Avec cette décision, les pouvoirs publics contrôlent désormais 80 % de la production nationale d'électricité et, a expliqué Morales, visent à un contrôle complet de ce secteur. «Les services de base ne peuvent être gérés par le privé», a dit Evo Morales lors d'un discours prononcé à Cochabamba, dans le centre du pays. «Nous sommes ici pour nationaliser toutes les centrales hydroélectriques qui étaient naguère la propriété de l'Etat, pour nous conformer à la nouvelle Constitution de l'Etat bolivien», a-t-il souligné, ajoutant : «Nous sommes en train de reprendre l'énergie, la lumière, pour tous les Boliviens.» Sont, notamment, concernées Corani, qu'Inversiones Ecoenergy Bolivia, filiale de GDF Suez, contrôle à 50 %, ainsi que Guaracachi, dont le groupe britannique Rurelec PLC détient 50 % du capital. L'Etat dédommagera les investisseurs Peu avant la confirmation du décret pris par Morales, le chef de la police bolivienne avait annoncé que les forces de police avaient pris le contrôle de trois entreprises de production. «Nous sommes intervenus en application d'un décret présidentiel», avait ajouté Oscar Nina, citant, outre la filiale de GDF Suez, les entreprises Valle Hermoso, propriété d'une société holding bolivienne, et Empresa de Luz y Fuerza Eléctrica de Cochabamba (ELFEC), qu'avait racheté un groupe de salariés après le désengagement de la société états-unienne PPL Corporation. Corani, Guaracachi et Valle Hermoso sont les principaux producteurs d'électricité de Bolivie. Ils sont apparus dans les années 1990 à la suite de la privatisation de l'ENDE, l'Empresa Nacional de Electricidad. Cette nationalisation, décrétée en cette journée symbolique du 1er Mai, Fête internationale du travail, approfondit la stratégie que mène Morales depuis son arrivée au pouvoir, en janvier 2006, pour renforcer l'emprise des pouvoirs publics sur l'économie. «Une nouvelle fois, comme toujours un 1er Mai, nous récupérons des entreprises qui avaient été privatisées durant vingt années de gouvernements néo-libéraux», a ajouté Morales. Il a précisé que le gouvernement avait tenté en vain de convaincre les propriétaires de ces entreprises de vendre des parts à l'Etat. «Il est de l'obligation de l'Etat de dédommager les investisseurs pour leurs avoirs», a-t-il ajouté. Le Président bolivien a déjà procédé à des nationalisations d'entreprises dans les secteurs des hydrocarbures, des mines et des télécommunications. «GDF Suez respecte toujours la législation des pays où elle est active tout en défendant ses intérêts», a réagi à Paris une porte-parole du groupe français.