Une stratégie à long terme basée, essentiellement, sur la diversification de l'économie et des exportations demeure la principale option de l'Algérie pour faire aux effets de la crise financière mondiale, a affirmé mardi un expert algérien dans les questions financières internationales, M. Abdel Attou. L'Algérie, qui n'a pas été sérieusement touchée par la crise, «finira par subir des effets directs de ces turbulences qui ont déjà commencé à affecter les économies émergentes», a affirmé cet ex-directeur à Merryl Lynch, lors d'une conférence-débat organisée par l'Assemblée populaire nationale (APN) sur «les incertitudes des marchés financiers mondiaux et leur impact possible sur l'Algérie et ses finances». Outre une baisse considérable des revenus d'exportations d'hydrocarbures provoquée par la chute des prix mondiaux du pétrole, l'Algérie pourrait être également affectée à travers «un assèchement de liquidités des banques locales malgré leur très faible connexion à la place financière internationale», a expliqué M. Attou, qui est également membre du Conseil arabe des affaires au Forum économique mondial de Davos. Selon lui, «un travail de longue haleine doit être engagé » en vue de permettre à l'Algérie de faire face à ces effets dévastateurs. Reconnaissant le fait qu'«il n'existe pas de recette générale ou théorique» pour surmonter la situation actuelle, cet expert a, néanmoins, évoqué certains points communs capables de contribuer à une reprise de l'économie nationale. Il s'agit, pour le cas de l'Algérie, de mettre en valeur le secteur agricole en réhabilitant les cultures dites stratégiques comme le blé dont la négligence, selon lui, constitue «une erreur monumentale». Le conférencier a marqué sa convergence avec des appels lancés récemment par d'autres experts pour une diversification de l'économie et des exportations en vue de relancer l'appareil productif interne et sortir le pays de sa vocation de mono-exportateur, et, ainsi, de réduire sa dépendance quasi totale des recettes des hydrocarbures. Questionné lors des débats sur la durée de cette crise, M. Attou a souligné que les prévisions optimistes parlent d'une reprise de l'économie mondiale à partir du premier semestre 2010. Il a, cependant, tenu à préciser que cette possible reprise «ne devrait être consommée qu'à partir de la seconde moitié de l'année prochaine» par une relance de la demande mondiale de l'énergie et un retour des investissements directs étrangers. Donnant son avis sur l'opportunité de la création d'un fonds souverain algérien, M. Attou a estimé qu'il s'agit d'une institution «hautement spécialisée et risquée surtout quand il s'agit d'investissements opérés à l'international dans une telle conjoncture où la visibilité fait défaut». Par ailleurs, les intervenants ont été unanimes à considérer que la crise financière mondiale actuelle est une «crise du système capitaliste». Sur ce point, l'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a constaté que certaines mesures interventionnistes que les pays industrialisés et le FMI ne toléraient pas, auparavant, dans les pays en développement ou en transition, sont actuellement mises en application dans les pays développés afin de tenter d'atténuer les effets de la crise sur leurs économies (aides étatiques aux banques et entreprises, nationalisations...).