Comme si la pauvreté ne suffit pas, la nature s'est «attaquée» aux Haïtiens. Un séisme, le plus fort depuis au moins un siècle, a frappé mardi dernier Haïti. Avec une magnitude de 7,1 sur l'échelle de Richter, il s'agit là d'une «catastrophe majeure» comme l'affirment les géologues. Dans la capitale, Port-au-Prince, tout s'est effondré, même le palais présidentiel, mais le président René Préval a eu la vie sauve. M. René Préval, qui se trouvait lui-même avec son épouse à Port-au-Prince, a qualifié les scènes dont il a été témoin d'«inimaginables». «Le Parlement s'est effondré. Le siège de l'administration fiscale s'est effondré. Des écoles se sont effondrées. Des hôpitaux se sont effondrés […]. Certaines écoles sont remplies de cadavres», a-t-il déclaré. «C'est une catastrophe», a jugé son épouse, Elisabeth Préval. Dans les rues de la capitale, «j'enjambe des corps sans vie. Enormément de gens sont ensevelis sous les décombres. L'hôpital général s'est écroulé. Nous avons besoin de soutien. Nous avons besoin d'aide», a-t-elle observé. Aucun bilan des victimes n'est encore disponible mais l'intensité de la catastrophe laisse craindre le pire. «Les morts seront comptés par centaines lorsqu'il sera possible de dresser un bilan», a averti un médecin. Un travailleur humanitaire présent à Port-au-Prince au moment du séisme a décrit une situation de «chaos» et a dit redouter «des milliers de morts». Plusieurs établissements universitaires ont été endommagés par le choc et des étudiants sont bloqués sous les débris. De nombreux élèves sont également bloqués à l'intérieur des lycées. Des centaines de personnes sont également prisonnières sous les décombres des immeubles, hôtels et magasins qui se sont écroulés. L'immeuble de cinq étages qui abritait les services des Nations unies s'est effondré. Le représentant spécial de l'ONU est très probablement décédé. L'hôtel Montana, où sont logés la plupart des membres de la mission, s'est également effondré. L'acheminement des blessés est rendu difficile du fait de graves perturbations sur les axes de transport. Les communications sont pratiquement coupées. Des images de Reuters télévision montrent des scènes de chaos et de panique dans les rues de Port-au-Prince où errent des gens hagards et en sanglots. Tard dans la nuit de mardi à hier, des habitants utilisaient des lampes torches pour tenter de trouver des survivants dans les décombres. «Toute la ville est dans l'obscurité. Il y a des milliers de personnes assises dans les rues qui n'ont nulle part où aller», a déclaré un responsable de l'organisation caritative Food for the Poor. La violente secousse advenue à 16 h 53 (heure locale) a été suivie d'une trentaine de répliques très violentes, allant jusqu'à une magnitude de 5,9. Le séisme, dont l'épicentre se trouvait à 10 kilomètres de profondeur, a été si puissant qu'il a été ressenti jusqu'à Guantanamo, situé à environ 300 kilomètres de Port-au-Prince. Haïti est très mal équipé pour faire face à ce type de catastrophes et a lancé un appel à l'aide internationale. La réponse ne s'est pas fait attendre et de nombreux pays ont déjà acheminé leurs aides. La Chine va envoyer des équipes de secours avec leurs chiens pour participer aux recherches, ainsi que du matériel. La France a dépêché deux avions d'aides et de sauveteurs. Le gouvernement allemand a annoncé une aide humanitaire d'urgence de 1,5 million d'euros. L'Espagne, la Grande-Bretagne ont aussi envoyé de l'aide matérielle et humaine. Plus proche d'Haïti, les Etats-Unis préparent une grande opération de secours. Une réunion a eu lieu tard mardi soir à la Maison-Blanche pour coordonner l'aide aux sinistrés. Au Vatican, le pape Benoît XVI a ordonné la mobilisation immédiate du réseau caritatif de l'Eglise catholique en faveur des victimes. La Commission européenne a annoncé hier avoir débloqué trois millions d'euros pour une aide d'urgence en faveur de Haïti. A signaler enfin que, selon l'Institut géologique américain, d'autres répliques vont avoir lieu atteignant même une magnitude de 6. H. Y.