans la recherche d'une solution. Le président Assad peut jouer un rôle. Il doit convaincre le Hamas de faire le choix de la raison, de la paix et de la réconciliation» entre les Palestiniens, divisés en deux camps, dit-il. Sur la même lancée, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, représentant du Quartette pour le Proche-Orient, appelle à couper les tunnels de contrebande avec l'Egypte. Il affirme qu'un cessez-le-feu «immédiat» dans la bande de Ghaza dépend d'une «action claire» permettant de couper les tunnels de «contrebande» qui permettent d'approvisionner le Hamas en armes. Pendant ce temps, la Ligue arabe s'apprête à déposer un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU demandant un cessez-le-feu immédiat. Une proposition qui a, toutefois, très peu de chances d'être adoptée, dans la mouture qui est préconisée. Les Etats-Unis semblent décidés à bloquer toute initiative qui soit susceptible d'arrêter la machine meurtrière de l'armée israélienne, comme pendant la guerre du Liban, il y a deux ans.