Le patron des députés du parti au pouvoir peut jubiler et papillonner d'une chaîne de télévision à une autre. Jean-François Copé ne cache pas sa joie. Paris. De notre bureau Sous sa pression, l'Assemblée a adopté la loi contre la burqa, son cheval de bataille depuis des mois. Pour les internautes, celui qui se présente comme le probable successeur de Nicolas Sarkozy est cet homme qui trouve hilarante la douteuse blague du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, sur les Auvergnats. Le soir des résultats des régionales, il explique l'échec de son parti, sous le regard étonné des journalistes, par la burqa (première phrase) et prône le retour aux fondamentaux. Quels sont donc ces fondamentaux de la droite décomplexée française ? Si la formule est assez confuse, elle passe apparemment par une loi sur l'interdiction du voile intégral. Le texte adopté par les députés prévoit l'interdiction du port du voile intégral dans tout l'espace public, avec, à la clef, une amende de 150 euros accompagnée ou non d'un stage de citoyenneté en cas de refus. En outre, toute personne obligeant une femme à porter le voile sera passible d'une peine d'un an d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. Un amendement socialiste, qui a été adopté, double ces peines lorsque la personne contrainte est mineure au moment des faits. Ces sanctions n'entreront en vigueur que six mois après la promulgation du texte, le temps de mener une « démarche de dialogue et de persuasion auprès des femmes portant volontairement le voile intégral ». Selon les autorités, environ 2000 femmes portent le voile intégral en France, qui sera le deuxième pays en Europe à prendre ce genre d'interdiction, après la Belgique. Un voile, des soucis L'opposition de gauche a refusé de participer au vote, tout en étant résolument opposée au port du niqab et de la burqa. L'unité républicaine n'a pu se faire autour de ce sujet sensible, la gauche accusant le gouvernement d'attiser les tensions communautaires. L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international condamne le vote : « Une interdiction complète de la dissimulation du visage viole les droits à la liberté d'expression et de religion des femmes qui portent la burqa ou le niqab pour exprimer leur identité ou leurs croyances ». Même les Etats-Unis se sont prononcés sur ce vote. Le porte-parole du département d'Etat s'en est étonné : « Aux Etats-Unis, nous prendrions d'autres mesures pour assurer l'équilibre entre la sécurité, d'une part, et d'autre part le respect de la liberté religieuse et des symboles qui lui sont associés. Nous ne pensons pas qu'il faille légiférer sur ce que les gens ont le droit, ou pas, de porter en fonction de leurs croyances religieuses ». A quoi le Quai d'Orsay a rétorqué que la France aussi dénonce régulièrement la pratique de la peine de mort aux Etats-Unis. Par ailleurs, Un ex-candidat à la candidature à l'élection présidentielle en 2007, Rachid Nekkaz, a annoncé la constitution d'un fonds pour financer toutes les amendes de 150 euros qui auront été dressées à l'encontre des femmes portant la burqa dans la rue. Son association « Touche pas à ma Constitution », dotée d'un million d'euros, se dit « favorable à l'interdiction de la burqa dans les lieux publics mais considère, à l'image du Conseil d'Etat, que l'interdire dans la rue serait une violation des principes constitutionnels ».