En réaction, Ankara, qui a rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis «pour consultation», a souligné que Washington «accuse la nation turque d'un crime qu'elle n'a pas commis». La résolution adoptée par 23 voix contre 22 membres de ladite commission demande au président américain Barak Obama de «qualifier de façon précise l'extermination systématique et délibérée de 1 500 000 Arméniens de génocide». Même si le texte de résolution adopté n'a pas force de loi, il est à noter que la politique étrangère américaine se dessine au niveau des deux Chambres des représentants américains, le Congrès et le Sénat. Par cette démarche, il semblerait que Washington se considère le gardien du monde, rappelle Ankara. Une adoption de cette résolution intervient au lendemain du rapprochement d'Ankara et de Téhéran, les positions turques acculant Israël depuis son agression militaire contre Ghaza. Des positions et des choix politiques adoptés par le gouvernement turc mal perçus par Washington et de surcroît par son allié, Israël, et nul n'ignore que ses lobbies aux Etats-Unis ont la main forte sur le Congrès et le Sénat. Une adoption du texte malgré la mise en garde préalable de la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Mme Clinton, mettant à mal les relations entre les deux Etats. La résolution parle d'événements survenus entre 1915 et 1917, période marquant le début de la chute de l'Empire ottoman. A ce propos, et selon Mme Clinton, citée par le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Michael Hammer, «si le Congrès allait de l'avant dans l'adoption de cette résolution, cela pourrait dresser des obstacles devant la normalisation des relations entre la Turquie et l'Arménie». A ce propos, la partie turque a fait savoir, hier, par Ahmet Davutoglu, qu'elle «attend de l'administration américaine qu'elle fasse dès maintenant des efforts plus efficaces» en vue d'empêcher le vote du texte en séance plénière. Tout en rappelant qu'Ankara est un partenaire stratégique de Washington au Proche-Orient et membre de l'Otan, ce même responsable turc a averti que son pays «allait évaluer d'éventuelles mesures de rétorsion» sans apporter plus de précisions. Et d'indiquer que les consultations avec l'ambassadeur turc aux Etats-Unis rappelé par Ankara «pourraient durer longtemps». Ce qui semble tout indiquer que cette tension s'inscrit dans la durée sur fond de l'évolution de la situation au Proche-Orient, ayant trait aux éventuelles négociations entre Palestiniens et Israéliens, la médiation turque dans les négociations indirecte entre Damas et Israël et le dossier iranien pour ne citer que ces derniers. La Turquie par Ahmet Davutoglu a fait savoir aussi à Washington que la démarche relative à l'adoption de la résolution «ne saurait servir de moyen de pression sur la Turquie» et ce, «dans ses efforts de normalisation de ses relations avec l'Arménie», selon ses propos. Il est à rappeler qu'en octobre dernier, Ankara et Erevan ont signé deux protocoles, non encore ratifiés par leurs Parlements, visant l'établissement des relations diplomatique entre les deux pays ainsi que l'ouverture des frontières.