Les bruits de bottes autour de l'Iran se font de plus en plus nombreux, et comme pour ce fut le cas avant la guerre contre l'Irak. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a même nommé Robert Einhorn, conseiller spécial pour la non-prolifération et le contrôle des armes, en tant que coordinateur américain pour la mise en œuvre du régime de sanctions à l'encontre de l'Iran. L'Arabie saoudite ne permettrait pas aux bombardiers israéliens de traverser son espace aérien pour frapper les sites nucléaires iraniens. C'est ce qu'a déclaré le prince wahhabite Mohammed Bin Nawaf de Londres où il est ambassadeur, démentant la nouvelle donnée par le Sunday Times. L'alarme d'une frappe contre Téhéran n'est pas moins stoppée. Personne à Washington n'a démenti l'information, venant du Pentagone, que l'attaque israélienne contre les sites nucléaires iraniens a été “planifiée en accord avec le Département d'Etat états-unien”, et qu'un autre corridor aérien est prévu pour détruire le site de Bushehr. La chasse israélienne traversera la Jordanie, l'Irak et le Koweït… Au-delà de ces “fuites”, de nouveaux faits, avérés ceux-là, qui démontrent que les préparatifs d'une attaque contre l'Iran s'intensifient. Douze navires de guerre américains et israéliens, dont deux porte-avions, ont franchi le canal de Suez vendredi dernier et se dirigeaient vers la mer Rouge, itinéraire le plus direct vers le golfe Persique depuis la Méditerranée. L'objectif serait d'acheminer des troupes, des munitions et des véhicules blindés, dans le cadre d'ultimes préparatifs avant d'engager un conflit militaire avec l'Iran. Les médias internationaux n'ont pas trop insisté sur cette information, pourtant confirmée par le journal israélien Haaretz, qui a indiqué que plusieurs milliers de soldats égyptiens avaient été déployés le long du canal de Suez, pour veiller à la sécurité du passage de l'armada israélo-américaine. Des membres de l'opposition égyptienne ont critiqué le gouvernement Moubarak pour sa coopération avec les Etats-Unis et les forces israéliennes, autorisant le passage de leurs navires de guerre dans les eaux territoriales égyptiennes. Des députés du parti des Frères musulmans ont indiqué qu'ils considéraient l'événement comme une allégeance de plus du président Hosni Moubarak envers l'Etat juif et les Etats-Unis, avertissant le régime qu'ils ne comptaient pas rester les bras croisés pendant que leur pays collabore à une guerre contre l'Iran. Tout semble découler d'un plan concocté depuis quelques mois à Washington. Le ministre israélien de la Guerre a obtenu du Pentagone d'autres grosses fournitures militaires. Les stocks d'armes dont les Etats-Unis disposent en Israël ont été augmentés de 50% depuis décembre dernier, sur décision de l'administration Obama. Comme le rapporte Haaretz, quotidien de Tel-Aviv, ces dépôts contiennent des missiles, des bombes, des munitions pour l'aviation, des véhicules blindés et autres armements, et qui sont également à la disposition des Israéliens. Et si cela ne suffit pas, les armées des deux pays pourront puiser à loisir dans le méga hub militaire des Américains de Camp Darby, la base logistique de l'US Army, en Italie, entre l'aéroport militaire de Pise et le port de Livourne. D'après le Global Security, la 31e Escadre d'approvisionnement de la base est responsable aussi des dépôts situés en Israël, qui constitue à vrai dire la succursale de Camp Darby qui a approvisionné les forces israéliennes pour ses attaques contre le Liban en 2006 et deux années plus tard contre Gaza. Et en cas de rupture de stocks, Camp Darby pourra toujours s'approvisionner de la base états-unienne de Diego Garcia, dans l'océan Indien, où ont été récemment transférés des bombardiers B-2 capables de franchir les défenses anti-aériennes. Selon le Centre d'études internationales de l'université de Londres, ces forteresses volantes sont prêtes à détruire 10 000 objectifs en Iran en quelques heures ! Et, derrière ses déclarations de guerre, d'autres bruit de bottes de l'Arabie saoudite où l'on apprend que ses 150 chasseurs-bombardiers F-15 fournis par Boeing sont en train d'être équipés avec les technologies les plus avancées qui les rendront plus efficaces dans les attaques nocturnes et pleinement interopérationnelles avec les forces aériennes états-uniennes. Cette intense fébrilité est intervenue dans la semaine qui a suivi les nouvelles sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU à Téhéran. Le Conseil de sécurité a voté le 9 juin à l'imposition d'une quatrième série de très larges sanctions contre la République islamique d'Iran, qui comprennent un embargo sur les armes ainsi que des “contrôles financiers plus sévères”. Par une amère ironie, cette résolution a été adoptée dans les jours suivant le refus catégorique du Conseil de sécurité des Nations unies d'adopter une motion condamnant Israël pour son attaque sur la Flottille de la liberté pour Gaza dans les eaux internationales. Et le plus grave est que cette résolution 1929 est basée sur un mensonge fondamental : elle défend l'idée que l'Iran est une puissance nucléaire à venir et une menace pour la sécurité mondiale, fournissant le feu vert à l'alliance militaire Etats-Unis-OTAN-Israël pour se prémunir contre la bombe iranienne.