C'est bien la première fois depuis le départ de Richard Nixon que les Américains ont autant attendu un discours d'investiture de président élu à la Maison-Blanche. C'est bien aussi la première fois dans l'histoire qu'un président américain suscite autant d'intérêt aux yeux du monde entier, et surtout aux yeux du monde musulman et du monde arabe en particulier. Barack Hussein Obama, premier président noir-américain des Etats-Unis d'Amérique, arrive dans un moment de crises complexes, au lendemain de plusieurs années de guerre contre le terrorisme, une guerre qui a ouvert une brèche au Moyen-Orient pour que s'y faufile l'armée américaine en conquérante, afin d'y exécuter la nouvelle géostratégie énergétique des Etats-Unis d'Amérique. Obama arrive au moment où la cause palestinienne atteint un niveau de maturité historique et politique qui ne souffre d'aucun atermoiement, et qui pousse Israël à une violence jamais égalée, dont la dernière est si fraîche de mémoire et si barbare par la manifestation de violence et de violations de tous ordres de la part de l'entité sioniste. Il arrive aussi au moment où une crise économique, jamais vécue auparavant, a atteint des proportions alarmantes autant pour les Etats-Unis d'Amérique que pour le monde entier, et c'est sur ce dossier, surtout, qu'il est attendu qu'Obama agisse, du moins pour les Américains dont les valeurs, le mode de vie et tous les rêves qu'ils ont de tous temps entretenus sont demeurés suspendus à leur pouvoir de consommation et de possession. Le monde arabe en particulier, et le monde musulman en général, qui sont assimilés au péril vert par un Occident dont l'étendue désormais est universelle, ont suscité, dans le discours d'Obama, un petit paragraphe qui en dit long sur le rôle que ce nouveau président va jouer dans le conflit arabo-israélien. Celui qui a mis la kipa en signe de solidarité avec Israël, comme si celui-ci, l'agresseur, avait besoin de la solidarité contre les populations désarmées de Ghaza, s'est entouré de pro-sioniste convaincus et zélés au sein de son équipe et il n'est pas raisonnable de nourrir des illusions par rapport à Obama, l'homme de couleur ou l'Africain, ou encore l'homme du peuple. Pourquoi dans ce cas, ne pas s'étonner que Condoleeza Rice ait été, après Colin Powell, la noire-américaine la plus dévouée à sa tache sordide au Moyen-Orient, en dépit de l'injustice flagrante qui frappe les Palestiniens? La vision stratégique des Etats-Unis d'Amérique dans la région moyen-orientale est structurante de la politique internationale américaine et ce n'est pas l'alternance au pouvoir qui y changera quelque chose, car l'Amérique, en soutenant Israël, défend ce qu'elle croit être ses intérêts stratégiques dans la région, n'en déplaise aux pays arabes avec qui les Etats-Unis d'Amérique ont pourtant des interêts, mais ce n'est pas la faute aux Américains s'ils arrivent à obtenir des pays arabes ce qu'ils veulent, sans avoir à concéder quoi que ce soit aux dépens d'Israël, autrement dit aux dépens d'eux-mêmes. Car jamais il n'a été aussi vrai qu'Israël est le 51e Etat des Etats-Unis d'Amérique, quand bien même il se trouve à plus de 10 000 km de New-York. Obama ou Bush ou Clinton, il importe, seule une modification de la nature des rapports de force peut amener les USA à revoir leur politique vis-à-vis des pays arabes. Mais ce changement n'est pas pour demain, car la nature de ces rapports repose essentiellement, non pas sur le force militaire, mais bien sur le fait que la majorité des régimes arabes n'ont pas la légitimité intérieure, qu'ils recherchent, à tout prix, auprès de puissances étrangères.