Le Premier ministre français a rencontré les députés UMP à l'Assemblée nationale pour préciser le calendrier qu'il envisage pour ce projet de loi d'interdiction totale de la burqa et du niqab qui doit être présenté en conseil des ministres le 19 mai. «Le Premier ministre nous a dit que l'idéal serait que le texte soit définitivement adopté à la mi-septembre», a déclaré après la réunion le président du groupe UMP, Jean-François Copé. Pour tenir ce calendrier, le texte devrait être adopté fin juin ou début juillet à l'Assemblée nationale et début septembre par les sénateurs, ce qui serait très rapide. A Matignon, on souligne que ces propos rapportés par Jean-François Copé ne doivent pas être interprétés comme signifiant que François Fillon a d'ores et déjà décidé de demander l'urgence pour le vote du projet de loi. La procédure d'urgence, rebaptisée «procédure accélérée» en 2009, permet de faire adopter des lois rapidement, chaque assemblée n'examinant le texte qu'une seule fois. L'opposition de gauche estime que le gouvernement en abuse. François Fillon n'exclut pas de demander l'urgence mais n'annoncera son choix que le 19 mai, comme il l'a dit lundi aux présidents de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, et du Sénat, Gérard Larcher, souligne-t-on dans son entourage. Avant la présentation de la loi d'interdiction totale du voile intégral, voulue par Nicolas Sarkozy, le Premier ministre souhaite consulter les dirigeants religieux et politiques. Bernard Accoyer et Gérard Larcher, opposés à la procédure d'urgence, ont d'ailleurs eu le sentiment d'être entendus lors de leur rencontre avec le Premier ministre. Jean-François Copé, soucieux d'aller vite en besogne, a dit qu'il ne faisait pas une «affaire» de la procédure d'urgence et qu'il adhérait au calendrier souhaité par le gouvernement. «J'ai recommandé à mes amis du gouvernement d'aller le plus rapidement possible, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas consulter (...) parce que j'ai noté que 70% des Français sont contre le port du voile intégral», a-t-il expliqué. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a indiqué hier que ses députés pourraient voter la loi si la procédure d'urgence n'était pas enclenchée et si l'on prenait les précautions nécessaires pour éviter que le texte soit censuré par le Conseil constitutionnel.»Si les conditions préalables que nous mettons sont prises en considération, alors nous n'excluons pas de voter une loi à condition qu'on puisse en débattre, qu'on nous donne le temps d'en débattre. Il faut créer la concorde républicaine sur un texte de cette nature», a-t-il dit lors d'un point de presse. Le Conseil d'Etat a émis des doutes sur une loi d'interdiction totale du voile intégral, qui pourrait contredire certains principes, comme la liberté de conscience. Après les représentants des communautés juive et musulmane de France, François Fillon recevra dans la semaine le président de la Conférence des évêques de France, le cardinal André Vingt-Trois, et le président de la Fédération protestante de France, le pasteur Claude Baty. Il demandera la semaine prochaine aux dirigeants des partis politiques leur avis sur cette loi, que la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a pour mission de rédiger. Lundi matin, le Conseil français du culte musulman (CFCM), défavorable au voile intégral comme à une loi interdisant son port, a déploré auprès du Premier ministre un climat de stigmatisation de l'Islam.