La nouvelle orientation économique depuis 2009 du retour au tout-Etat ne saurait signifier la fin de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché, l'Etat propriétaire gestionnaire étant le principal investisseur par la dépense publique via les hydrocarbures, avec une corruption généralisée inégalée depuis l'indépendance politique accentuant le divorce Etat-citoyens, le fondement du fonctionnement de l'économie algérienne étant la logique rentière, des liens entre bureaucratisation et extension de la sphère informelle avec des institutions et une intermédiation informelle existant des liens dialectiques entre les tenants de la rente avec des recompositions sociales à la fois contradictoires et solidaires et cette sphère, tous deux mus par l'accumulation du capital argent, à ne pas confondre avec l'accumulation du capital fondé sur l'investissement productif, une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère, n'existant pas une véritable politique salariale, un dépérissement tant de l'entreprise privée que publique, l'assainissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1991/2010 sans résultats probants, les infrastructures n'étant qu'un moyen, montrant une allocation financière non optimale et donc un gaspillage des ressources. Se pose donc cette question stratégique vitale : un changement de ministres résoudra-t-il ces problèmes stratégiques et continuer dans la gouvernance actuelle est-elle la solution au vu de l'expérience de la crise mondiale de l'endettement par la dépense publique et surtout de l'expérience négative qui a misé sur les infrastructures ? La crise grecque, car que représente cette somme modique de 150 milliards de dollars de réserves de changes en Algérie dues aux hydrocarbures et un produit intérieur brut (PIB) de 160 milliards de dollars face à une dette extérieure grecque de 300 milliards d'euros, mais incluse la dette interne des industries et des institutions publiques envers les banques privée de l´ordre de 200 milliards, celle des ménages de 400 milliards ; nous aurons 900 milliards d'euros, soit plus de 1100 milliards de dollars au cours du 10 mai 2010 alors que le produit intérieur brut n'est que de 290 milliards de dollars, ce qui devrait faire réfléchir les autorités algériennes si l'on veut éviter des tensions sociales explosives à l'horizon 2020 car tout est tiré en Algérie par la dépense publique qui a montré ses limites sous d'autres cieux. L'endettement extérieur (il reste 4 milliards de dollars pour le principal fin en avril 2010 avec un service de la dette inférieur à 1 milliard de dollars) et la dette publique intérieure (moins de 1 milliard de dollars) ont été épongés artificiellement par les recettes des hydrocarbures et non par le travail. Nous avons assisté à des taux de croissance en hausse et des taux de chômage en baisse artificiels. Pour preuve, il n'existe pas de corrélation entre les dépenses publiques (200 milliards de dollars entre 2004 et 2009), malgré la dévaluation du du dinar (moins de 3% d'exportation hors hydrocarbures), montrant que le blocage est d'ordre systémique et le taux de croissance inférieur à 3 % pour cette période montrant un gaspillage des ressources rares car ces dépenses auraient dû occasionner un taux de croissance supérieur à 9 % comparé à des pays similaires, s'agissant d'éviter de vendre des illusions de 5/6 % de taux de croissance hors hydrocarbures car plus de 80 % de ces segments sont irrigués par la dépense publique via la rente des hydrocarbures (secteurs privé et public) ne restant moins de 20 % d'entreprises véritables créatrices de richesses. Qu'en sera-t-il des dépenses monétaires de 280 milliards de dollars, alors qu'ils étaient prévues 150 milliards entre 2010 et 2013 sans vision stratégique et sans mécanismes de régulation où la corruption risque d'être multiplié par deux ? L'avenir dépend donc d'une vision dynamique à moyen et long terme et non de cette vision statique suicidaire pour le pays : nous avons les recettes des hydrocarbures, on n'a besoin de personne et en 2015/2020, on verra. En fait, si la moralité et l'efficacité des femmes et des hommes chargés de diriger la Cité sont importants, rien ne sert de les changer si l'on ne change pas fondamentalement le fonctionnement du système, les mêmes maux provoquant les mêmes problèmes qui, avec le temps, s'amplifient car le défi des gouvernants du XXIe siècle est la maîtrise du temps. Fondamentalement, le blocage se situe dans la gouvernance, l'Etat devant éviter de pondre chaque fois des lois que contredisent les pratiques quotidiennes, posant la problématique à la fois du rôle de l'Etat et de sa refonte sur des bases démocratiques tenant compte de son anthropologie culturelle au sein d'une économie de plus en plus globalisée et de l'Etat de droit, atténuer le terrorisme bureaucratique, réformer le système financier sclérosé ( lieu de distribution de la rente des hydrocarbures), un système socio- éducatif mieux adapté aux bouleversements mondiaux et résoudre l'épineux problème du foncier.