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Comment l?Alg?rie peut s?en inspirer ?
D?collage ?conomique sud-cor?en :


L'incontournable internalisation technologique
Que remarquons-nous, tout au long des plans quinquennaux entrepris par Park ? Eh bien, nous remarquons, surtout, que ce dirigeant va toujours orienter, vigoureusement, les efforts des Sud-coréens vers le renforcement de la maîtrise de la technologie, autrement dit vers l'internalisation technologique.
Et là, nous nous posons, alors, quelques questions…
Combien de fois avons-nous lu, ou entendu, des experts internationaux nous parler du transfert de technologie comme un moyen, incontournable, de rattrapage technologique et de sortie du sous-développement ? Des milliers de fois, pour ne pas dire plus ! Combien de fois avons-nous lu, ou entendu, ces experts nous avertir qu'un transfert de technologie sans internalisation technologique n'assure aucun rattrapage technologique (et je dis bien aucun !) ? Et combien, parmi ces mêmes experts, nous ont précisé qu'une internalisation technologique qui ne se base pas sur le «reverse engineering», sur les politiques de veilles, sur l'intelligence industrielle, et sur bien d'autres concepts indispensables, n'est qu'une coquille complètement vide, et sans aucune utilité ? Je ne donnerai pas le nombre de ceux-là, mais je laisse notre lecteur deviner !...
Pourquoi est-ce que ces experts nous parlent-ils, profusément, du transfert de technologie – en omettant, soigneusement, de nous parler de tout le reste ? Eh bien, parce que le transfert de technologie, quand il est tout seul, rapporte énormément d'argent à leurs pays, et ce pendant des années – voire des décennies !! Pour que nos gouvernants aient la preuve de cela, qu'ils fassent, un peu, le compte de tout ce que nous ont coûté ces soi-disant «transferts de technologies» depuis le milieu des années 1960, et quand ils auront, sous les yeux, ce montant vertigineux alors ils verront, clairement, comment celui-ci coexiste, insolemment, avec une absence totale de toute trace d'un processus de rattrapage technologique, ni d'une quelconque sortie du sous développement !! Et bien sûr, quand nous nous aventurons à poser à ces experts des questions sur cet échec, là aussi nous avons une profusion d'explications secondaires – pour mieux nous convaincre que c'est uniquement de notre faute – : nos travailleurs ne sont pas assez soumis à leurs hiérarchies, nous sommes incapables de travailler plus de douze heures par jour, nous pratiquons l'Islam, au lieu de pratiquer le Shintoïsme ou le Bouddhisme, nos décideurs sont de grands corrompus, nos mentalités sont restées arriérées, nos traditions bloquent notre envol, etc. Et, souvent, ils nous résument tout cela par le fameux : vous n'avez pas les «ressorts» nécessaires, contrairement aux peuples d'Asie !!...
Nous ne sommes pas choqués par ce qu'ils pensent, ni ce qu'ils disent. Non ! Nous sommes choqués parce que nos élites gouvernantes successives les ont toujours écoutés et suivis, en négligeant royalement l'avis des penseurs nationaux !!!
Revenons à Park Chung Hee, va-t-il se laisser «duper», lui aussi, par ces grands experts, et leurs «savantes» théories. ?! Pour connaître la réponse à cette question, il suffit de se rappeler l'incroyable niveau de développement où Park a laissé son pays, en 1979 ! Jamais, la Corée du Sud n'aurait atteint un tel niveau, si elle avait scrupuleusement suivi les préceptes, «savants», de ces experts ! Park, ayant longtemps côtoyé de près, les Japonais, étant très imprégné des leçons de leur décollage économique et, étant imbu de bon sens, ne pouvait être berné dans ce domaine par qui que ce soit !!
La réussite, «effective», de l'industrialisation de la Corée du Sud s'est jouée, «essentiellement», sur la capacité des Sud-Coréens à mettre en place un noyau endogène de dynamisation technologique. L'industrie des biens d'équipement, de par ses caractéristiques propres, est une composante fondamentale d'un tel noyau. Pour l'essentiel, cela revenait à créer une interaction, positive, entre l'appareil productif du pays et l'infrastructure scientifique et technologique nationale (mais…surtout pas en procédant comme nous le faisons en ce moment ! Il faudra, plutôt, respecter scrupuleusement une démarche bien «spécifique», que nous expliquerons «clairement» quand nous publierons notre travail sur la politique scientifique adoptée par Park Chung Hee).
Le gouvernement du président Park va, lui-même, orchestrer l'apprentissage technologique grâce à l'encouragement de la «veille technologique», du «reverse engineering», de «l'intelligence industrielle», et de la «politique de l'imitation». Toutefois, dès qu'on passe aux secteurs industriels de pointe, cela devient souvent insuffisant! Dans ce cas, le gouvernement va encourager les joint-ventures et l'achat de licences. Park prendra un soin particulier à assurer, dans le cas de ces joint-ventures, l'indépendance managériale des firmes coréennes, et il veillera, tout spécialement, à ce que celles-ci aient pour principal «cheval de batail» l'apprentissage technologique et industriel (avant, même,…le gain
financier !!).
