Les enquêtes menées par la CNAS, en ambiance de travail, font ressortir, en plus de la surdité, toute une palette de troubles associés à l'exposition à des intensités sonores élevées : stress, hypertension artérielle, problèmes cardio-vasculaires ou gastriques,… Les problèmes générés par les nuisances sonores en ambiance de travail font l'objet d'un suivi par la médecine du travail, mais l'impact de la pollution sonore sur l'environnement est carrément ignoré, alors qu'il entraîne les mêmes troubles chez les personnes qui y sont exposées directement. Le bruit dans l'environnement n'est pas une petite nuisance : il risque d'entraîner la surdité en cas d'exposition prolongée, il perturbe le sommeil, augmente la tension artérielle, le taux d'adrénaline et les pulsions cardiaques et diminue l'irrigation sanguine de la peau et du tube digestif. Parfois, ce sont les autorités locales elles-mêmes qui se trouvent à l'origine de nuisances sonores insupportables en organisant, par exemple, l'été, pendant tout un mois et plus, des activités prétendument culturelles ou de loisirs qui s'apparentent à de la pure nuisance sonore, le jour, et au tapage nocturne, après 22h. C'est sur la voie publique dont l'utilisation est strictement réglementée qu'est installée la scène, au milieu d'habitations et en faisant fi des protestations des riverains. La voie publique est fermée à la circulation automobile (et même piétonne) pour cette raison, avec les embouteillages que cela occasionne et le bruit des klaxons. Pourtant, en Algérie, la législation sur le bruit est bonne. Aux termes de la loi sur l'environnement de juillet 2003, les activités bruyantes qui sont «de nature à présenter des dangers nuisibles à la santé des personnes, à leur causer un trouble excessif ou à porter atteinte à leur environnement», sont soumises à des prescriptions générales, c'est-à-dire des obligations légales sans lesquelles elles ne sont pas autorisées. Parmi les conditions posées par la loi, il y a l'éloignement par rapport aux habitations. Or, rappelons-nous : juillet 2009, le Festival culturel panafricain et les scènes installées au milieu d'habitations sur la voie publique. La sonorisation, très mal maîtrisée, avait transformé un événement culturel exceptionnel en affreux tapage nocturne. L'obligation légale de l'étude d'impact n'avait pas été respectée. Elle aurait imposé de mettre les scènes loin des habitations avec une isolation phonique. Quelques semaines avant : juin 2009, les klaxons incessants et assourdissants qui ont salué la victoire des Verts contre l'Egypte (au match aller des qualifications à la Coupe du monde) ont provoqué des nuisances sonores insupportables et un tapage nocturne qui ont sans doute fortement handicapé les candidats au bac. Leur examen coïncidait avec ce match et tout le bruit, au sens propre, qui a été fait autour. En juin 2010, avec la Coupe du monde, les candidats au bac prépareront et passeront leur examen dans une ambiance sonore plus insupportable que celle de juin 2009. La décision d'avancer l'examen ne suffira pas. Le miracle du silence pourra-t-il venir d'une campagne d'explication sur les effets nuisibles de la pollution