Naissance et jeunesse d'Ivan le Terrible Fils de Vassili III (1479-1533) et de sa deuxième épouse, Héléna Glinska, il succède à son père à la mort de celui-ci, le 4 décembre 1533. Trop jeune pour régner, le pouvoir est soumis à un conseil de régence conduit par sa mère, Elena, et par vingt boyards. Celle-ci décède le 3 avril 1538, probablement empoisonnée, et le pouvoir se partage alors entre différentes factions de familles de boyards (nobles russes). C'est dans cette ambiance de haine et de mort qu'Ivan passa son enfance, dans la crainte perpétuelle d'être assassiné. Ses loisirs se partagent entre la torture d'animaux, la chasse, la maltraitance des villages alentours. Autodidacte, il s'intéresse néanmoins aux Saintes Écritures et à force de se prosterner devant les icônes, son front porte la trace d'une callosité bien visible. A 16 ans, il rejoint l'armée à la ville de Kolomna, où celle-ci vient de mener une action contre les Tatars, il y fait exécuter 50 arquebusiers de Novgorod porteurs d'une pétition au sujet des vexations qu'ils subissent. Intronisation d'Ivan le Terrible (1547) Il est sacré tsar à Moscou, le 16 janvier 1547,, à la cathédrale de l'Assomption. Il est le premier tsar régnant depuis cette date. Plus qu'un titre à ses yeux, il se croit investi d'une mission divine, même si son investiture ne fut consacrée qu'en 1561 par le patriarche grec Iosaphe de Constantinople. Il se marie le 3 février 1547 dans la même cathédrale de l'Assomption avec Anastasia Romanovna Zakharine (1520-1560) qui lui donna cinq enfants : Anna Ivanovna (1548-1550), Maria Ivanovna (1551), Dimitri Ivanovitch (1552-1553) 1er tsarévitch, Ivan Ivanovitch (1554-1581) 2e tsarévitch, et, enfin, Fédor Ier (1557-1598) troisième tsarévitch qui épousa Irène Godounova. En 1561, Ivan IV épouse Maria Kabardie-Temriouk, fille du prince tcherkesse, Temriouk, qui lui donne un fils : Vassili Ivanovitch (1563-1563). Il se remaria, en 1571, avec Marthe Sobakine qui meurt cette même année. Il épouse, ensuite, Anna Koltovskaïa en 1572, et divorce en 1575. Il se remarie, en 1575, avec Anna Vassiltchikova dont il divorce, en 1576, puis épouse, en 1576, Vassilissa Melentievale; Le divorce est prononcé, en 1577, et, enfin, épouse en 1580 Maria Fédorovna Nagoï qui lui donna un fils : Dimitri Ivanovitch (18 octobre 1583-15 mai 1591). Suite aux incendies de Moscou de 1547 qui provoquèrent des milliers de morts, Ivan se croyant abandonné de Dieu décide de convoquer des représentants de toutes les régions de la Russie. Cette assemblée eut lieu, en 1550, et Ivan y promit de défendre le peuple contre l'oppression et l'injustice. Mais cette assemblée lui permit aussi d'imposer son code tsarien pour remplacer celui de son grand-père, Ivan III qui datait de 1497. Le règne et la modernisation du pays Les premières années de son règne sont consacrées à une modernisation de la Russie, pays arriéré alors et vivant sous le féodalisme le plus archaïque. Il plaça aussi aux postes clefs de l'empire russe de petites gens qui lui étaient acquis totalement, plutôt que les boyards dont il se méfiait. Il établit un code de lois rigoureux, en 1550, réorganise le clergé russe en 1551, en le soumettant à l'État, et crée le corps des «Streltsy», un corps d'infanterie d'élite constituant la garde personnelle du tsar. Il tient également, en 1549, la première réunion du «zemski sobor» (littéralement «assemblée de la terre», le premier Parlement russe du type d'État féodal), un conseil de nobles consulté lors des grandes décisions qu'imposait la situation du pays et de son évolution. Un nouveau code de lois et les diplômes royaux élargissent la participation des représentants électifs paysans à la procédure judiciaire et à la gestion locale. La première presse à imprimer est introduite sous son règne. A partir de 1560, pourtant, le régime autoritaire déjà se durcit notablement. Les premières lois restreignant la liberté des paysans sont prises, qui conduisent ensuite au servage terrible de la classe paysanne qui représenatait environ 95 % de la population. Ivan IV se lance