Le président sud-coréen, Roh Moo-Hyun, sera, dès aujourd'hui, à Alger pour une visite de trois jours. L'Algérie est la dernière étape de son périple africain, qui l'a mené d'abord en Egypte et au Nigeria. Il s'agit de la première visite officielle d'un chef d'Etat sud-coréen en Algérie depuis l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1990. Elle intervient aussi deux ans après la visite effectuée par le président Bouteflika en Corée du Sud en 2004. Une forte délégation accompagnera le chef d'Etat sud-coréen en Algérie et qui est composée de ministres et d'une quarantaine de dirigeants et de chefs d'entreprises publiques et privées issues de différents secteurs d'activité. Les secteurs de la construction et de l'énergie sont fortement représentés dans cette délégation. D'après un membre de la délégation, le secteur énergétique occupera une bonne part dans les discussions entre les deux parties. Contrairement au nord de la péninsule, riche en charbon et en métaux, la Corée du Sud ne dispose pratiquement d'aucune ressource naturelle. Elle est classée parmi les cinq gros importateurs de pétrole (brut et dérivés) au monde et le premier importateur rapporté à la taille de son économie. Les installations pétrolières, la prospection, l'extraction et les raffineries, surtout, sont des domaines pour lesquels les entreprises coréennes affichent un réel intérêt à l'investissement. Le marché énergétique algérien, de par ses grandes potentialités, intéresse fortement les Sud-Coréens. Un intérêt qui, faut-il le souligner, ne date pas d'aujourd'hui puisqu'en 1991, la Corée du Sud prospectait déjà du pétrole dans le Sahara algérien à travers son géant actuel des nouvelles technologies Samsung. En 1994, la Corée du Sud a vendu des équipements destinés aux installations pétrolières au titre d'un contrat de vente de 20 millions de dollars. Les hydrocarbures constituent, par ailleurs, la quasi-totalité des exportations algérienne vers la Corée du Sud, soit 99,9%. La présence effective des investisseurs sud-coréens sur le marché algérien remonte en fait à 1993, grâce à l'entreprise Daewoo qui a construit l'hôtel Hilton. Cette même entreprise a investi 5 millions de dollars en 1996 pour la construction de son show-room automobile à Oued Smar. En 2004, la Corée du Sud a investi 500 000 dollars pour la construction d'une usine de couvertures, Algerkor. Toujours dans le domaine de la construction de logements, le bâtiment et les travaux publics, la Corée du Sud, souligne l'assistant du ministre de la Construction et des Transports, Seo Jong-Dae, va davantage renforcer sa présence et sa coopération dans les cinq années à venir, notamment dans le développement des infrastructures. Il annoncera à cet effet qu'un accord de coopération sera signé durant le séjour du président sud-coréen portant sur la participation des entreprises coréennes dans la construction de logements sociaux en Algérie. Capitalisant une expérience importante en la matière, la Corée du Sud est aujourd'hui passée parmi les leaders mondiaux dans la construction de logements. Les entreprises sud-coréennes, note M. Jong-Dae, ont une capacité de construction de 500 000 logements par an. Plusieurs projets ont été réalisés par ces mêmes sociétés dans différents pays, à l'instar des Etats-Unis, de la Chine et du Proche-Orient. La construction de nouvelles villes est l'un des projets où excellent notamment les Sud-Coréens, comme on a pu le constater sur place. La construction la nouvelle ville de Sidi Abdellah est justement un des projets auquel voudraient bien participer les Sud-Coréens. Le plan quinquennal de la consolidation de la croissance économique, doté d'un budget de 60 milliards de dollars, fait aussi l'objet d'un grand intérêt des opérateurs économiques coréens. Plusieurs questions nous ont été posées par certains dirigeants et responsables d'entreprises sur la teneur de ce plan, sur la gestion des fonds mobilisés et sur les mécanismes de suivi. Interrogé sur l'intérêt accordé par la Corée du Sud au programme de privatisation de quelque 1200 entreprises publiques, M Jong-Dae dira qu'effectivement, les entreprises sud-coréennes sont intéressées par ce programme, mais elles sont dissuadées par plusieurs obstacles, comme la complexité du processus de la prise de décision, les problèmes liés au financement bancaire et le facteur langue. 500 millions de dollars d'échanges commerciaux Sur le plan des échanges commerciaux, l'Algérie constitue le 5e partenaire économique de la Corée du Sud en Afrique, derrière l'Afrique du Sud, l'Angola, le Nigeria et l'Egypte, avec un volume d'échanges de 500 millions de dollars. Le bilan 2005 des échanges commerciaux entre les deux pays fait état d'une nette baisse des exportations sud-coréennes en direction de l'Algérie. En effet, de 354,5 millions de dollars en 2004, le montant global des exportations sud-coréennes vers l'Algérie est passé à 268,7 millions de dollars. Les exportations coréennes représentent 1,2% des importations totales de l'Algérie. Pour l'exercice 2005, le montant des exportations algériennes vers la Corée du Sud a atteint les 164,5 millions de dollars, essentiellement des hydrocarbures. L'automobile est le produit sud-coréen le plus exporté vers le marché algérien. Elle a représenté, en 2005, 62%, suivie de l'électroménager (19%) et des équipements (8,7%).