Dans le cadre de cette première réforme, deux licences de téléphonie mobile GSM ont été attribuées à deux opérateurs étrangers. Mais, au cours de cette même décennie, les bouleversements technologiques n'ont jamais cessé de converger les activités des sociétés des télécommunications, qui sont suivies par les régulateurs, à celles des télédiffuseurs, considérés comme faisant partie des secteurs de la communication et de la culture. Les nouveaux médias sont, en effet, gérés par les opérateurs de télécommunications. Ils permettent au contenu multimédia interactif d'être visionné en ligne ou sur des appareils portables. Ce qui complique davantage la tâche du régulateur dans la mesure où la distinction entre les deux profiles ne sera plus possible. En Algérie, l'Internet haut débit n'est toujours pas réglementé, la diffusion, à travers cette Toile, de contenus audiovisuels permet de promouvoir une culture de masse. Lorsque ce service sera disponible chez un des opérateurs étrangers, qui choisira le contenu des programmes ? L'opérateur ou une autre entité ? L'essentiel est que les programmes doivent refléter nos valeurs culturelles. Donc, les dirigeants des différentes sociétés doivent être algériens. Faut-il alors revoir les textes juridiques régissant l'activité générale des télécommunications filaires et radiomobiles en Algérie ? La réponse est probablement oui. En effet, en plus du fait que la régulation des télécommunications doit être claire, concurrentielle et génératrices de revenus économiques pour le pays, le contrôle doit demeurer aux mains des autorités gouvernementales algériens. Que dire de la législation actuelle ? Elle est trop facile et incomplète. Une clarification des règles des investissements étrangers dans le secteur des télécommunications s'avère nécessaire. Aucun lobby étranger ne devrait être autorisé à détenir, directement ou indirectement, plus de 49 % des actions votantes d'une société de télécommunications de droit algérien détentrice ou non d'une licence de vente des services télécoms vocaux ou data. Le pouvoir décisionnel doit rester en sol algérien. Il faudra donc trouver un support juridique, spécifique aux télécommunications, qui veillera à ce qu'aucun groupe de pression étranger n'ait le contrôle de fait, d'une entité de droit algérien, que ce soit en matière de politique de tarification, de marketing, de ressources humaines, d'édition de contenus, ou encore de télécommunications. Trouver un terrain d'entente entre l'accroissement de la concurrence dans ce secteur et l'interdiction d'une propriété étrangère majoritaire devient alors une priorité absolue à la nouvelle politique économique du gouvernement baptisée «patriotisme économique». Il n'est plus logique d'avoir deux ensembles de règles destinés respectivement à l'activité commerciale et à celle des télécoms, en raison de la mutation que sont entrain de subir les services assurés par les compagnies des télécommunications. Historiquement, l'activité principale d'une société de télécommunications concernait le traitement et le transport via des câbles et en mode analogique, du flux téléphonique ainsi que le trafic data. Aujourd'hui, la technologie du numérique permet à un opérateur de télécoms d'offrir, en plus des services téléphoniques dotés d'une bonne intelligibilité vocale, des services multimédia multilingues, fournis à travers des réseaux intelligents filaires et sans filaires totalement numériques. On a bien vu, chez nous, un opérateur étranger de téléphonie mobile passer du «statut» de vendeur d'unités téléphoniques à celui d'éditeur et distributeur de contenus «journalistiques» conçus uniquement en mode texte faute de disponibilité de technologie de distribution plus performante. En plus, sans aucune légalité juridique. Editer un contenu n'est pas du sort du «Télécom», mais celui de l'entité «communication». C'est pourquoi, les nouvelles règles doivent faire aussi une distinction entre le contenu et la distribution.