Aucun bilan officiel n'était encore disponible, hier matin, mais diverses sources dont des journalistes d'AP ont vu de nombreux corps dans les décombres de Port-au-Prince où le Palais national était en ruines. Les Nations unies, qui entretiennent une force de stabilisation forte de 9 000 hommes en Haïti, ont, par exemple, annoncé qu'un grand nombre de leur personnel était porté manquant. Un caméraman de l'Associated Press a, pour sa part, vu s'effondrer un bâtiment abritant un hôpital dans le quartier de Pétionville après le séisme qui s'est produit à 4h53 heure locale. Le président René Préval et sa femme ont survécu au séisme, selon l'ambassadeur d'Haïti au Mexique, Robert Manuel, qui n'a pas donné d'autres détails. Des dizaines de milliers de personnes se retrouvent à la rue, y compris des blessés graves qui réclamaient l'aide de médecins. Sur certaines places, les gens chantaient et se tenaient les mains. De multiples sources faisaient état de bâtiments effondrés, de coupures d'électricité et de télécommunications et de cadavres dans les rues. Sara Fajardo, porte-parole de l'ONG Catholic Relief Service (CRS), a rapporté à la presse le récit que lui a fait Karel Zelenka, un collègue qui se trouve à Port-au-Prince. «Il doit y avoir des milliers de morts», lui a-t-il déclaré par téléphone, avant que la ligne ne soit coupée. «Il nous a dit que c'était le chaos absolu, un désastre total, qu'il y avait des nuages de poussières sur Port-au-Prince», a ajouté Mme Fajardo. Félix Augustin, le consul général d'Haïti à New York, a rapporté pour sa part qu'«il faudra deux ou trois jours pour que l'on connaisse la situation». L'ONG Médecins sans Frontières a rapporté que les équipes de MSF sur le terrain «ont constaté un afflux de blessés vers les hôpitaux MSF dans la capitale. Des patients et des membres de l'équipe ont été blessés et les structures médicales MSF ont subi des dommages importants». «Du personnel MSF supplémentaire va être déployés dans les prochains jours pour renforcer les équipes qui étaient déjà sur le terrain et pour évaluer les besoins liés ce tremblement de terre.» Selon l'institut géologique américain (USGS), l'épicentre de la secousse était situé à environ 15 km à l'ouest de la capitale Port-au-Prince et à 8 km de profondeur. Dans l'heure qui a suivi la première secousse, une série de puissantes répliques ont été enregistrées, les deux principales d'une magnitude de 5,9 et 5,5, selon Don Blakeman, de l'USGS dans le Colorado. «Nous nous attendons à encore d'autres répliques, parce que c'est un séisme important, et peu profond», a-t-il dit. «Je crois que nous allons avoir des dégâts et victimes substantiels», a-t-il ajouté. Raymond Joseph, ambassadeur de Haïti aux Etats-Unis, est parvenu à joindre brièvement l'entourage du président René Préval. Son chef de cabinet Fritz Longchamp lui a raconté que «des immeubles s'effondraient de toutes parts» autour du palais présidentiel. Après ce témoignage, la ligne a été coupée et n'a pu être rétablie, rapporte M. Joseph. «Tout le monde est totalement terrifié et sous le choc», a raconté Henry Bahn, du ministère américain de l'Agriculture, «le ciel est gris de poussière». Il marchait dans la rue quand la terre a tremblé : «J'ai continué à avancer, et je rebondissais contre les murs. J'ai juste entendu énormément de bruit, et des cris.» Le gouvernement américain a annoncé qu'il tenait des réunions d'urgence pour organiser des secours. «Des équipes américaines de secours et de recherches ont été mises en alerte, et nous essayons de savoir dans quel état est l'aéroport», a fait savoir un porte-parole du Département d'Etat. De nombreux pays d'Amérique latine ont également annoncé leur intention de porter secours aux victimes. Le tremblement de terre a été ressenti de l'autre côté de la frontière, en République dominicaine, qui partage avec Haïti l'île caraïbe d'Hispaniola. Il a déclenché la panique à Saint-Domingue, la capitale, où des habitants affolés ont fui les bâtiments en train de trembler. Le tremblement de terre a également été ressenti à Cuba, déclenchant la panique parmi les habitants de la partie orientale de la grande île caraïbe. «On l'a ressenti très fort, et longtemps, on a eu le temps de descendre dans la rue», a expliqué Mgr Dionisio García, archevêque de Santiago de Cuba, l'un des endroits de Cuba les plus proches d'Haïti. On ne faisait en revanche pas état de dégâts à Cuba. Selon un autre analyste de l'institut géologique américain, Dale Grant, il s'agit du séisme le plus important enregistré dans la région: le dernier fort tremblement de terre en Haïti remonte à 1984, et il avait une magnitude de 6,7. M. B.