Un mois après avoir été officiellement installé, le Conseil d'affaires algéro-russe a tenu hier à Alger sa première session, avec la participation de plusieurs hommes d'affaires algériens et russes venus de divers secteurs d'industrie et de commerce. Si initialement le conseil a pour objectif d'œuvrer pour « l'extension et le développement des relations commerciales et industrielles entre les opérateurs économiques des deux pays », les premières tâches qu'il aura à accomplir cependant devraient s'orienter vers l'aspect communication et information mal pris en charge jusqu'ici. Selon le coprésident algérien du conseil, Kamel Abderahim, également directeur général d'Industries médico-chirurgicales (IMC), si « les hommes d'affaires russes s'intéressent beaucoup plus aux mines et aux hydrocarbures », c'est par « manque d'information » sur les autres secteurs susceptibles d'attirer des investissements importants, à l'exemple du secteur touristique. En effet, sur les 21 compagnies russes membres du conseil, plus de la moitié vient du secteur de l'énergie et des mines. D'ailleurs, le coprésident russe du Conseil n'est autre que Mikhaïl Goutseriev, le président de la RussNeft, la toute puissante compagnie composée de 30 entreprises de production pétrolière, de 3 raffineries de pétrole et qui dispose de son propre réseau de distribution via les stations-service qui se trouvent dans les 17 régions de la Russie et de la Communauté des Etats indépendants (CEI). En plus de ce grand holding pétrolier, il y a lieu de noter la présence, hier aux travaux de la 1re session du Conseil d'affaires algéro-russe, de la compagnie Stroytransgaz, une grosse corporation de 25 entreprises leaders dans la construction de canalisations et d'infrastructures gazo-pétrolières. Présente en Algérie depuis 7 ans, la compagnie a déjà bénéficié de contrats de plusieurs millions de dollars et récemment soumissionné pour un appel d'offres algérien concernant la réalisation, l'exploitation et la gestion d'un complexe d'ammoniac et dérivés. C'est dire que tout l'intérêt que les Russes portent à l'investissement en Algérie est orienté actuellement vers l'énergie et les hydrocarbures, deux secteurs autour desquels le représentant de Stroytransgaz souhaite établir « un partenariat stratégique entre les sociétés russes et Sonatrach qui permettra de protéger les intérêts économiques des deux pays ». Le coprésident russe du Conseil ne manquera pas néanmoins d'indiquer que d'autres secteurs sont susceptibles d'intéresser l'investissement russe comme ceux de la construction, des ressources en eau mais surtout des TIC et de la télécommunication. Du côté algérien, l'on veut à tout prix « charmer » les hommes d'affaires russes par le potentiel touristique que recèlent les différentes régions du pays et les ramener à investir dans ce domaine, comme ils le font depuis quelques années en Tunisie et au Maroc. Un long exposé a été présenté à ce propos par le directeur général de l'Agence nationale du développement touristique (ANDT), M. Chelloufi, qui dira que l'Algérie accuse un grand déficit en capacité d'hébergement, mais qu'un programme de développement de ce secteur ambitionne d'atteindre 200 000 lits d'ici à l'horizon 2015. Sur le plan commercial, beaucoup reste à faire pour remédier au déséquilibre flagrant de la structure des échanges commerciaux. Selon M. Chami de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, « la balance commerciale demeure en faveur de la Russie » en ce sens que le volume des exportations algériennes est très faible. En effet, le volume des échanges commerciaux entre l'Algérie et la Russie a atteint, en 2005, 364 millions de dollars, dont 362 millions de dollars représentent uniquement les exportations russes vers l'Algérie. Les exportations algériennes vers la Russie ne représentent, quant à elles, que le modique montant de 2 millions de dollars (une centaine de tonnes de dattes et quelques produits industriels). 47% du volume des exportations russes sont représentés sous forme de demi-produits destinés en majorité au secteur du bâtiment et des travaux publics. Il s'agit, notamment de matériaux de construction (acier, rond à béton, bois, etc.). Les produits alimentaires, essentiellement du blé (800 000 t importées par l'Algérie en 2005), représentent 35% des exportations russes vers l'Algérie.