La guerre contre le niqab continue. La France s'apprête, après la Belgique qui a ouvert le bal des interdictions du niqab dans l'espace public, à légiférer sur ce « tissu » qui affole Européens et Américains. La Suisse, les Pays-Bas, l'Italie s'apprêtent à leur emboîter le pas. Prochaines batailles : le port du voile, la polygamie, l'excision et l'assouplissement des conditions de déchéance de la nationalité. Sujet qui a donné lieu à des polémiques depuis des mois, la question de l'interdiction du port de la burqa dans tout l'espace public français, a atterri hier à l'Assemblée nationale. Une résolution présentée par l'UMP, le parti de Nicolas Sarkozy et cosignée par 301 députés, est en discussion. Elle stipule que ce « tissu » est «contraire aux valeurs de la République » et « attentatoire à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes ». « L'exercice de la liberté d'expression, d'opinion ou de croyance ne saurait être revendiquée par quiconque afin de s'affranchir des règles communes au mépris des valeurs, des droits et des devoirs qui fondent la société », lit-on dans le texte qui juge « nécessaire » que « tous les moyens utiles soient mis en œuvre pour assurer la protection effective des femmes qui auraient subi des violences ou des pression pour « porter un voile intégral contre leur gré ». Malgré l'avis défavorable rendu par le Conseil d'Etat en mars, le port du niqab fera l'objet d'une mesure d'interdiction totale. Les députés du PS ont annoncé depuis longtemps leur appui à cette procédure parlementaire qui n'a ni force de loi ni pouvoir contraignant. Selon Martine Aubry, la Première secrétaire du Parti socialiste, le vote pour la résolution parlementaire ne signifie pas un appui pour le projet de loi tel que la majorité l'envisage. « Nous pensons que l'interdire sur l'ensemble de l'espace public ne sera pas opérant, risque d'être stigmatisant et surtout d'être totalement inefficace car inappliqué et une loi inappliquée c'est la République qui recule », dit-elle. « Si le texte n'est pas modifié, nous ne le voterons pas mais nous déposerons un texte totalement conforme à l'avis du Conseil d'Etat », ajoute-t-elle. Cette réserve a des ses avocats même à l'UMP. « Chacun est libre dans la rue », rappelle Eric Besson, le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, estimant que « toucher à cet équilibre lui paraît risqué ». Les députés PCF ne voteront pas « oui ». Ils présentent cette résolution comme une « opération de politique politicienne qui sous-tend une stigmatisation des musulmans ». Cette résolution est une première étape. Elle précède un projet de loi qui sera discuté le 19 mai prochain par un conseil des ministres et débattu en juillet par l'assemblée nationale. « La résolution, c'est pour expliquer. La loi, c'est pour agir », déclare Jean-François Copé pour justifier les deux étapes. Dans le projet de loi qui sera adopté au plus tard en septembre, il sera dit explicitement que « nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage » sous peine d'une amende de 150 euros après une « période de six mois ». En cas de non-paiement, une saisie sur salaire ou sur prestations sociales pourrait être ordonnée. Contrairement à la résolution, ce texte qui vise à enrayer un accoutrement qui concerne 2000 femmes dans l'Hexagone, ne fait pas le consensus ni chez les politiques ni chez la société civile. Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman, souhaite que la résolution porte sur tous les « intégrismes ». Le processus d'interdiction du niqab est en marche en France où chaque femme devra aller visage découvert.