Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, vient d'annoncer le lancement d'un projet pilote de construction de 600 logements, répartis sur 11 wilayas, répondant au critère d'économie d'énergie. Cette expérience, menée en collaboration avec le ministère de l'Energie et des Mines, est appelée à être généralisée «là où il faudra» a dit le ministre. Selon les experts, des économies d'énergie de l'ordre de 40% peuvent être réalisées dans le secteur du bâtiment. En même temps, une contribution appréciable serait apportée à la lutte contre les gaz à effet de serre. La consommation d'énergie des immeubles est, en effet, responsable d'un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Jusqu'à 90 % de cette consommation vont à la climatisation, à l'éclairage et aux équipements électroménagers. En Algérie, une étude réalisée par l'Agence pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (APRUE) a fait ressortir la part grandissante des appareils électroménagers, tels que les réfrigérateurs, les congélateurs et les climatiseurs dans la hausse continue de la consommation de l'électricité au niveau des ménages. Les experts du PNUE estiment que des mesures simples comme l'amélioration de la ventilation et de l'isolation, une utilisation accrue de l'éclairage naturel, l'utilisation d'appareils et d'éclairages éco énergétiques, au côté de l'utilisation du solaire et d'autres sources naturelles de chaleur, peuvent économiser de l'énergie et de l'argent. Dans ce sens, il existe un programme mis en œuvre par le ministère de l'Energie pour la période 2007-2011 concernant l'éclairage et l'isolation (double vitrage, double cloison) ainsi que la promotion du chauffe-eau solaire et d'équipements électroménagers appelés «performants». La vente des lampes à basse consommation d'énergie s'inscrit dans ce programme. En outre, le gouvernement a prévu plusieurs arrêtés interministériels pour rendre obligatoire l'étiquetage des appareils électroménagers et faire du critère d'efficacité énergétique un élément déterminant dans le choix du consommateur qui cherche à réduire sa facture d'électricité. Le souci de l'économie doit s'étendre aux autres ressources et ne pas se limiter à l'énergie. Si les Algériens doivent se préparer dès maintenant à vivre sans pétrole ni gaz, abondants pour le moment, il leur faut également se préoccuper de la menace de pénurie d'eau qui plane sur la région. Ils doivent apprendre à économiser l'eau. Comment ? Par la résorption des fuites pas seulement dans les réseaux des villes mais aussi à l'intérieur des habitations. Les réparations et l'entretien domestiques des installations et canalisations qui présentent des fuites sont toujours négligés, alors qu'ils permettent d'éviter des pertes d'eau énormes. La réduction de la demande par les consommateurs, l'éco-efficacité dans l'industrie et l'efficacité de l'irrigation ne semblent pas figurer parmi les priorités des pouvoirs publics. Aucune norme n'impose l'installation d'équipements sanitaires - robinet, chasse, douche - ou d'appareils ménagers, à faible consommation d'eau, qui répondent aux critères d'efficacité et d'économie. Quant aux programmes d'habitat et d'une façon générale dans le secteur de la construction, rien n'indique qu'ils intègrent la contrainte de la rareté de l'eau en prévoyant, de façon volontaire, ce type d'équipements. Dans l'agriculture, la pratique de cultures et l'utilisation de techniques d'irrigation qui consomment peu d'eau ne sont pas entrées dans les habitudes. Dans l'industrie, enfin, le recyclage des eaux n'est pas généralisé. Sur ces questions, le décalage est grand entre le discours et la réalité.