Deux attentats suicide revendiqués par les talibans, dont un qui a tué quatre civils et un soldat américain au cœur de Kaboul, ont fait six morts hier en Afghanistan, signe d'une sécurité toujours précaire dans le pays, où des renforts américains commencent à arriver. La violente explosion qui a secoué le centre de la capitale en milieu de matinée a eu lieu à un carrefour fréquenté proche de plusieurs bâtiments officiels étrangers, en face de l'ambassade d'Allemagne et à une centaine de mètres de Camp Eggers, le plus grand camp militaire américain de Kaboul. «C'était un attentat suicide», a déclaré le porte-parole du ministère afghan de la Défense, le général Mohammed Zahir Azimi. «Il s'agissait d'une voiture piégée conduite par un kamikaze», a ajouté l'armée américaine. L'attentat a fait cinq morts, dont un soldat américain, et une trentaine de blessés, selon les derniers bilans fournis par les autorités afghanes et l'armée américaine. Quatre civils afghans ont été tués et 19 autres blessés, selon un nouveau bilan du ministère afghan de l'Intérieur communiqué dans l'après-midi. Un soldat américain est mort de ses blessures et six autres et un civil américain ont été blessés par l'explosion, a précisé l'armée américaine dans un communiqué. Cette dernière avait tergiversé dans la matinée, annonçant d'abord que 2 de ses soldats avaient été tués et 12 blessés, avant de se rétracter. L'attentat a également blessé plusieurs membres du personnel de l'ambassade d'Allemagne, a annoncé le ministère allemand des Affaires étrangères à Berlin. L'attaque a été revendiquée par un porte-parole taliban, Zabihullah Moujahed. La capitale afghane, calme ces dernières semaines, a régulièrement connu des attentats suicide ces dernières années, souvent revendiqués par les talibans, qui mènent la plupart de leurs attaques dans le sud et l'est du pays. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Afghanistan, Kai Eide, a dénoncé un attentat qui «montre de manière évidente le dédain des rebelles pour la vie des civils». A Berlin, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a condamné «cet acte lâche de barbarie», en assurant que Berlin ne se laisserait pas intimider par la terreur et poursuivrait son engagement en Afghanistan. Quelques heures plus tard, un autre attentat suicide visant un convoi des forces afghanes et américaines a tué un civil et en a blessé trois autres et trois policiers dans la province du Nangarhar (est), selon les autorités locales. L'attaque a également été revendiquée par le porte-parole taliban. Ces attentats démontrent une nouvelle fois que la situation est précaire en Afghanistan, où l'insurrection des talibans s'intensifie et gagne du terrain d'année en année depuis l'invasion américaine de la fin 2001 et le début de la présence internationale. L'année 2008 a été la plus sanglante pour les Afghans comme pour les soldats étrangers depuis 2001. Elle a vu ainsi les pires attentats suicide perpétrés à Kaboul (plus de 60 morts devant l'ambassade d'Inde en juillet), comme dans le reste du pays (plus de 100 morts au milieu d'une foule assistant à des combats de chiens à Kandahar en janvier). L'attentat intervient quelques jours avant l'investiture du président élu américain Barack Obama, qui a fait de la guerre en Afghanistan l'une de ses priorités, et alors que des premiers renforts américains arrivent dans le pays. Selon les médias américains, M. Obama a approuvé l'envoi de 20.000 à 30 000 renforts en Afghanistan en 2009, ce qui pourrait quasiment doubler le nombre de militaires américains déployés dans le pays (environ 32 000). Près de 70 000 soldats étrangers sont au total présents en Afghanistan.