? On savait depuis Hamlet, qu'il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. A peine la conférence sur le climat vient-elle de s'ouvrir sous des messages d'espoir pour mieux exorciser le pessimisme ambiant, que déjà un scandale éclate : le «climategate» qui met en doute l'objectivité d'éminents scientifiques du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat mandaté par l'ONU. Selon des courriels piratés, ces spécialistes auraient subi des pressions pour se taire ou pour confirmer que l'activité humaine est bien à l'origine du réchauffement de la planète. Il n'en a pas fallu davantage au représentant de l'Arabie Saoudite, parlant au nom des pétroliers de l'Opep, dont fait partie l'Algérie — les plus gros producteurs directs ou indirects de gaz à effet de serre — pour exiger une «enquête internationale» avant toute prise de décision qui affecterait l'économie mondiale. Dans ce bras de fer, l'Arabie Saoudite risque de perdre 4 millions de dollars/an et pas seulement ce pays, les autres suivront, y compris l'Algérie. Un autre scandale est venu augmenter encore l'agitation du Bella-centre, lorsque les médias ont révélé l'existence d'un texte danois aussitôt démenti. Selon Hzedegaurd Connie, qui préside le sommet : «Il n'y a pas de texte. Nous consultons les différents pays depuis des mois, c'est notre boulot». La question agitait aussi les ONG selon lesquelles «les tactiques de négociations en coulisses sous la présidence danoise se sont centrées sur la volonté de faire plaisir aux pays riches plutôt que d'être au service de la majorité des Etats qui réclament une solution équitable et ambitieuse». De son côté, le chef de la délégation soudanaise dont le pays préside le G77 (coalition de 130 pays en développement) a tenu à souligner que «le G77 ne signera pas un accord qui condamne 80% de la planète. Comme on le voit, le ton est donné : dix jours durant, Copenhague sera une foire d'empoigne où, en coulisses, s'affronteront tous les lobbies, experts à l'appui. Et si personne ne conteste le réchauffement trop évident pour être nié, certains s'évertueront à démontrer qu'il s'agit d'un cycle naturel, la terre ayant déjà connu des siècles et des années erratiques. D'autres lobbies sont purement politiques. Copenhague offre une tribune inespérée aux pays émergents ou en voie de développement. Toutes les aides économiques promises depuis des décennies, de conférences mondiales en G7 et G8, n'ont été, à quelques exceptions près, que de belles paroles. Or, le Nord «riche, s'il veut sauver» son climat qui dépend en partie du Sud «pauvre» devra cette fois-ci payer. Payer pour lutter contre la déforestation (la sylve tropicale capte le Co2), payer pour assurer un développement harmonieux, payer en faisant sauter les barrières de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), payer encore en n'exportant plus ses surplus agricoles subventionnés qui tuent les productions locales… Que de sacrifices en perspective !