La culture populaire traditionnelle empreinte de religion a ainsi contribué, à sa manière, à l' extension de l'Islam dans l'ensemble de la péninsule maghrébine et, partant, la symbiose arabo-berbère. Alors qu'auparavant ce sont non seulement les arabo–bérbères musulmans, mais les Berbères islamisés qui poussent leur expansion de l'autre côté des eaux méditerranéennes (Tarek Ibn Ziyad), agrandissant ainsi la grande Provence de l'Ifriqiya de leurs conquêtes hispaniques. C'est l'époque d'une littérature arabo–andalouse durant laquelle le Maghreb brilla de mille et un apports illuminateurs, jusqu'en Occident d'avant Renaissance ! Les nouvelles données de l'époque contemporaine Tout compte fait, cette position de langue standard semble reposer sur le fait que c'est la langue arabe qui semble, socialement, constituer le dénominateur commun du peuple algérien, ou trait d'union entre les diverses communautés et cultures de la nation algérienne : consensus national tacite autour de la langue arabe, nécessairement admise comme langue nationale officielle «ECRITE» généralisée, intégrant dans le processus de modernisation administrative et socio-environnementale,- via substitution progressive (relative) au français, aux lendemains de la décolonisation et recouvrement de l'indépendance du pays,- toutes les institutions nationales, entreprises publiques, structures culturelles, éducatives, sportives, etc., récupérées dans le cadre de l'affirmation urgente d'une souveraineté nationale recourant à l'idiome national disponible et opérationnel dans l'immédiateté post-indépendance de 1962 pour imposer sa spécificité identitaire relative, décolonisée, non –française, dans le concert des nations libres et relations internationales : autant de facteurs, parmi d'autres, qui ont fait que l'écrit de l'arabe littéral acquiert, historiquement, la place privilégiée qu'il occupe dans les institutions algériennes et leurs représentations à l'étranger, de façon plus étendue par rapport aux autres idiomes nationaux, essentiellement oraux et non systématisés, ni graphiquement constitués dès 1962, ce qui neplaidait pas pour leur généralisation et extension dès cette période, comme le fut, donc, l'écrit de l'arabe fusha, par nécessité d' administrer progressivement la quasi – majorité des populations locales dans l'usage d'un idiome auquel ces dernières pouvaient plus ou moins s'identifier, plus ou moins relativement par rapport au français prédominant de l'époque : laisser le terrain exclusivement au français, à l'issue d'une nuit coloniale de 132 ans, -on le devine- était absolument impensable en 1962, et ce d'autant plus qu'un intellectuel émérite, de la trempe de Mostefa Lacheraf, évoquait en la période non pas une intronisation ex-nihilo de cette langue, mais le devoir de restauration de la langue arabe d'avant 1830 précédant l'ordre colonial destructeur (situations pareilles, d'ailleurs, au Maghreb et au Machrek où, historiquement, l'écrit de la langue arabe a pris le pas par rapport aux idiomùs locaux ancestraux du chleuh égyptien, syriaque, mésopotamien, phénicien, cananéen, etc, demeurés involutifs, non systématisés et généralisés, voire certains essentiellement oraux, sans graphisme alphabétique, et qui explique, dans une large mesure, le terrain propice, historiquement, à l'extension de toute langue au graphisme évolué, survenant de l'extérieur, qui saurait relativement conquérir et unifier, culturellement et spirituellement, le champ socio–environnemental global déstructuré et tribalisé de ces contrées, particulièrement en ces phases de l'ère médiévale caractérisées par la multitude de communautés multilingues et disparates, souvent en constantes rivalités oppositionnelles : climat qui n'a pas été sans favoriser la propagation de la langue arabe fusha, lors de l'avènement de l'Islam au VIIIe siècle, via la propagation du message coranique, surtout là ou cette langue littérale fusha ne s'est pas heurtée à un idiome autochtone puissamment affirmé et institutionnalisé, localement, qui se serait chargé, lui –même, de la tàche de support véhiculaire du message divin, à la place de l'arabe, comme c'était le cas par exemple en Indonésie, Pakistan, Turkménie, Azerbaïdjan, etc. (certains idiomes de ces pays islamisés, -tel le perse iranien-, s'étant, par ailleurs, pourvus de la graphie de l'alphabet arabe, pour le signaler au passage. De même que des pays ont adopté la langue arabe littérale du fait que, dans certaines circonstances sociales, -il ne convient pas de le négliger- la langue arabe littérale représentait également, par sa position prééminente, hiérarchique, par rapport à d' autres langues nationales et vernaculaires de différentes communautés régionales aux diverses cultures et religions, un facteur d'unité et de cohésion nationale et spirituelle, incontestable, de toutes ces peuplades et diversités zonales (en Algérie des origines, par exemple, cela concernait, entre autres, l'unité dans la diversité des : Numido –Maures négroïdes, Amazighs berbères divers : Kabyles, Chaouis, M'Zabis, Targuis, Zouawa, Arabo- berbères etc. etc., langue arabe littérale ayant servi de facteur de cohésions nationales,donc, et ce tout particulièrement durant les phases d'occupations coloniales occidentales, et ce en dépit des manques à gagner de cette langue, étant donné que, comparativement à la Daridja de l'arabe dialectal populaire, la langue arabe littérale «fusha», quoique étendue administrativement et dans l'ensemble des institutions nationales, éducatives, médiatiques,etc., elle est, cependant, loin d'égaler la vaste et massive étendue de la Daridja orale,- ou maghrébi, comme la qualifie le linguiste Abdou El Limam,- qui couvre pratiquement l'ensemble des contrées Nord Africaines. Mais, bien entendu, cette Daridja populaire, quoique idiome «oral» le plus étendu en Algérie et au Maghreb, n'est malheureusement pas utilisé dans le registre des langues officielles d'enseignement généralisé, ou de gestion des institutions administratives, commerciales, sociales,etc. Par défaut, certes, de systématisation graphique, mais pouvant, néanmoins, l'être en appoint pédagogique d'explicitement complémentaire, de vulgarisation scientifique et culturelle ou, autres, de sensibilisation accompagnant l'écrit, pour davantage de consolidation des acquis, apprentissages, instructions, etc. Faut-il rappeler, dans ce contexte, que chaque peuple, chaque nation a ses particularités sociales historiques complexes, et que c'est dans cet ordre d'idées que l'on fait part, fréquemment, des spécificités culturelles originales des diverses contrées du monde (identité culturelle japonaise, indienne, sud-africaine, chilienne, malaisienne, brésilienne, etc.). Si bien que l'on s'est rendu compte que, par exemple, la modernité en expansion universelle sur toute la planète ne se confond pas, forcément, avec le paramètre d'occidentalité mais qu'elle revêt, en fait, les caractères spécifiques des terrains opérationnels de chaque zone où elle s' adapte ? (c'est comme pour l'adoption d'une langue étrangère universelle, l'adaptation s'y opère partout, avec plus ou moins l'accent inévitable spécifique à la langue première d'origine). Comme on pourrait ajouter par ailleurs, et toujours dans ce contexte, que l'authenticité ou originalité culturelle (Assala en arabe) dans le contexte Maghrébin, par exemple, ne signifie pas automatiquement orientalité, ou machrek, en ce sens qu'elle renvoie, d'une manière générale, aux référents du patrimoine local véhiculé essentiellement dans ses langues nationales populaires et régionales vernaculaires, et non pas au patrimoine culturel oriental véhiculé, principalement, dans la langue arabe littérale. (A suivre)