Plusieurs années après la guerre destructrice Iran-Irak, les experts israéliens se penchent sur l'état et le volume de l'armement mis à la disposition des militaires iraniens. Les conditions matérielles de l'ennemi sont décortiquées dans les sous-sols de la Kyria, le Pentagone israélien, pour définir la stratégie à suivre afin de neutraliser les forces nucléaires iraniennes. L'impression générale qui se dégage de cette analyse démontre que, malgré les rodomontades d'Ahmadinejad, l'armée iranienne n'a pas encore acquis les moyens de sa politique offensive. Elle reste une armée de fantassins, prête à défendre ses frontières ou à envahir ses voisins plutôt qu'une armée dotée d'une technologie de pointe. L'embargo, qui rend sceptique plus d'un observateur, aurait cependant contribué à freiner la modernisation de troupes qui ont perdu 40% de leur arsenal durant la guerre avec l'Irak et qui restent dotées, encore aujourd'hui, d'un matériel qui a subi l'usure du temps. Les forces d'active sous le commandement du major General Seyed Hassan Firouzabadi comprennent 570 000 militaires et civils dont 350 000 soldats de carrière et 220 000 conscrits. Mais les éléments les plus entraînés, les plus inconditionnels, les plus dogmatiques, les plus nationalistes et les plus loyaux envers le régime sont les Gardiens de la Révolution au nombre de 125 000 hommes répartis en quatre corps comprenant quatre divisions blindées et six divisions d'infanterie. Ils représentent une entité complètement indépendante de l'armée régulière avec leur propre budget, leur marine, leur armée de l'air et leurs forces terrestres. Les hautes autorités de l'Etat s'appuient sur cette colonne vertébrale du régime. D'ailleurs, les Américains ont compris qu'ils devaient traquer les comptes bancaires occidentaux de ces Gardiens pour les empêcher de s'approvisionner en nouveaux moyens militaires. L'infanterie aligne 1 600 tanks incluant 100 tanks Zulfiquar, dérivés du T72-S, fabriqués sous licence russe par les usines locales iraniennes. La majorité des chars est composée de Chieftains anglais ou de M-60 américains qui datent du temps du Shah. Des tanks russes T54 à T72 ont été intégrés après avoir été confisqués aux Irakiens lors de la guerre et ont été complétés par des achats auprès de la Chine et de la Corée du Nord. Mais l'origine occidentale de la majorité du matériel de base entraîne une forte dépendance vis-à-vis de l'étranger. Les pièces détachées, indispensables à la remise en état de ce matériel lourd, font l'objet d'un embargo partiellement détourné par certains pays d'Afrique qui trouvent une source de revenus exceptionnels dans la revente à l'Iran de matériel de récupération au rebut. Cette difficulté d'approvisionnement permet d'avoir un doute sur la qualité de la maintenance du matériel et a fortiori sur la fiabilité des tanks. Après sa guerre avec l'Irak, l'Iran s'était lancé dans une politique de réarmement auprès de nouveaux fournisseurs et plus particulièrement la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Tchécoslovaquie et la Pologne. Les pays de l'Est lui fournirent alors les chars MBT que certains voient comme une réplique du Merkava israélien sans que l'on puisse déterminer par quel canal la copie a pu s'effectuer. Failles dans la défense du territoire Les forces aériennes comprennent 30 000 personnes et 319 avions de combat. Mais à peine 60% du matériel américain reste en état de fonctionnement et 80% de l'aviation est en fait d'origine russe. L'intégration des F-14 avec les Mig-29 crée une hétérogénéité qui ne favorise pas l'efficacité de l'aviation. L'Iran détient par ailleurs, en provenance d'Irak, quelques Sukhoï Su24-S âgés de plus de 25 ans. Les avions de transport et les hélicoptères sont en nombre limité. Les forces aériennes sont organisées en trois zones avec un commandement indépendant. La zone Ouest, couvrant la frontière irakienne ainsi que la région de Téhéran, fait l'objet de la plus grande attention puisqu'elle abrite la majeure partie des intercepteurs et des chasseurs-bombardiers. La zone Sud protège le Golfe persique avec des appareils P-3F de patrouille maritime. Cette organisation montre cependant ses faiblesses et ses lacunes en particulier dans la couverture radar du territoire iranien qui s'étend sur plus de 2. 000 kilomètres. Les analystes militaires ont détecté un manque de communication et d'organisation interarmées qui réduit l'efficacité des pilotes iraniens soumis par ailleurs à une suspicion généralisée. Parce que les avions leur ouvrent des tentations de fuite, ils ne se déplacent qu'accompagnés d'officiers de sécurité chargés de prévenir les défections et de les éloigner de tout contact suspect. Selon les experts militaires, l'état de la marine est à l'avenant, certains le juge lamentable. Environ 18 000 personnes composent une marine basée à Bandar Abbas équipée de trois sous-marins russes Kilo, trois frégates et deux corvettes, datant de plus de 40 ans, donc périmés. On ne connaît pas de navires modernes et la maintenance des anciens bâtiments laisse à désirer. L'Iran a bien annoncé en 2007 la sortie d'un nouveau navire de ses propres arsenaux, le Jamaran, mais il s'agit d'une amélioration de la frégate lance-missiles Kaman, d'origine française, acquise dans les années 1970 avec une technologie dépassée.