Mais à chaque opération, sa diplomatie le sauve. Il avait promis à maintes occasions de faire de l'Afrique, l'espace incontournable qu'il négligera pas. Ce n'est pas aussi sûr. Un regard sur le calendrier de 2002 nous rappelle le congrès de Séoul des 28 et 29 mai 2002, tenu juste à la veille du match d'ouverture de la Coupe du monde de football, qui était un congrès particulier, un moment fort pour les candidats. Chacun mettait du sien pour changer d'équipe. Tout le monde croyait que le président de la CAF avait la garantie d'être soutenu par les fédérations africaines, mais voilà que chaque jour qui passe n'apporte pas de bonnes nouvelles ! On imagine le scénario : «Un Blatter tout sourire, jouissant de sa victoire et un Hayatou se mordant les doigts et s'indignant de la trahison des siens !», souligne un journaliste proche du dossier FIFA. Le premier a annoncé la couleur, l'on se souvient, il était bien le président de la Fédération libérienne de football, Edwin Snowe, qui avait mené à travers le continent africain une campagne en faveur de Blatter qu'il avait baptisée : «Les amis de Blatter en Afrique». Une gifle inattendue secoue l'île de la CAF. Le Libérien disait : «Sous la présidence d'Hayatou, la CAF n'a rien fait pour les pays africains, la plupart de mes collègues en Afrique en conviennent». Mais cela ne fléchit guère le chef de la CAF, qui était confiant quant au soutien de la plupart des pays africains à sa candidature. Espoir démesuré ? Peut-être. Et on ne sait pas si l'appui du président de l'UEFA, Lennart Johansson, malheureux candidat contre Blatter en 1998, serait à même de faire la différence et faire pencher la balance en faveur de Hayatou. «Une chose est, cependant, certaine : comme lors des campagnes pour l'organisation de la Coupe du monde, l'Afrique risque, une nouvelle fois, avec la candidature de Hayatou à la présidence de la FIFA, d'essuyer le même revers», soulignait avec force le rédacteur africain dans son journal électronique. Et d'ajouter que «la veille, Sepp Blatter s'était déclaré confiant sur le nombre de voix qu'il recueillerait de la part des pays africains pour l'élection présidentielle». Sepp Blatter, en visite au Lesotho pour une tournée de cinq jours dans neuf pays d'Afrique Australe a déclaré : «L'Afrique est libre de voter pour qui elle l'entend mais si vous réfléchissez à tout ce que j'ai fait pour l'Afrique, je suis sûr que j'obtiendrai un soutien substantiel». Le Suisse rappelle pour appuyer son propos, son soutien à la candidature de l'Afrique du Sud pour l'organisation de la Coupe du monde 2006 et la mise en œuvre du principe de rotation entre continents qui garantit à l'Afrique d'accueillir en 2010, la première Coupe du monde de son histoire. Les faits sont là, tout est lié, rien ne fut annoncé pour rendre transparents les actes et les promesses. Janvier 2010, Jérôme Champagne, pour rappel, était directeur des relations internationales au sein de la FIFA pour laquelle, il avait donné onze années de bons loyaux services. Il était aussi membre du Comité français d'organisation (CFO) de la Coupe du monde France 1998. Avant d'être tout simplement remercié pour ne pas reprendre l'expression utilisé par Afrique Asie limogé. Il avait pourtant fait de cette instance internationale du foot, un carrefour et à la fois une vitrine. Il fut un chef d'orchestre pour les uns et un maestro de la communication pour les autres. «Il coordonnait les interventions de la Fifa dans les conflits entre les Fédérations nationales africaines de football – dont il défendait l'autonomie – et les ministres de tutelle», soulignait avec force le journal Afrique Asie. Son objectif instaurer «la bonne gouvernance, le développement durable et la transparence financière». Le rédacteur, auteur du dossier, écrivait «il ne se faisait pas prier pour vanter les initiatives lancées en Afrique par la Fifa depuis 1998, du programme d'assistance financière «Paf» au projet «Goal», en passant par le programme «Gagner en Afrique avec l'Afrique». En Europe, grâce à la présidence française de l'Union (Michel Platini), il s'attela aussi à faire avancer la règle dite du «6+5», qui veut limiter le nombre de joueurs étrangers alignés sur le terrain par un club afin de… «revitaliser les championnats africains». Dès 1999, Champagne se lança dans une campagne débridée en faveur de la candidature de l'Afrique du Sud à l'accueil de la Coupe du monde 2010».