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La th?orie de l?identit? sociale (II)
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 02 - 2009

Catégorisation sociale, comparaison sociale et identité sociale
Tajfel et Turner adoptent une définition subjectiviste du groupe social : «Une collection d'individus qui se perçoivent comme membres de la même catégorie sociale, partagent quelque engagement émotionnel dans cette définition commune d'eux-mêmes, et atteignent un certain degré de consensus à propos de l'évaluation de leur groupe et de leur appartenance à celui-ci» (1986, p. 15). Dans ce système théorique, le processus de catégorisation sociale joue un rôle primordial. Tajfel définit la catégorisation sociale comme «un système d'orientation qui crée et définit la place particulière d'un individu dans la société» (Tajfel, 1972, p. 293). A la suite de ses travaux sur le processus de catégorisation avec Wilkes, Tajfel avait mis en évidence les effets de la différenciation catégorielle : une accentuation des différences entre les éléments appartenant à des catégories différentes et l'accentuation des ressemblances entre les éléments appartenant à une même catégorie. Les objets catégorisés nous semblent plus similaires entre eux qu'ils le sont réellement ; et plus différents des objets classés dans d'autres catégories qu'ils le sont réellement. La fonction principale de ce processus est d'organiser et de réduire la complexité du réel. La catégorisation sociale permet à l'individu de reconnaître la manière dont la réalité sociale est divisée en catégories et, surtout, de savoir quelles sont les catégories auxquelles il appartient et quelles sont celles auxquelles il n'appartient pas.
Or, les expériences que Tajfel et ses collègues ont menées dans le cadre du paradigme des groupes minimaux (Tajfel, Billig, Bundy, & Flament, 1971) ont montré qu'une catégorisation arbitraire des sujets, en l'absence de tout enjeu objectif ou de relations particulières entre groupes ou entre individus, suffit à faire apparaître des comportements discriminatoires favorisant l'endogroupe (le biais pro-endogroupe 2). La simple catégorisation serait donc la condition minimale suffisante pour entraîner une forme de comportement discriminatoire.
C'est en s'appuyant sur la théorie de la comparaison sociale de Festinger (1954) que Tajfel propose d'expliquer ces résultats expérimentaux ainsi que les phénomènes similaires observés dans les situations intergroupes naturelles. Pour rappel, la question qui préoccupait Festinger consistait à déterminer ce qui mène un individu à considérer une proposition comme vraie, à lui accorder le statut de croyance. Festinger distingue les sources de validation des croyances, opinions et attitudes individuelles selon leur caractère physique (à une extrémité d'un continuum) ou social (à l'autre extrémité). Ainsi, certaines croyances – concernant par exemple la taille ou la solidité d'un objet – peuvent être validées physiquement, à travers la perception individuelle, alors que d'autres ne le peuvent pas. Dans ces derniers cas – par exemple, dans le cas de la validation d'une opinion –, l'individu doit faire appel à autrui et avoir recours à la validation sociale. Dans sa théorie de la comparaison sociale (1954), cette motivation épistémique se complète d'une motivation narcissique lorsque la validation sociale a pour objet les capacités individuelles. Selon Festinger, à la différence des croyances et des opinions, ces capacités sont ordonnées sur une échelle de valeurs. Dans ce cas, l'individu est non seulement motivé à acquérir une perception claire de ses capacités, mais également à se positionner de manière avantageuse par rapport à autrui. Les travaux de Festinger se cantonnaient à un niveau d'analyse inter-individuel. C'est cependant sur sa théorie de la comparaison sociale que Tajfel, en l'adaptant aux relations entre groupes, établira la base motivationnelle de la théorie de l'identité sociale. C'est cette perspective comparative qui met la catégorisation sociale en rapport avec l'identité sociale. De même que les individus acquièrent ou maintiennent une estime de soi positive en se comparant positivement à d'autres individus, ils ne peuvent acquérir une identité sociale positive qu'en se comparant positivement aux membres d'autres catégories sociales.
L'identité sociale est définie comme « cette partie du concept de soi qui provient de la conscience qu'a l'individu d'appartenir à un groupe social (ou à des groupes sociaux), ainsi que la valeur et la signification émotionnelle qu'il attache à cette appartenance » (Tajfel, 1981, p. 255). En d'autres termes, l'identité d'un individu peut être conçue comme dépendante de ses appartenances groupales, et en particulier de la différenciation qui existe entre son groupe d'appartenance (ou ses groupes d'appartenance) et d'autres groupes.
À partir de ces relations entre facteurs cognitifs (la catégorisation sociale) et motivationnels (la volonté de se distinguer positivement sur une échelle de valeurs), Tajfel propose les principes de base de la théorie de l'identité sociale :
Les individus cherchent à atteindre ou à maintenir une identité sociale positive ;
Une identité sociale positive est basée en grande partie sur des comparaisons favorables qui peuvent être établies entre l'endogroupe et des exogroupes pertinents : l'endogroupe doit être perçu comme positivement différencié par rapport aux exogroupes pertinents ; et Lorsque l'identité sociale est insatisfaisante, les individus essaieront de quitter leur groupe actuel et de joindre un groupe positivement évalué et/ou de rendre leur groupe actuel plus favorablement distinct.
