Les chiffres attestés constamment par les spécialistes sur le nombre d'erreurs médicales en Algérie sont symptomatiques de l'ampleur que prend le phénomène. Les derniers chiffres -- plus de 600 plaintes -- démontrent si besoin est que la situation devient de plus en plus critique. Des erreurs avérées sur le plan médical signalées ici et là mettent en cause des médecins toutes spécialités confondues devant le fait accompli. Des erreurs de bilan et/ou chirurgicales qui dans la plupart des cas occasionnent aux patients des séquelles irréversibles, et, par ricochet, mettent la corporation médicale dans un état peu reluisant du fait que les actes médicaux ne respectent en aucun cas l'esprit médical et parfois la déontologie qui prend un sérieux coup. Devant la multiplication de ces «bévues médicales», l'Association des médecins libéraux de la wilaya de Tipasa (AMLT) a pris les devants en organisant le 5 février 2009 une journée de formation médicale continue ayant pour thème «La responsabilité médicale», à la Munatec du chef-lieu de wilaya, et qui a regroupé les médecins du secteur public, privé et parapublic. Les organisateurs de cette journée thématique qui sont conscients de cette problématique n'ont pas hésité à œuvrer pour discuter de la responsabilité médicale dans un contexte où la profession médicale se trouve confrontée à des aléas qui touchent de plein fouet ce métier honorable qui œuvre sans cesse pour sauver des vies humaines. Au cours des différentes interventions, nous avons pu apprécier la bonne foi des praticiens qui eux-mêmes dénoncent sans parti pris ces erreurs médicales. Pour mieux appréhender le problème, les médecins présents ont tout d'abord cherché les causes inhérentes de l'erreur médicale. Les débats ont soulevé des questionnements relatifs au degré des responsabilités du praticien à partir d'une simple visite d'auscultation où il est fait référence à un certain nombre de mesures que doit prendre le médecin vis-à-vis de son patient en l'identifiant comme le prévoit la loi. Il est vrai aussi que, le plus souvent, le médecin n'exige pas de pièce d'identité du malade ce qui peu conduire à un faux document. Le docteur Brenkia Abdelmadjid a longuement expliqué à ses confrères la nécessité d'établir un certificat médical en portant tous les éléments prévus par les textes réglementaires pour éviter tout amalgame, mais aussi et surtout pouvoir suivre la traçabilité du malade à chaque fois que le besoin se fait sentir. Le Dr Brenkia a, par ailleurs, mis en exergue les bases juridiques administratives et déontologiques du certificat médical. Concernant le volet pénal, maître Benbraham Fatima a axé son intervention sur les erreurs et les fautes médicales aux yeux de la justice. A ce titre, l'avocate a énuméré 14 fautes professionnelles notamment : les violences volontaires, les faux certificats, les infractions à la législation sur les stupéfiants, la stérilisation humaine, la rupture de grossesse volontaire (IVG), la violation du secret professionnel, la non-assistance à personne en danger etc. Maître Benbraham a appelé les praticiens à la réflexion pour préparer un projet portant sur le droit médical en insistant :«Les médecins algériens toutes spécialités confondues doivent impérativement se concerter pour étudier la possibilité d'un consensus très large pour influer le législateur algérien à la mise en place d'un comité formé de praticiens pour débattre d'un éventuel projet de droit médical qui fait largement défaut en Algérie.» Le médecin algérien pour l'heure n'est nullement protégé par un texte de loi spécifique compte tenu du fait que la justice algérienne n'est pas formée dans ce sens», conclue-t-elle.