Essayant d'illustrer ce déséquilibre des relations commerciales en défaveur de l'Algérie, l'auteur de ce texte, Zohir Bouzid, a démontré que «l'Afrique n'est concernée que par 1% du volume global des exportations de l'Algérie, un pays qui peine à s'orienter vers le sud, en dépit d'un potentiel important et des marques d'intérêt des importateurs africains». Se référant aux propos de Mohamed Benini, président de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX), M. Zohir a précisé que «le volume des exportations algériennes vers l'Afrique n'est que de 835 millions de dollars. Les échanges commerciaux entre l'Algérie et le continent noir ne dépassent pas les 1,694 milliard de dollars, soit 1% seulement du volume global des échanges extérieurs du pays». Ce sont là les chiffres officiels communiqués par le ministère du Commerce algérien. Le premier responsable de ce département, El-Hachemi Djaâboub, affirme que «ces chiffres sont en deçà des attentes de l'Algérie et de ses partenaires africains». M. Benini estime que l'Algérie n'a pas fait suffisamment d'efforts pour diriger ses exportations vers le sud. «La priorité, ces dernières années, était d'aller vers les marchés traditionnels comme l'Europe du Sud, dont nous sommes assez fortement dépendants à l'import comme à l'export» regrette M. Benini. «L'Algérie est en projection d'accroissement des zones de libre-échange, comme celles avec l'Union européenne et les pays arabes. Nous devrions faire de même avec les pays frontaliers, où la logistique de transport est moins contraignante, notamment en concluant des accords préférentiels avec ces pays-là », ajoute-t-il. Certains exportateurs algériens n'ont pas attendu la signature de ces accords pour aller à la conquête des marchés du Sud. «Ces dernières années, on constate que nos exportateurs se redéploient sur les marchés africains, notamment en Mauritanie, au Niger, en Libye…», assure Djillali Tariket, P-DG de la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (Cagex). M. Tariket précise cependant que beaucoup de pays africains présentent encore un risque en matière de capacités de paiement. «Il se trouve que les importateurs de certains pays d'Afrique subsaharienne ne sont pas en mesure de présenter les preuves de solvabilité en matière de crédits bancaires», indique le P-DG de la Cagex. Malgré cela, ces marchés doivent, selon lui, être fidélisés pour des raisons de proximité. Ali Bey Naceri, consultant en exportation, qui revient d'une exposition algérienne à Douala, au Cameroun, note qu'il y a eu un «vif intérêt» des industriels et importateurs camerounais pour les produits algériens. «Les produits algériens ont connu un grand succès sur place», indique-t-il. Le Cameroun fait partie de la Cemac, Communauté économique des marchés de l'Afrique centrale, qui représente d'importantes opportunités pour les exportateurs algériens. Mais l'environnement logistique ne permet pas d'avoir des prix compétitifs, parce qu'il n'y a pas de liaisons maritimes directes entre l'Algérie et la majorité des pays africains détenteurs de ports. En plus de l'Afrique centrale, l'Afrique de l'Ouest est aussi un prolongement naturel du marché algérien. Les produits industriels made in Algeria pourraient trouver leur place dans les huit pays de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). «D'après des études de marché que nous avons réalisées, les produits qui ont moins d'exigences normatives ont de grandes chances de trouver acquéreur dans les pays d'Afrique subsaharienne, déclare Marc Martinant, chef du projet Optimexport. Zohir Benslim, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) n'est pas très optimiste quant au développement des exportations algériennes vers leur marché de prédilection. «Apparemment, le pétrole nous a noyés, il n'y a qu'à voir nos voisins immédiats, le Maroc et la Tunisie, qui, eux, ressentent le besoin d'exporter plus que nous», conclut M. Benslim.