Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a promis aux investisseurs nationaux que les représentations diplomatiques algériennes feront la promotion de leurs produits à l'étranger. L'Algérie inaugurera bientôt deux nouvelles représentations diplomatiques : à Oslo et Zagreb. Une mission avec qualité de consulat général sera ouverte cette fois à Dubaï. Cela portera le nombre des ambassades algériennes à l'étranger à 125, a annoncé mercredi dernier le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors de son intervention en qualité d'invité d'honneur, au 7e Symposium, organisé par l'institut de formation Management développement International (MDI), tenu à l'hôtel El-Aurassi d'Alger. Le ministère dispose par ailleurs de 4 000 fonctionnaires dont 1 400 diplomates. 643 sont en poste à l'étranger. Il y a des opérations de rotation et, tour à tour, les diplomates sont en poste en Algérie ou à l'étranger. Depuis quelque temps, l'économie entre dans le cadre de la formation des diplomates pour les aguerrir aux nouvelles missions de promotion des produits algériens à l'étranger. Il faut savoir que le MAE comporte actuellement 122 postes diplomatiques : 46 en Europe, 26 dans les pays arabes, 25 en Afrique, 12 en Asie et Océanie, 11 aux Amériques et 2 représentations permanentes (une à New York et une à Genève). Une direction générale des relations économiques internationales dans le nouvel organigramme Le champ d'action de la diplomatie moderne ne se limite plus comme par le passé à la seule défense des intérêts du pays à l'étranger. Aujourd'hui, elle se voit confier une nouvelle mission : faire la promotion des produits agricoles ou manufacturés éligibles à l'exportation. Cette mission dans les pays modernes est parfois endossée par le premier magistrat du pays lui-même. Il n'est pas rare, en effet, que des présidents et des rois fassent des visites d'Etat pour, entre autres, vendre un savoir-faire, une technologie ou des produits issus du génie créateur de leurs citoyens. Conscients des enjeux mondiaux actuels, les responsables algériens ont initié pour leur part un programme d'action visant à transformer les missions diplomatiques à l'étranger en véritables “boîtes de communication” chargées de promouvoir les produits algériens. Lors de son intervention, le ministre a également annoncé la création d'une direction générale des relations économiques internationales dans le nouvel organigramme de son département. Il révèle par ailleurs que la communication aura elle aussi sa direction générale au niveau du ministère des Affaires étrangères. Ces deux nouveautés, dans l'organigramme du département des Affaires étrangères, sont à considérer, selon le patron de la diplomatie algérienne, comme une preuve quant à la volonté de l'Algérie de promouvoir son image et ses produits à l'étranger. Justement, à propos de l'image du pays à l'étranger, il rappelle que “les entrepreneurs algériens, appelés à voyager souvent pour acheter et vendre, sont, eux aussi, les ambassadeurs de l'Algérie”. Il demandera à cet effet aux entrepreneurs algériens de veiller à donner une image positive du pays ternie par la décennie noire du terrorisme. Toujours en matière de nouvelle notion dite “diplomatie des affaires”, le ministre fait part de la formation de 13 attachés commerciaux qui seront chargés de promouvoir les produits algériens à l'étranger et qui aideront les entrepreneurs algériens à trouver de nouveaux débouchés à l'exportation. À ce sujet, il n'omettra pas de remercier l'ambassadeur des Etats-Unis (présent à la cérémonie) qui a permis aux attachés commerciaux algériens de suivre une formation aux Etats-Unis. Issad Rebrab réclame la facilitation de délivrance de visas pour les techniciens dont ont besoin les entreprises algériennes L'économie algérienne est réputée pour être une consommatrice de produits importés, ce qui a conduit les économistes à qualifier cette situation “import-import”. À ce sujet, justement Issad Rebrab, P-DG du groupe Cevital, intervient pour rappeler au ministre que les accords passés avec l'Union européenne et portant sur la détaxe douanière accordée sur certains produits, ont sanctionné les producteurs algériens qui ne peuvent pour leur part bénéficier des mêmes avantages. Le capitaine d'industrie espère que lors des prochaines négociations avec l'Union européenne, ce volet sera pris en charge, d'autant qu'aujourd'hui l'Europe est importatrice de ces produits alimentaires. Le P-DG de Cevital rappelle que la production nationale est aujourd'hui excédentaire sur certains produits auxquels des avantages fiscaux ont été consentis. Les producteurs algériens doivent en conséquence bénéficier, à leur tour, du taux zéro quant à la taxe douanière sur ces marchandises lorsqu'elles seraient exportées vers l'Europe, si les partenaires algériens parviennent à exiger la réciprocité. Sur un autre volet, Issad Rebrab réclame la facilitation de délivrance de visas pour les techniciens et les experts étrangers dont ont besoin en urgence les entreprises algériennes et aussi l'intervention des autorités compétentes pour permettre la circulation des engins utilitaires indispensables aux opérations d'exportation. Pour le moment, ce sont les dérogations accordées par l'administration italienne qui viennent au secours des entreprises algériennes, faute d'accord avec le partenaire européen. Le ministre des Affaires étrangères a rappelé les conditions durant lesquelles les accords ont été signés avec l'Union européenne en 2005. C'est avec fierté qu'il annonce que l'Algérie, libérée du poids de l'endettement et retrouvant la paix, négociera les prochains accords avec l'Union européenne en position de force. Il promet aux entrepreneurs algériens que lors des prochains tours de négociations avec l'Union européenne, la partie algérienne fera tout pour ne pas les léser cette fois aussi. Il rappelle les 200 accords intergouvernementaux à portée économique, paraphés par l'Algérie avec des partenaires étrangers. Il annonce la poursuite des pourparlers avec les pays arabes et les pays de l'Afrique de l'Ouest pour l'établissement de relations économiques dans le cadre des zones de libre-échange que permettront ces pôles géographiques. Quant à l'entrée de l'Algérie dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC), il qualifiera les pourparlers d'âpres car les conditions d'accès aux nouveaux arrivés deviennent de plus en plus draconiennes. Lors de son intervention, le modérateur de cette manifestation et directeur de l'institut de formation IDI, Brahim Benabdeslam, propose que les opérations de mise à niveau des entreprises soient pilotées par l'Algérie qui en a les moyens. Pour rappel, la mise à niveau des entreprises algériennes est timidement menée actuellement grâce à des financements de l'Union européenne. Le ministre des Affaires étrangères met l'accent, à la fin de son intervention, sur la politique algérienne en matière d'échanges économiques qui se base sur le partage des intérêts mutuels : “Nous sommes pour des accords, gagnant-gagnant. Chaque partie doit trouver son compte.” Il rassure enfin les entrepreneurs algériens quant à la non-réversibilité des options économiques engagées par le pays où l'économie de marché est un choix incontournable. À titre d'exemple, il affirmera que 70% des échanges commerciaux avec l'étranger sont réalisés par le secteur privé depuis la libéralisation du marché. Sur le plan des nouvelles technologies de l'information, le ministre se félicite de l'usage de l'outil informatique pour les échanges avec les représentations diplomatiques à l'étranger. Il informe aussi les entrepreneurs sur la nouvelle mise en place d'un portail informatique du ministère des Affaires étrangères et qui sera en réalité une banque de données alimentée par les animateurs de la vie économique. Saïd Ibrahim