Chaque fois qu'une joint-venture a été encouragée, chaque fois qu'une «lourde» importation de biens d'équipement étrangers a été entreprise, c'était toujours pour favoriser des opérations d'apprentissage technologique (on se rappelle, par exemple, l'épisode, «très parlant», où les Sud-Coréens, en négociant la commande d'un TGV aux Français, exigeaient, dans leur contrat d'achat, que ceux-ci leur révèlent certains détails technologiques liés à sa fabrication !...Contrairement, donc, à nous, les Sud-Coréens n'achètent, jamais, de «boites noires», pour rentrer, après cela, «tout content» chez eux! Pourquoi ? Parce qu'ils sont très imprégnés par ce vieux, et sage, proverbe asiatique : «Ne lui donne pas un poisson, apprends-lui plutôt à pêcher !» Et…dans notre cas, cette nécessité «d'apprendre à pêcher» s'impose à nous d'autant plus que ce «poisson», on ne nous le «donne» pas! On nous le vend à des prix, tellement exorbitants, qu'ils sont tout simplement en train de nous ruiner !... Même si certains d'entre nous ont pu escalader les hauteurs du savoir, et ont pu accéder à d'inestimables connaissances, il demeurera toujours utile d'aller, parfois, «boire aux sources» et écouter, un peu, ce que nos «vieux» ont à nous dire concernant les trésors de sagesse que nous ont légués nos ancêtres ; peut-être, si nous l'avions fait, nous aurions évité bon nombre de «bêtises» économiques ces quarante dernières années !! Pourquoi disons-nous cela ? Parce, qu'en fin de compte, toute la stratégie de Park Chung Hee se résume à ce vieux proverbe asiatique, que nous venons de citer ?!...).
Prenons l'exemple du secteur automobile : au départ, la dépendance technologique sud-coréenne était totale ! La première phase sera, donc, celle de joint-ventures. Les véhicules seront, alors, produits sous licence : la conception, aussi bien que les installations, étaient toutes étrangères. Pendant cette période de production sous licence, les ingénieurs et techniciens sud-coréens ne vont, certainement, pas se contenter d'apprendre à «appuyer sur des boutons» puis passer les années suivantes à «se tourner les pouces», tout en restant éternellement sous la tutelle des ingénieurs étrangers !... Non ! Absolument pas !! Car…les consignes du gouvernement de Park étaient très claires : il fallait s'atteler, impérativement, à maîtriser tous les processus de fabrication, à connaître tous les détails techniques des équipements utilisés, et à assimiler toutes les technologies employées. Il fallait, coûte que coûte, atteindre une complète maîtrise de l'ensemble des installations productives utilisées ! L'objectif, assigné à toutes les forces actives nationales concernées, était d'acquérir, le «plus rapidement possible», la «capacité de reproduire toutes ces installations de façon complètement autonome» (voilà, sans beaucoup de détours, ni «langue de bois», le véritable sens de l'internalisation technologique!). Après cette phase de démarrage, les techniciens, les ingénieurs ainsi que les innombrables équipes de «R&D» sont, alors, appelés à reproduire les installations industrielles du secteur concerné !...
Bien sûr, cette approche n'est pas spéciale au secteur automobile, elle concernera tous les secteurs industriels sud-coréens !... Citons deux exemples : à la fin de l'année 1973, deux grands projets viennent d'être réalisés grâce à des joint-ventures : un complexe sidérurgique, et un complexe pétrochimique. Que font les Sud-Coréens, après cela ? Eh bien ceci : entre 1973 et 1979, ils vont réaliser une reproduction du complexe pétrochimique, ainsi que plusieurs reproductions du complexe sidérurgique !! …(évidemment, il n'est nullement besoin qu'on nous fasse un «dessin», pour que nous puissions comprendre ce que signifie ces «reproductions», de quelle politique elles découlent, et tout l'arsenal d'efforts et d'incitations, sous-jacents, qui ont été nécessaires pour les réaliser !!…).
Où en est l'internalisation technologique dans notre pays?
En réalité, elle n'est nulle part ! Absolument nulle part !! Alors que nous sommes en train d'envisager notre...troisième tentative de décollage économique !!!
Mais…sur cette question, précisément, nous devons assumer «pleinement», nos responsabilités, car il faut avouer que ce grave «manquement» n'est pas dû à nos décideurs, mais…qu'il nous incombe complètement !
La preuve ? Quand nos experts économistes nationaux ont eu, en septembre 2008, l'extraordinaire opportunité d'avoir des gouvernants réellement favorables à la mise en œuvre d'une «authentique» stratégie de développement endogène, qu'ont-ils fait ? Leur ont-ils proposé une quelconque, voie, pour favoriser l'internalisation technologique (indispensable à tout développement endogène…) ? Non, malheureusement ! Tout ce qu'ils ont proposé, c'était une nouvelle «recette» d'apprentis sorciers !!! Comme cette bien «pompeuse» EFC (ou Economie Fondée sur la Connaissance) ! Quelle fut notre déception, alors : quand, enfin, les élites de ce peuple ont, en face d'eux, des gouvernants réellement décidés à faire ce qu'il faut pour mettre le pays sur les rails d'un développement vigoureux et authentique, que font-ils ? Eh bien, ils les envoient, «tout bonnement», sur de fausses pistes !!!
(A suivre)
Dr Dokhane Nahed
Maître de conférence, enseignante
à l'Université de Boumerdès


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