Les sources paléo-afro-amazighes A l'image de la multiplicité et variété de ses reliefs et climats, la protoculture ancestrale et culture contemporaine de l'Algérie revêt de multiples facettes, témoignant toujours, aujourd'hui, comme hier par le passé, de la richesse inouïe de son patrimoine hautement diversifié et une histoire abondante en événements et bouleversements multidimensionnels, dont les principales caractéristiques ont été le substrat Afro- amazigho -punique, les invasions romaines, byzantines, vandales, la pénétration coloniale française, au début du XIXe siècle, en passant par l'arabisation-islamisation et l'implantation ottomane en Algérie, et au Maghreb en général. Substrat Afro-amazigh maghrébin antique, faisant suite, comme nous le révèlent les approches anthropo- ethnoculturelles pluridisciplinaires récentes, à un fond de peuplades africanoides préhistoriques et protohistoriques métissées, qui auraient évolué du paléolithique au néolithique, présidant à l'émergence et affermissement des filiations paléo-amazighes auxquelles se seraient annexées d'autres peuplades numido–mauresques, lors de leur extension territoriale. Succession de peuplades, comme en témoignent les vestiges du site, préhistorique, des fresques du plateau du Tassili n'Ajjer dont le chercheur suédois George Cristea, entre autres, fait état dans ses éléments rupestres minutieusement étudiés, mentionnant : «(…) des gravures, ou peintures, témoignent (…) jusqu'à la fin de l'époque du cheval et, même, au commencement de l'époque caméline», et «malgré le fait qu'il s'agisse d'une période très longue (…) d'une succession de peuplades qui n'avaient rien en commun», mais force est de constater «une persistance étonnante de ces éléments. C'est comme si ceux-ci avaient été repris par les nouveaux venus, avaient été utilisés comme tels et puis avaient été cédés à ceux qui succédèrent. Une telle continuité, qui se prolonge sur une durée de 6 000 - 9 000 années, n'est, à notre connaissance, connue nulle part. Une bonne partie de ces témoignages du Tassili est, sans aucun doute, plus ancienne que les éléments dramatiques les plus âgés de l'Egypte. Il s'agit, surtout, de la période hiératico–archaïque. Plus tard, aux époques suivantes, nous trouvons des éléments communs aux deux cultures» ( Cf. Eléments de manifestations dramatiques au Sahara mésolithique et néolithique, revue ILVE n° 9 de l'université d'Oran, p.85 – 96, Algérie juin 1990). Il y a lieu de faire observer, cependant, à propos de ces différentes peuplades préhistoriques et protohistoriques qui se sont succédé au Tassili, sans rien entretenir de commun, comme l'écrit le chercheur suédois, qu'elles se caractérisaient néanmoins, à maints moments de la vie évolutive, par l'établissement de certains rapports, de divers ordres, qui expliqueraient, toutefois, les points de rapprochements de leurs éléments de cultures et moeurs sociales similaires, relevés par les paléoanthropologues, vraisemblablement. Ceci, notamment, à la faveur des liens protohistoriques, multiples, résultant des divers contacts et heurts de guerre, d'esclavagisme, ou autres, qui expliqueraient, dans une certaine mesure, les métissages qui interviendraient… C'est du moins -en attendant les développements futurs- ce dont font état les recherches récentes dans leurs interprétations de la présence manifeste de vestiges divers témoignant de brassages culturels et ethniques multiples, entre négroides ancestraux et nouveaux arrivants à peau blanche, qui auraient abouti à ces croisements de peuplades métissées, caractérisant les paléo-amazighs : ancêtres succédant qui seront, appelés eux- mêmes, à leur tour, à intégrer de manière symbiotique, les apports futurs, si réduits soient-ils, dérivant des contingentements des divers arrivants, véhiculant d'autres mœurs et cultures, survenant en Afrique du Nord antique, ceux, notamment, représentatifs de la civilisation romaine, judéo- chrétienne, vandale, byzantine, hispanique, ottomane, française et, tout particulièrement, celle marquante arabo – musulmane, à la faveur de son périple missionnaire propagateur du message de l'Islam . D'où l'accroissement de la diversité des peuplades et métissages inter–communautaires qui accouchera, ultérieurement, in fine, de la spécificité de l'Algérianité mosaicale ; à l'instar de ce qui s'est opéré, à certains égards, dans l'ère contemporaine aux Etats-Unis d'Amérique, où autochtones originaires et migrants venant d'Europe, d'Afrique, etc. , ont fusionné harmonieusement en grande nation fédérative démocratique, plurilingue, multiculturelle et multiconfessionnelle, dont s'énorgueillit l'Américain originale d'aujourd'hui. (A suivre)