Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, estime que les énergies nouvelles et renouvelables sont une bonne chose pour l'environnement mais aussi pour l'économie puisqu'elles peuvent permettre de créer des emplois et d'épargner l'utilisation des énergies fossiles qui pourraient alors être exportées ou générer des activités industrielles. Il rappelle les lois qui ont été promulguées dans ce sens : la loi sur les énergies renouvelables et la loi sur la maîtrise de l'énergie, celle-ci a créé les conditions pour gagner beaucoup d'énergie, par exemple par l'utilisation de lampes à basse consommation ou des chauffe-eau solaires. Il souligne que ce choix se fait sur la base de critères techniques et économiques. Le solaire et l'éolien sont faisables techniquement, c'est développé en Espagne et en Allemagne où l'énergie fossile est importée et coûte cher. Par contre, chez nous, fait-il remarquer, les prix du gaz et de l'électricité sont bas, ce qui rend le solaire moins économique pour les ménages. Il faut trouver, ajoute-t-il, les moyens (à travers les crédits et le Fonds mis en place par l'APRUE) pour faciliter l'utilisation des énergies nouvelles et renouvelables. Il rappelle qu'une centrale hybride est en construction à Hassi R'mel, de 150 mégawatts dont 35% en solaire, dont l'électricité reviendra plus cher. La technique du stockage sera développée dans ce projet pour générer l'énergie la journée et la stocker pour la nuit. A très long terme, 2025-2030, 15% de l'électricité sera généré à partir du solaire, de l'éolien et d'autres sources. On n'exclut pas le nucléaire, précise-t-il. On va y aller doucement mais sûrement, dit-il, pour que le solaire, l'éolien et le nucléaire prennent une part significative et pour qu'on puisse aussi exporter de l'électricité. En matière de nucléaire, il y a, souligne-t-il, des accords avec l'Argentine, la Chine, la France, les Etats-Unis et il y a des négociations avec la Russie, l'Afrique du Sud. Ce qu'il nous faut, fait-il observer, c'est une loi sur le nucléaire. Elle est en cours d'élaboration. Elle prévoit une agence de sûreté et de sécurité nucléaires, une société de développement nucléaire et un institut de génie nucléaire, puis développer l'électronucléaire. M. Khelil estime que l'Algérie aura une première centrale nucléaire vers 2020 puis une nouvelle centrale tous les cinq ans. Il se posera, ajoute-t-il, le problème de l'enrichissement de l'uranium qui ne peut se faire en Algérie et se fera donc à l'étranger, ainsi que le problème de son retraitement qui se fera à l'extérieur également. Le solaire pose moins de problèmes, fait-il remarquer. A terme, selon le ministre, 60% des énergies nouvelles et renouvelables viendrait du solaire, le reste de l'éolien et du nucléaire mais le plus important, ajoute-t-il, restera le gaz naturel. A propos des carburants, il rappelle que l'Algérie a un grand programme pour développer le GPL/carburant avec des prix attractifs. Des efforts sont faits – facilitation pur l'importation des équipements et prix appropriés – pour encourager les stations à s'équiper afin de pouvoir servir le GPL/C. De la même façon, l'utilisation du gaz naturel carburant est encouragée. Concernant le diesel, le ministre rappelle que la facture d'importation de gas oil est de 200 millions de dollars, une somme qui pourrait servir plus utilement à travers la construction d'écoles, dit-il. Il estime qu'il faut agir sur les prix pour rendre attractifs les carburants plus propres, à travers le système de la vignette auto aussi. Le ministre a évoqué le marché pétrolier en considérant que l'année 2008 est exceptionnelle en matière de revenus, quelque 76 milliards de dollars. Il estime qu'on ne reverra plus des prix à 100 dollars et qu'il ne faut pas comparer par rapport à 2008. Il évalue à 30 milliards de dollars les recettes qui seront engrangées cette année, à cause de la crise économique mondiale qui entraîne une baisse de la demande mais dans deux ans la demande va reprendre, ajoute-t-il. Concernant la taxe sur les profits exceptionnels, le ministre fait observer qu'elle est payée normalement sur les contrats de la loi de 1991 et qu'elle est incluse dans la loi sur les hydrocarbures en vigueur. Il rappelle qu'un appel d'offres international s'est soldé par l'octroi de quatre blocs d'exploration à quatre grandes compagnies internationales, dont Gazprom, qui vont investir 250 millions de dollars. A propos de Gazprom, il précise qu'il n'y a pas de partenariat Sonatrach-Gazprom, «ce qui nous intéresserait, c'est de travailler en Russie», conclut-il.