La théorie de l'identité sociale répond ainsi à la question de départ, à savoir : dans quelles conditions des formes de comportement social s'approchant du pôle interindividuel ou du pôle intergroupe seront-elles adoptées ? Dans les situations réelles, il faut au préalable que certaines conditions soient réunies. Ainsi, il faut que le groupe d'appartenance ait une importance subjective pour l'individu : il doit s'y identifier. De plus, la situation doit être telle qu'elle rend possibles des comparaisons intergroupes sur des dimensions évaluatives. Certaines dimensions de comparaison entre groupes sont moins associées à des évaluations (par exemple, le fait de porter ou non des lunettes) que d'autres (par exemple, la couleur de la peau aux États-Unis). Enfin, le groupe de comparaison doit être perçu comme pertinent. La similarité, la proximité et la saillance due à la situation sont des facteurs qui déterminent la Comparabilité de deux catégories sociales. Ainsi, par exemple, on peut supposer que les Flamands ou les Français seront des groupes de comparaison plus pertinents que les Esquimaux pour les Wallons.
Les stratégies
Lorsque ces conditions sont réunies, la théorie de l'identité sociale prédit que les individus adopteront des comportements intergroupes lorsque, d'une part, leur identité sociale est insatisfaisante – dans le cas d'un groupe défavorisé – ou menacée – dans le cas d'un groupe favorisé. D'autre part, il faut que la situation, ou plus précisément le système de croyances relatives à la situation sociale soit tel que l'adoption de stratégies individuelles destinées à rétablir ou à acquérir une identité sociale positive soit jugée impossible (ou extrêmement indésirable). Plus précisément, Tajfel (1981) distingue quatre ensembles d'attributs socio-psychologiques de la stratification sociale susceptibles de déterminer différentes formes de comportement social. Le premier consiste en un consensus à travers tous les groupes impliqués que les critères de stratification sociale sont légitimes et stables (peu susceptibles de changer). Le second consiste en un consensus, existant dans un ou plusieurs groupes, au sujet de l'idée selon laquelle ces critères ne sont ni légitimes, ni impossibles à changer. Le troisième apparaît lorsqu'un ou plusieurs groupes croient que les critères de stratification sociale sont illégitimes mais impossibles à changer. Enfin, le quatrième apparaît lorsque l'un ou plusieurs des groupes concernés estiment ces critères légitimes mais instables.
Ce n'est que lorsque la mobilité sociale est écartée en tant que possibilité d'atteindre une identité sociale valorisée et que la stratification sociale est considérée comme illégitime et instable (deuxième ensemble d'attributs) que des stratégies collectives visant au changement social peuvent être envisagées. Ces stratégies ne mènent pas forcément au conflit intergroupe. En effet, des stratégies ‘cognitives' peuvent être adoptées afin d'améliorer l'image du groupe social : revaloriser des dimensions de comparaison préexistantes (redéfinition des attributs du groupe) – comme par exemple revendiquer leur apparence africaine pour les Noirs américains, comme ce fut le cas lors du mouvement Black is beautiful dans les années 1963 – ou proposer des dimensions de comparaison plus avantageuses (créativité sociale) – comme par exemple mettre en avant l'art de vivre plutôt que la performance économique chez les gens du Sud de la France ; ou encore se comparer à un exogroupe moins prestigieux (comparaison sociale inférieure). Par contre, les membres du groupe désavantagé peuvent tenter, à travers des stratégies de compétition sociale, de modifier à leur avantage la situation intergroupe en renversant les positions relatives de l'endogroupe et de l'exogroupe sur une dimension de comparaison pertinente (Tajfel & Turner, 1986). Dans la mesure où ces dimensions de comparaison ont pour objet la distribution de ‘ressources rares et valorisées', cette situation peut en effet déboucher sur un conflit ouvert entre les deux groupes tel qu'il est décrit par la théorie des conflits réels (Sherif, 1961).
La dynamique motivée par la recherche d'une identité sociale positive ne donne donc lieu à un réel changement social que lorsque des conditions précises sont réunies. Lorsque ce n'est pas le cas, l'adoption de stratégies de mobilité individuelle ou de créativité sociale n'entraîne pas une modification en profondeur de la structure sociale. Nous le constatons donc, la théorie de l'identité sociale se présentait avant tout comme une théorie du changement social. Inspirée par le marxisme, elle possède une forte connotation politique et revendique une pertinence pour la compréhension des phénomènes politiques contemporains. Mais ses implications psychologiques concernant le rôle des appartenances groupales dans la constitution du Soi ont également suscité l'intérêt et inspiré les recherches des psychologues sociaux. La théorie de l'auto-catégorisation a ensuite approfondi les aspects cognitifs de l'identité sociale.
La théorie de l'auto-catégorisation
Après le décès d'Henry Tajfel en 1982, John Turner et les membres de son équipe ont poursuivi les travaux entrepris dans le cadre de la théorie de l'identité sociale. C'est dans son prolongement qu'ils vont proposer une théorie dont l'objet central n'est plus les relations entre groupes sociaux, mais bien le groupe social. L'identité sociale était conçue comme un facteur explicatif des comportements intergroupes – particulièrement la discrimination et le conflit – dans la théorie de l'identité sociale ; elle devient l'objet même d'étude dans la théorie de l'auto-catégorisation. Cette théorie ne cherche pas à expliquer un type particulier de comportement, mais bien à comprendre dans quelles conditions des individus sont capables de se comporter comme un groupe. Elle a donc une portée plus générale puisqu'elle peut s'appliquer à toute situation où l'identité sociale est impliquée. Il s'agit, selon ses auteurs (Turner, Hogg, Oakes, Reicher, & Wetherell, 1987), d'une théorie générale du groupe social.
(A suivre)


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