Pour Salim Souhali, artiste et chercheur spécialisé dans le patrimoine populaire amazigh, cette manifestation «représente une initiative sérieuse» pour valoriser ce pan du patrimoine algérien qui offre à l'artiste intéressé par la culture amazighe l'occasion de «révéler ses talents et de plonger dans ce riche patrimoine qui sert le théâtre mais également les autres formes d'expression artistique telles que la musique et le chant». Toutefois, a affirmé Souhali, une approche «méthodique et scientifique à l'égard de ce patrimoine qui représente la mémoire collective de toute la société reste de mise». Hamida Aït El-Hadj, dramaturge, a pour sa part estimé qu'il est «nécessaire» d'organiser pareille manifestation en Algérie car, selon elle, la conservation de la mémoire collective reste «la seule arme pour affronter la mondialisation déferlant sur les peuples de la planète». «Notre culture est riche et a puisé dans diverses civilisations mais son substrat demeure la culture amazighe que la région a connu depuis toujours», a-t-elle ajouté. «Cette culture aux dimensions multiples ne peut nullement être confinée dans la kachabia, el-fouta et le burnous», a martelé Hamida Aït El Hadj, estimant que les contes, les devinettes et chansons populaires de ce patrimoine renferment un «riche fonds linguistique» et «des valeurs sublimes et authentiques dans lesquelles nous devons nous ressourcer». Pour M. Merdaci, enseignant et chercheur en langue amazighe, ce festival est «un premier pas dans l'exploration et la revalorisation la plus large possible» de ce patrimoine populaire si riche. Les comédiens présents ont, de leur côté, estimé que l'initiative est «enrichissante pour le théâtre algérien qui a fait ses preuves à l'échelle des régions maghrébine et arabe». Ils ont également souligné que l'expérience de production de pièces d'expression amazighe constitue «une sorte d'introspection» car «les racines amazighes s'enfoncent au plus profond de nous-mêmes». Cette expérience a été tout récemment menée, pour la première fois depuis sa création durant les années 1980, par le Théâtre régional de Batna qui a monté deux pièces d'expression amazighe : Alghem Abouhali (le chameau fou) et dDemadhen Terdjiïne (la rive de rêves). Pour leurs metteurs en scène respectifs, Salah Boubir et Lehcène Chiba, l'expérience avait quelque chose de «spontané, car elle s'est déroulée dans» le langage quotidien de nos grands-mères et de nos parents tout comme le sont la musique, les chansons et les proverbes qui y sont contenus». Pour ces deux professionnels du théâtre, ce festival constitue également «une bouée de sauvetage pour la mémoire populaire orale menacée par l'oubli». L'espoir des participants est que cette initiative se perpétuera à l'avenir et apportera à chaque fois quelque chose de nouveau, au service du théâtre et de la culture populaires.