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Dix ans apr?s la Conf?rence internationale sur les femmes de Beijing, quel bilan pour les femmes africaines ? La lutte des Africaines pour l??galit? (II)
Non-évaluation du rôle économique des femmes Il est maintenant souvent admis que pour permettre aux femmes de sortir de la pauvreté, les politiques de développement doivent privilégier davantage leur contribution à l'économie. Bien que les femmes constituent une part importante de la population active, leur participation n'est pas reconnue à part entière car elles travaillent souvent dans des exploitations agricoles familiales ou dans le secteur non structuré. Dans d'autres cas, leur activité, par exemple le travail ménager, n'est pas considérée comme une activité économique. Dans l'agriculture, le secteur économique le plus important de l'Afrique subsaharienne, les femmes effectuent de 60 à 80 % du travail nécessaire à la production alimentaire, destinée à la consommation des ménages et à la vente. Mais bien qu'elles effectuent la plus grande partie du travail, elles n'ont pas suffisamment accès aux marchés et au crédit. En Ouganda, les femmes représentent 53 % de la main-d'œuvre, mais ne vendent que 11 % des cultures commerciales. «Je suis convaincue que depuis la nuit des temps, les femmes jouent un rôle important dans le développement économique et social de leur pays, explique la ministre des Affaires féminines de la Namibie, Netumbo Nandi-Ndaitwah. Mais elles ne sont pas reconnues et ne sont pas récompensées pour leur dur labeur.» Elle estime que chaque pays devrait allouer un pourcentage de son budget national à la parité des sexes. «Car, à ce jour, aucun pays n'alloue plus de 1 % de son budget national aux questions concernant les femmes et la parité des sexes.» A l'heure actuelle, les budgets consacrés aux programmes nationaux en faveur des femmes proviennent principalement de partenaires extérieurs. Adoption d'un outil de budgétisation paritaire Mme Josephine Ouédraogo de l'African Centre for Women d'Addis-Abeba estime que la participation des femmes à l'économie des ménages, qui représente, ainsi, plus de 70 % de la production alimentaire africaine, n'est pas correctement prise en compte dans les statistiques nationales. «On compte à peine dix pays africains qui effectuent des enquêtes systématiques sur les budgets-temps ou sur les ménages», explique-t-elle. Il est alors difficile de cerner les disparités entre les sexes et d'adopter des politiques visant à y remédier. Pour remédier à la place importante qu'accordent les politiques macroéconomiques aux hommes et aux garçons, un certain nombre de pays africains ont adopté un outil dit de «budgétisation paritaire». Le Kenya, le Rwanda, l'Afrique du Sud, la Tanzanie et l'Ouganda sont parmi les pays qui évaluent actuellement leur budget dans cette optique. C'est ainsi qu'ils analysent les choix budgétaires des pouvoirs publics et leurs répercussions sur les femmes et les hommes, les garçons et filles, dans le but de mieux cerner les disparités. Il est alors plus facile de combler ces écarts, par exemple en finançant des programmes visant à alléger l'emploi du temps très chargé des femmes ou en améliorant leur accès aux sources d'énergie, à l'eau, au transport et à des technologies permettant d'économiser le travail. Influencer les politiques Presque tous les pays de la Communauté de développement d'Afrique australe disposent d'une instance gouvernementale nationale qui traite des questions paritaires. Cependant, depuis la Conférence de Beijing, ces unités, services ou ministères «se sont affaiblis et sont incapables de répondre au défi que constitue le combat en faveur d'une juste parité des sexes», ont déclaré des ONG lors du Forum social africain tenu à Lusaka (Zambie). «L'insuffisance de moyens, le manque de personnel et de pouvoir ou d'autorité au sein des gouvernements pour faire progresser l'égalité et la justice en faveur des femmes ne sont que quelques-uns des obstacles qui existent.» Cependant, dans certains pays d'Afrique australe, les femmes occupent maintenant des fonctions politiques influentes. C'est ainsi qu'en Afrique du Sud et au Mozambique, elles détiennent maintenant 30 % des sièges au parlement. En février 2004, le Mozambique a été le premier pays de la région à nommer une femme Premier ministre, Mme Luisa Diogo. C'est au Rwanda que la proportion de femmes parlementaires est la plus élevée au monde : 49 % des membre du Parlement sont des femmes, soit bien plus que l'objectif de 30 % fixé à Beijing. La moyenne mondiale n'est que de 15 % Dans 14 des 23 élections tenues récemment dans des pays africains, la proportion de femmes parlementaires a augmenté. Mais la situation reste loin d'être idéale. Dans la majorité de ces pays (20), les femmes n'occupent que 10 % au plus des sièges du Parlement. A Madagascar, en Mauritanie et au Niger, par exemple, elles détiennent moins de 5 % des sièges. Dans certains pays, la présence de femmes au Parlement a influé sur l'adoption de politiques favorables à l'égalité des sexes. En réponse aux pressions des femmes, certains pays disposent maintenant de politiques de discrimination positive, assorties par exemple de quotas, visant à accroître le nombre de femmes occupant des postes de décision. En Afrique du Sud, les femmes parlementaires ont réussi à faire adopter diverses mesures législatives, légalisant l'avortement, luttant contre la violence familiale et garantissant le versement de pensions alimentaires aux enfants. En Ouganda, les femmes parlementaires ont contribué à faire adopter une loi qui a fait du viol un crime passible de la peine capitale. En 2003, après un long retard, le Mozambique a adopté une loi sur la famille qui fait progresser de façon décisive l'émancipation des femmes. «Si nous n'avions eu que des membres d'un seul sexe au Parlement, le projet de loi aurait bénéficié d'un soutien beaucoup moins important», explique la ministre de l'Enseignement supérieur de ce pays, Mme Lidia Brito (...) (Suite et fin)