Dans ces conditions ,donc, quel est le mythique Arabe de souche qui pourrait se targuer d'avoir pu garder, de la sorte, un tant soit peu de sa légendaire « pureté raciale » qui n'a,pour ainsi dire, plus rien de fondamentalement arabique ? Etant entendu que la dénomination «Arabe» galvaudée aujourd'hui l'est dans son sens large, surtout, d'ordre essentiellement culturel,donc, comme l'a d'ailleurs tôt signifié Kateb Yacine lorsqu'il a spécifié que l'arabité est d'ordre culturel et non racial. Nous y sommes ! La dimension culturelle ou ce qui a trait à sa spécificité justement : dans cette optique la promotion nationale de la daridja ou maghrébi populaire, c'est assurément ce qui ne ferait qu'assouplir cette prééminence hiérarchique de la langue arabe fousha découlant des résultantes historiques. Une indispensable promotion que semble requérir,- au-delà de toutes considérations idéologiques ou autres - la nécessité communicationnelle sociale de convenance pratique d'échanges et de rapports multilingues basés sur la complémentarité socioculturelle, afin surtout d'éviter les entrechocs et confrontations d'idiomes langagiers au sein d'un même peuple uni sous une même bannière, dans un territoire commun, de cultures et langages pluriels, riches et diversifiés mais relevant tout autant du socle commun d'une étroite interdépendance. Celle caractérisant l'Algérie mosaicale, de par ses particularités et spécificités culturelles – linguistiques et historiques plurielles,diversifiées, mais étroitement soudées. Loin, absolument, de présenter un quelconque risque d'éclatement «balkanique», comme c'était le cas dans l'ex-Yougoslavie ou l'ex-Tchécoslovaquie, ou le risque planant aujourd'hui en Belgique entre Flamands et francophones etc., ces contrées n'entretenant, en leur sein, des particularités de rapports communautaires enchevêtrés remontant dans la nuit des temps comme c'est le cas de l'Algérie ou des pays du Maghreb, en général. Sachant que les dissonances dans le contexte algérien, intervenant par moments, ici et là, sont surtout d'ordre contestataire, fustigeant les dépassements des pouvoirs centralisateurs, interpellés occasionnellement pour plus de justice sociale et de reconnaissance identitaire, linguistique, culturelle pluraliste. Ce ne serait point, par exemple, la reconnaissance du tamazight langue nationale et officielle, et l'inauguration d'une chaîne de télévision en tamazight - le tamazight est déjà langue nationale et une chaîne radio publique berbère existe déjà - qui va mettre en danger la prééminence généralisée dans l'ensemble du Maghreb de la langue arabe ( ?). Mais, bien au contraire, c'est ce qui contribuera - du point de vue sociolinguistique - à impulser tout simplement, de façon concrète, le multilinguisme et le pluralisme démocratique, soit le droit des autres idiomes nationaux à la réactivation sociolinguistique, etc. sans que la prééminence de la langue arabe soit en rien diminuée ! Le risque est plutôt du côté des attitudes intolérantes persistant dans les attitudes rétrogrades extrêmes, qui, en s'abstenant de se pencher sur les attentes et aspirations découlant de leur propre patrimoine culturel, s'exposent à la perduration des portes ouvertes aux supputations radicales des farouches partisans de l'ultra–conservatisme des constantes figées et exclusives de l'arabité littérale officialisée unilatéralement, déniant à la langue du tamazight ou la daridja populaire, leur caractère algérien national, officiel et souverain. Comme par ailleurs, ces relents de conservatisme obsolète ne feront qu'encourager, maladroitement, ceux qui prônent l'autre idéologisme opposé , des positions culturalistes sectaires rejetant systématiquement la langue arabe, par réaction ethnocentrique, ces deux pôles extrêmes s'interdisant, de la sorte, par leurs attitudes tranchées, toutes possibilités d'approche communicationnelle et d'initiatives clarificatrices ou concertations constructives dans le sens de l'interdépendance démocratique participant de la complémentarité culturelle, linguistique pluraliste harmonieuse, dans le respect des diversités spécifiques de toutes les parties prenantes indissociables du dénominateur commun incontournable de l'Algérianité identitariste de l'ensemble mosaical en incessant devenir … Pour clore, juste une petite digression pour signifier qu'en ce qui concerne la promotion de la langue arabe, l'Algérie n'a pas de leçon à recevoir de certains panarabistes hégémonistes, sachant que les héritiers des Amazighs algériens sont parmi, sinon les premiers dans le monde arabo-musulman, à avoir le plus contribué dans notre époque moderne, à introduire la langue arabe au niveau des instances diplomatiques officielles internationales. Comme l'illustrent les annales de l'histoire, mentionnant, notamment, en lettres mémorables pour tous les déshérités de la Planète, la fameuse plaidoirie sur les rapports Nord-Sud (toujours d'actualité) du discours du président algérien Houari Boumediene, prononcé, pour la première fois dans l'enceinte de l'ONU dans la langue d'El Djahiz, que l'Algérie a ainsi mondialement honorée, pour rappel.. Suite et fin