Onze personnes, toutes de nationalité égyptienne, ont été interpellées après l'attentat qui a tué une jeune Française et blessé une vingtaine de personnes dimanche soir au Caire, apprend-on de sources policières. Deux des personnes interpellées sont des femmes qui portaient un voile dissimulant la majeure partie de leur visage, précise-t-on. Les cinq suspects se trouvaient sur les lieux de l'attentat et ont été placés en détention dans la nuit. On ignore si la police dispose de preuves à leur encontre. Les forces de sécurité égyptiennes ont l'habitude de ratisser large en cas d'incident, avant de resserrer leurs investigations et de relâcher la plupart des personnes interrogées. L'attentat a été commis peu après la tombée de la nuit près du bazar de Khan el-Khalili, dans l'est de la capitale, où les touristes achètent des colifichets et fréquentent cafés et restaurants. Une adolescente française de 17 ans a été tuée dans l'explosion. Au moins 21 autres personnes ont été blessées, dont 13 Français, un Allemand, trois Saoudiens et quatre Egyptiens. A son arrivée à une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept à Bruxelles, Bernard Kouchner s'est dit «extrêmement touché par cet attentat» et a assuré «suivre la situation de très près». «Les choses semblent s'améliorer pour la personne qui a été gravement blessée», a-t-il ajouté, faisant allusion à l'un des 13 blessés français. A Paris, le président Nicolas Sarkozy a adressé un message de condoléances à la famille de la jeune fille tuée au Caire. L'attentat n'a pas été revendiqué. «Il y a eu un grand bruit» «Nous avons entendu un bruit énorme sans savoir de quoi il s'agissait», a dit un témoin à la télévision d'Etat égyptienne. «Ce sont des touristes innocents, qui ne font pas de politique et viennent visiter notre pays.» Des responsables de la sécurité cités par l'agence Mena ont dit que l'engin était dissimulé sous un banc dans un square et que des artificiers ont désamorcé une deuxième bombe avant qu'elle ne se déclenche. D'autres sources ont cependant cité des témoins selon lesquels la bombe a été lancée d'une moto. L'agence Mena avait rapporté auparavant que l'engin avait été jeté du toit d'un immeuble. La bombe a explosé alors que des gens se rassemblaient autour de plusieurs cafés de la place pour suivre un match de football à la télévision, a déclaré à Reuters un témoin qui a demandé à garder l'anonymat. «Il y a eu un grand bruit, mais on a d'abord cru que c'était dû à des gens qui festoyaient, a-t-il dit. Mais ensuite des personnes qui s'enfuyaient en courant se sont mises à hurler et à tomber au sol. Il y avait beaucoup de cris.» La télévision nationale a montré des images de flaques de sang en divers points de la place, tandis que des policiers quadrillaient le secteur. Les forces de sécurité égyptiennes ont renforcé leur surveillance autour des sites touristiques et des ambassades. Un point de contrôle était installé dans la rue menant à l'ambassade des Etats-Unis. L'industrie touristique a enregistré des records l'an dernier en Egypte, le plus peuplé des pays arabes, après avoir accusé un fléchissement dans les années précédentes à la suite d'attentats meurtriers. Le tourisme est l'une des principales sources de devises du pays. Si personne n'a revendiqué l'attentat jusqu'à présent, des activistes islamiques s'en sont pris à des secteurs touristiques égyptiens ces dernières décennies. Selon Abdel-Monem Saïd, directeur du Centre Al Ahram pour les études politiques et stratégiques, l'attentat de dimanche ne semble pas être le fait d'un groupe très organisé. «Il s'agissait de dispositifs élémentaires dont l'un n'a pas fonctionné, a-t-il noté. Les dégâts n'ont pas été très étendus, cela semble l'action de quelques personnes en colère.» En septembre dernier des hommes armés et masqués avaient pris 19 personnes en otages, dont onze touristes, lors d'un safari dans une zone reculée, près des frontières du Soudan et de la Libye. Elles avaient toutes été libérées saines et sauves.