dans un régime de terreur contre les boyards qu'il hait depuis sa jeunesse et auxquels il ne faisait aucune confiance. En 1564, il constitue l'«opritchnina», le domaine royal, possédé personnellement par le tsar lui-même. Cette grande propriété est administrée par sa police spéciale, les «opritchiniki», qui, rapidement, deviennent des despotes locaux, terrorisant la population et les nobles, et imposant la conscription forcée pour le front. La politique extérieure A l'extérieur, Ivan IV assure l'extension de l'empire. Les Suédois, les Polonais et les Tatars l'irritent au plus haut point et c'est contre eux qu'il va mener ses premières campagnes militaires. Il annexe les khanats (royaumes) de Kazan et d'Astrakhan, en 1552 et en 1556, ce qui met fin aux incursions dévastatrices des combattants de Kazan dans les régions du nord-est de la Russie, embarrasse la migration des hordes agressives nomades d'Asie en Europe et donne à l'empire un accès à la Volga. Après deux échecs, en 1547 et en 1549, Ivan quitte Moscou le 16 juin 1552 à la tête d'une forte armée composée de près de 100 000 hommes. Celle-ci composée d'éléments hétéroclites, comme les «Streltsy», fantassins munis d'armes à feu ou de troupes ni aguerries ni disciplinées fournies par les villes et les campagnes sont pour la première fois commandées par des officiers nommés au mérite et non par la naissance. Le 2 octobre 1552, Kazan, capitale des Tatars, devient russe après d'âpres combats. Pour célébrer cette victoire, Ivan fit bâtir à Moscou la cathédrale Saint-Basile. La construction de celle-ci dura six ans et suivant la légende, les yeux de son architecte, Barma Iakovlev, auraient été crevés afin que celui-ci ne puisse en rebâtir une autre aussi belle, pour d'autres monarques et princes. Les guerres entreprises Ivan le Terrible repousse les Tatars et ouvre aux Anglais la mer Blanche et le port d'Arkhangelsk. En 1558, il s'engage dans la guerre russo-livonienne, longue guerre qui, après lui avoir assuré un débouché sur la mer Baltique, se termine, en 1583, par une défaite contre une coalition réunissant la Pologne, la Suède, la Lituanie et les Chevaliers teutoniques de Livonie. Les années 1567, 1568, 1569 sont les années de la mauvaise récolte et l'épidémie de peste en Russie, qui provoquent la mortalité immense de la population. Le khanat de Crimée ruine constamment les terres frontalières de la Russie au règne d'Ivan IV. En 1571 le khan de Crimée parvient jusqu'à brûle Moscou qu'il brûle, mais l'année suivante les Tatars de Crimée sont vaincus non loin de Moscou (la bataille de Molodi). En 1570 les détachements polonais et suédois ruinent les territoires du nord et occidentaux de la Russie, l'armée du roi polonais Stefan Batory supprime les garnisons et la population de quelques villes russes. A la fin du règne d'Ivan IV, la Russie se retrouve saignée par une guerre de 25 ans. En 1581, le tsar tue son fils aîné, Ivan Ivanovich, probablement dans un accès de colère incontrôlée. La mort d'Ivan le Terrible Les circonstances de la mort du tsar, le 18 mars 1584, lors d'une partie d'échecs, restent un mystère non élucidé à ce jour. Cependant, les travaux de rénovation de son tombeau ont permis un examen de ses restes. Celui-ci à révélé la présence dans les ossements de fortes doses de mercure, laissant à penser qu'il aurait été volontairement empoisonné. Notons, également, qu'il était très courant, à cette époque, que les médecins prescrivent aussi du mercure en poudre à des fins médicales, comme principe actif d'onguent (notamment dans le traitement de la syphilis), ignorant alors que l'absorption régulière d'une telle subtance puisse porter atteinte au système nerveux central. Une telle intoxication prolongée au mercure expliqueraient ainsi, selon certains historiens et scientifiques, les excès de folie du tsar. Ivan IV laissa deux fils : Fédor et Dimitri, à qui il lègue une Russie en crise, à la fois économiquement, socialement et politiquement, crise qui ne se termine que par l'accession au trône du premier tsar de la dynastie des Romanov en 1613.