La question de l'usage que la Grèce fera de ce plan reste cependant posée, tout autant que celle de ses capacités à résorber 300 milliards d'euros de dette. Un porte-parole du gouvernement allemand a indiqué qu'une réunion des dirigeants de la zone euro serait nécessaire pour mettre en œuvre le plan. Un porte-parole de la Commission européenne a cependant assuré qu'il ne serait pas nécessaire d'organiser «un grand sommet à Bruxelles». Quoi qu'il en soit, l'annonce du plan, diffusée dimanche soir, a permis de faire baisser le coût des emprunts grecs et a dopé les valeurs bancaires à la Bourse d'Athènes. L'euro est monté jusqu'à 1,3691 dollar, son meilleur niveau depuis la mi-mars, avant de refluer pour se traiter autour de 1,3575 vers 17h GMT. L'écart entre la prime exigée par les investisseurs pour détenir des emprunts de l'Etat grec et celle pour les obligations souveraines allemandes, référence dans la zone euro, s'est réduit de 60 points de base (pdb) à 347 pdb. Une adjudication dans de bonnes conditions Le rendement des emprunts grecs à 12 mois a perdu 268 points de base à 5,28 %, avant de remonter légèrement à 5,39 %. Cette situation suggère que les investisseurs estiment que le risque d'un défaut à court terme s'éloigne. L'accord devrait dans l'immédiat permettre à la Grèce d'adjuger, hier, à des conditions satisfaisantes 1,2 milliard d'euros d'obligations. «Les rendements des emprunts à trois, six et douze mois sont revenus autour de 4,5 % à 5,5 % contre 7 % à 7,5 % vendredi. Il y a eu des transactions à la fois sur l'offre et la demande. Les rendements de l'offre de demain devraient être dans cette zone», prédit un négociant d'une banque grecque. A la Bourse d'Athènes, dont l'indice a clôturé en progression de plus de 3,5 %, les bancaires ont fait un bond de plus de 5,65 %, tandis que leurs homologues européennes n'ont gagné que 0,84 %. Globalement, les marchés d'actions européens ont toutefois effacé leurs gains initiaux et fini la séance quasiment inchangés. Pas d'illusion «Le plan de soutien à la Grèce adopté au cours du week-end doit permettre de garantir qu'elle est capable de répondre à ses obligations au cours de l'année à venir, mais il n'offre aucune garantie sur sa solvabilité à long terme», a commenté Ben May de Capital Economics. Alessandro Profumo, l'administrateur délégué d'UniCredit, troisième banque de la zone euro, a, en revanche, estimé sur Reuters Insider que «cela a été une intervention très importante». «A mon avis, le risque de contagion est beaucoup moins élevé aujourd'hui», a-t-il dit. Selon un responsable du ministère grec des Finances, le montant total du programme annoncé dimanche pourrait aller jusqu'à 80 milliards d'euros, dont 40 milliards la première année. Le Fonds monétaire international fournirait 10 milliards d'euros et les pays de la zone euro 30 milliards, à des taux proches de 5 % selon le type de prêt. Un porte-parole du gouvernement allemand a réfuté le terme de sauvetage d'urgence, précisant que si tel avait été le cas, le Bundestag aurait été consulté. Il a chiffré à 8,4 milliards d'euros le montant que l'Allemagne pourrait mettre sur la table si la Grèce décidait de recourir au programme. L'Espagne a de son côté indiqué qu'elle pourrait apporter 3,6 milliards d'euros.